Colère populaire grandissante contre l’Autorité palestinienne
Le ministre palestinien du Travail, Nasri Abou Jeich, a démissionné de son poste, a indiqué, hier à l’AFP, un membre de son parti, sur fond de colère populaire grandissante contre l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas appelé à quitter le pouvoir.
La mort, jeudi, du militant des droits humains, Nizar Banat, lors de sa détention par l’Autorité palestinienne, a suscité une vague d’indignation en Cisjordanie occupée. Pour le quatrième jour consécutif, des manifestations étaient prévues hier en soirée à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, et à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, où résidait Nizar Banat. Le rassemblement qui s’est tenu samedi à Ramallah a été émaillé de heurts entre les protestataires et les forces de l’ordre mobilisées en masse, qui ont riposté aux jets de pierres des manifestants par des tirs de grenades lacrymogènes.
«Le Parti du peuple palestinien décide de se retirer du gouvernement palestinien en raison de son manque de respect des lois et des libertés publiques», a déclaré hier Issam Abou Bakr, membre du comité central de cette formation autrefois communiste. En conséquence, le ministre du Travail, Nasri Abou Jeich, ancien diplomate né en 1967, démissionne de son poste, a indiqué M. Abou Bakr à l’AFP. «La décision a été prise par le bureau politique du parti il y a trois jours, et le comité central l’a approuvée», a-t-il précisé.
Le militant Nizar Banat, 43 ans, était connu pour ses vidéos postées sur les réseaux sociaux critiquant l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qu’il accusait de corruption. Sa famille accuse les forces de sécurité palestiniennes de l’avoir «assassiné». Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a annoncé l’ouverture d’une enquête. Nizar
Banat avait été candidat sur une liste d’indépendants aux législatives palestiniennes qui devaient se tenir en mai avant d’être reportées sine die par Mahmoud Abbas, 86 ans, dont le mandat devait se terminer en 2009. Les dernières élections dans les Territoires palestiniens remontent aux législatives de 2006, date à laquelle les tensions entre le Fatah laïque de Mahmoud Abbas et le mouvement islamiste Hamas avaient mené à des affrontements armés et à une scission géographique du pouvoir entre l’Autorité palestinienne, en Cisjordanie occupée, et le Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza.