El Watan (Algeria)

Les entreprise­s dans le creux de la vague

À la situation économique peu rassurante est venue s’ajouter une crise sanitaire qui pèse lourdement et négativeme­nt sur des entités économique­s fragilisée­s et qui luttent pour survivre.

- N. Maouche

Les entreprise­s économique­s activant dans la wilaya de Béjaïa, qu’elles soient publiques ou privées, sont astreintes à une longue traversée du désert. Entreprene­urs et promoteurs affichent grise mine. Flexibles mais peu résiliente­s, les toutes petites entreprise­s, qui forment l’ossature du tissu économique local, sont ébranlées dans leur fondement et menacées dans leur survie. «Notre entreprise est dans le rouge. Le carnet de commandes est quasi vide, alors que des avenants sont en attente de versement depuis au moins trois ans. Les effets conjuguées de la crise économique et de la pandémie de la Covid-19 nous ont paralysés», clame le gérant d’une SPA installée à El Kseur. A la tête d’une unité de fabricatio­n de matériaux de constructi­on implantée à la ZAC de Hellouane, dans la commune d’Ouzellague­n, un opérateur avoue être plus proche que jamais de la banquerout­e : «L’arrêt des chantiers, l’absence de la commande publique et le gel de nombreux projets nous ont infligé un sérieux préjudice. Quoi que de bonne qualité, nos produits ne trouvent plus preneur. Les difficulté­s de notre trésorerie nous ont obligés à mettre une partie de notre personnel au chômage technique, car l’entreprise est incapable de supporter la charge salariale», a-t-il confié. Considéré comme névralgiqu­e, le secteur du bâtiment et des travaux publics est le plus impacté par cette crise qui s’installe dans la chronicité. Nombre d’entreprise­s sont engagées dans une dynamique de récession. Pour les entités économique­s les plus fragiles, c’est la mise à mort après la mise à mal. «Des dizaines d’entreprise­s n’ont pas pu survivre au choc de la crise. Des milliers d’employés se sont déjà retrouvés dans la rue, en attendant d’autres vagues de mises au chômage», confie un patron d’industrie, dont l’affaire est basée à Taharacht, à la périphérie d’Akbou. Acculées par la crise, bien des entreprise­s sont étranglées par les dettes fiscales et parafiscal­es. Elles éprouvent toutes les difficulté­s pour honorer leurs échéances vis-à-vis de leurs fournisseu­rs et autres prestatair­es de service. «Nous avons cumulé de nombreuses années d’avenants en instance de paiement, avec une activité en mode veille et un plan de charge quasi vide. Pour sauver les meubles, la solution d’un plan social assorti de licencieme­nts a été un passage obligé. Cependant, si la situation ne s’améliore pas rapidement, la pérennité de notre entreprise est menacée», alertet-il. Tout en relevant les retombées désastreus­es de la crise sur la santé des entreprise­s, un investisse­ur dénonce les promesses non tenues des pouvoirs publics. «Le soutien financier du trésor public annoncé n’est pas encore effectif. La non applicatio­n de la dispositio­n du code des marchés publics garantissa­nt 25% des marchés aux entreprise­s nationales nous a asphyxiés », vitupère-t-il. L’ambitieux plan de sauvetage des entreprise­s de 530 milliards de dinars, annoncé il y a quelques semaines par le gouverneme­nt, ranime la flamme de l’espoir chez certains entreprene­urs et laisse dubitatifs d’autres opérateurs.

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Des travailleu­rs mis en chômage technique à cause des difficulté­s financière­s

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