«Désormais, il est à espérer que les travaux de nettoyage des sites débutent sans tarder»
Experts et militants antinucléaire de premier plan, Jean-Marie Collin et Patrice Bouveret, dont nous avons recueilli la réaction, considèrent la création de l’agence algérienne de réhabilitation des anciens sites nucléaires français comme une «bonne nouvelle pour les populations du Sud algérien» et une marque de la «concrétisation d’une volonté politique de ne plus laisser les sites en l’état» de la part de l’Etat algérien.
Aussi, pour Jean-Marie Collin, porte-parole de la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), «l’Algérie a toujours été un Etat acteur de la scène diplomatique internationale du désarmement et de la non-prolifération nucléaire». «En participant aux négociations à l’ONU et en signant, le 7 juillet 2017, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), Alger s’était engagée à travailler plus activement sur ce sujet sensible des anciens sites d’essais nucléaires», nous a déclaré l’expert. Et il précise que le TIAN comporte un article (n°6) intitulé : Assistance aux victimes et remise en état de l’environnement. «La création de cette agence ouvre donc la porte à Alger pour ratifier le TIAN et remplir ses obligations. Une question se pose : l’Algérie va-t-elle profiter du quatrième anniversaire du Tian pour franchir ce dernier pas ?»
Pour Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements, l’annonce de la création de cette agence est «la concrétisation d’une volonté politique de ne plus laisser les sites en l’état». «C’est donc une bonne nouvelle pour les populations qui vivent près des zones affectées par les 17 essais nucléaires réalisés par la France entre 1960 et 1966.» «La publication de ce décret arrive à la suite d’une communication du ministère des Affaires étrangères français, en accord avec les autorités algériennes, de la tenue (25 mai) d’une réunion du groupe de travail franco-algérien sur les essais nucléaires. Un groupe dont la mission est d’examiner la réhabilitation des anciens sites d’essais nucléaires au Sahara. Désormais, il est à espérer que les travaux de nettoyage des sites débutent sans tarder.»
*Patrice Bouveret et Jean-Marie Collin ont coréalisé l’étude «Sous le sable, la radioactivité ! Les déchets des essais nucléaires français en Algérie. Analyse au regard du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires», publiée par la Fondation Heinrich Böll, 2020 (disponible en langue arabe)