Une comédie musicale à la mémoire de Matoub Lounès
Ecrite par Lynda Hantour et mise en scène par Cheikh Okbaoui, cette oeuvre théâtrale restitue des haltes historiques des Amazighs en Algérie et rend hommage à toutes les victimes du combat identitaire.
Dans le cadre des festivités commémoratives du 23e anniversaire de l’assassinat du chanteur Matoub Lounès, le Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou a présenté, samedi après-midi, une pièce intitulée Hymne à l’identité. Mise en scène par Cheikh Okbaoui sur un texte de la journaliste et écrivaine Lynda Hantour, cette comédie musicale de 50 minutes «relookée», produite par l’association culturelle Ireznen, se voulait un hommage au défunt chantre de l’amazighité et de la démocratie et à toutes les victimes du combat identitaire porté par toute une génération de militants depuis les années 1940, voire bien avant. Le spectacle restitue des haltes historiques et héroïques des Amazighs en Algérie depuis des siècles. Huit comédiens, 3 filles, 5 garçons, dont un mineur, se sont relayés sur scène pour incarner les personnages de cette oeuvre qui vient enrichir le théâtre dans la langue de Mouloud Mammeri. Il s’agit de Jeddi Moh Arab en hommage à Mohand Arab Bessaoud (1924-2002), fondateur de l’Académie berbère, son fils Smaïl (Smaïl Bellache), son petitfils Koceila (chef berbère de la fin du VIIe siècle). Pour le reste des personnages, dont la distribution a été savamment orchestrée par l’équipe artistique, Tahar Dajout (écrivain, poète et journaliste assassiné en 1993), Mouloud en hommage à Mammeri, Saïd Amnadi, en guise de reconnaissance à l’infatigable militant et chercheur universitaire Saïd Chemah, Nabila pour Djahnin, la militante féministe tuée le 15 février 1995, Jeddi Massin (Ouharoun, un des premiers militants de la cause berbère). Fadhma N’ Soumer, la reine Dihya et Taous Amrouche n’étaient pas en reste dans ce formidable travail de mémoire auquel ont contribué artistiquement Fellag Malek (assistant metteur en scène), Ouahab Adel (scénographie), Sadouki Abdessamed (chorégraphie) et Waghlis (musique). THÉÂTRE DE LA MÉMOIRE… Les comédiens sont Malik Fellag, Adel Ouhab, Farrouk Mouhoub, Hocine Ouarab, Nazim Talmat Kadi, Meliza Ameddah, Mellisa Sekhi et Nacéra Boumail. Pour un coup d’essai dans l’écriture théâtrale, Lynda Hantour, native de la wilaya de Tizi Ouzou, n’a pas déçu en témoignait la standing ovation à la fin du spectacle et les messages d’encouragement des connaisseurs de ce domaine de création présents dans la salle. Licenciée en journalisme, spécialité presse écrite, Lynda Hantour est présentement éditrice et enseignante à l’université de Tamda, département sciences humaines et sociales, où elle assure le module anthropologie sociale et culturelle - Mass Média. Elle a commencé dans l’écriture il y a une vingtaine d’années avec la publication, en 2011, du premier guide touristique de la wilaya de Tizi Ouzou ayant pour titre Agerruj 2. A l’occasion du 8 mars 2021, sous le pseudonyme de Wenza Dwala, elle a publié un premier roman en langue amazighe intitulé Isflan Ntudert (Les sacrifices de la vie) aux éditions Rouhnatcom. Le metteur en scène Okbaoui Cheikh, originaire de la wilaya d’Adrar, a été également applaudi pour son professionnalisme. Une valeur sure du 4e art Dz qui n’est plus à présenter ayant à son actif plus d’une dizaine d’oeuvres, en langues arabe et tamazight. Sa pièce Azzouzen (2015) a obtenu le prix de la meilleure recherche théâtrale au Festival de Babel, en Roumanie. La pièce Hymne à l’identité sera à l’affiche, mercredi soir, à Boghni, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle salle de cinéma de la localité, et jeudi au théâtre de verdure d’Aokas, à Béjaïa. A. T.