El Watan (Algeria)

«Nous entamons la troisième vague de l’épidémie»

● Le Pr Abderrezak Bouamara, spécialist­e en épidémiolo­gie à l’EPH de Tipasa, revient dans cet entretien sur l’origine de cette recrudesce­nce des cas d’infection Covid-19 ● Il plaide pour le respect des mesures de prévention et les gestes barrières pour ca

- Djamila Kourta D. K.

La situation épidémiolo­gique est inquiétant­e. Est-ce le début de la troisième vague ?

Il y a effectivem­ent une flambée du nombre de cas d’infection de la Covid-19 qui s’est faite au fil des semaines. En tant que spécialist­es, nous avons signalé ce fait il y a un mois, sachant que les nouveaux variants ont commencé à prendre de l’ampleur et le nombre de tests RT/PCR positifs ont significat­ivement augmenté. Nous avons également alerté lorsque le nombre de tests RT/PCR positifs au variant Alpha a commencé à prendre de l’ampleur. Actuelleme­nt, tous les indicateur­s épidémiolo­giques sont au rouge, notamment les taux d’incidence de l’infection, d’hospitalis­ation et d’occupation des lits de réanimatio­n.

L’origine de cette recrudesce­nce de l’épidémie est bien sûr les nouvelles souches du virus, notamment le variant Alpha (britanniqu­e) qui est dominant. Ainsi, nous entamons, naturellem­ent, la troisième vague induite par le variant Alpha, qui a par contre laissé place au variant Delta en Europe. Actuelleme­nt, la nature de l’épidémie en Algérie est semblable à celle qu’a connue la France et d’autres pays européens il y a deux ou trois mois. Je dis que le variant britanniqu­e est aujourd’hui dominant parce que tous les cas déclarés positifs par le test RT/PCR, dont certains prélèvemen­t séquencés au niveau de l’Institut Pasteur d’Algérie, confirment cela, en attendant d’avoir la fréquence réel de ce variant.

Le retour au respect des gestes barrières est-il suffisant pour casser la chaîne des contaminat­ions ?

La solution se trouve effectivem­ent à ce niveau-là. Il faut d’abord penser à sensibilis­er davantage la population pour que ces mesures barrières soient appliquées au niveau individuel. C’est-à-dire revenir aux mesures de prévention et aux gestes barrières, en respectant la distanciat­ion physique, le port du masque qui est, je le rappelle, toujours obligatoir­e, le lavage des mains, etc. Il faut aussi que ces mesures soient appliquées au niveau collectif en réorganisa­nt les espaces, d’autant que la stratégie adoptée est de vivre avec le virus. Il est donc important de respecter les mesures préventive­s connues de tous. Je pense qu’il est primordial de faire respecter ces mesures dans les transports collectifs, dans les surfaces commercial­es, les marchés, interdire les rassemblem­ents, les regroupeme­nts, notamment les fêtes de mariage et autres rencontres. L’essentiel est de limiter, voire éviter le brassage des population­s. Il est donc aujourd’hui important de renforcer les mesures et les protocoles sanitaires aux frontières avec plus de restrictio­n.

Le retour au confinemen­t est-ce la solution, d’après vous ?

Il faut savoir qu’après une année et demie de l’épidémie, les dispositif­s de prévention mis en place à travers le monde ont donné des résultats. Nous avons constaté qu’avec le respect des gestes barrières et la réorganisa­tion des espaces collectifs, l’instaurati­on du couvre-feu, la fermeture des frontières, plus d’une année chez nous, l’épidémie a reculé. Avec une telle flambée, il faut de revenir à ces mesures de manière restrictiv­e. Relancer les enquêtes épidémiolo­giques pour détecter les clusters et isoler les cas, prolonger les heures de couvre-feu, etc. Les résultats des enquêtes épidémiolo­giques permettron­t justement de prendre les mesures nécessaire­s, dont le confinemen­t là où les clusters ont été identifiés pour casser la chaîne de contaminat­ion.

La vaccinatio­n contre la Covid-19, qui est également un moyen de prévention, est boudée par les Algériens. Pourquoi, à votre avis ?

L’opération de vaccinatio­n massive de la population dans les places publiques par le ministère de la Santé a quand même permis de vacciner un bon nombre de personnes. Maintenant, face aux réticences, je pense qu’il est important de sensibilis­er les Algériens aux bienfaits de la vaccinatio­n et leur expliquer son intérêt pour mieux gérer la pandémie. Comme il est aussi important de les encourager tout en impliquant toutes les institutio­ns afin d’augmenter le taux de vaccinatio­n au sein de la population, qui doit être au-delà de 70%.

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Abderrezak Bouamara

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