Le constat critique de Louisa Hanoune
l Le Parti des travailleurs, qui commémore ses 31 ans d’existence, dénonce «les atteintes flagrantes» aux libertés démocratiques ainsi que les arrestations et l’emprisonnement «arbitraires» de militants et de cadres dirigeants de partis politiques.
Le Parti des travailleurs (PT), dirigé par Louisa Hanoune, a célébré hier le 31e anniversaire de sa création, les 28 et 29 juin 1990, par une rencontredébat sur la situation politique et socio-économique du pays. Plusieurs personnalités nationales, des représentants de partis politiques, des syndicalistes, des amis du parti, algériens et étrangers, ont participé à cette commémoration à la bibliothèque communale de Belfort. La secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, qui a présidé cette rencontre, a mis en avant les acquis de sa formation politique tout au long de plus de trois décennies de son existence. Tout en affirmant que son parti avait remporté d’importantes victoires en dépit du poids des responsabilités et des défis auxquels il avait à faire face, Mme Hanoune a rappelé le combat du PT contre les privatisations, contre le système LMD, pour la souveraineté populaire et les libertés démocratiques ainsi que son soutien à la révolution du 22 février 2019. Les cadres du parti qui se sont succédé au pupitre ont tous mis en avant les caractéristiques du PT, à savoir un parti révolutionnaire, progressiste, socialiste et démocratique, qui se bat pour des salaires décents et l’échelle noble des pensions de retraite. La leader du PT estime que «la souveraineté nationale est indissociable du respect de la démocratie et cette dernière ne peut exister sans une presse libre, une justice indépendante et des syndicats autonomes». A ce sujet, Mme Hanoune n’a pas manqué de dresser un «constat alarmant de la situation des libertés» en citant «les atteintes flagrantes aux libertés démocratiques, notamment les liberté de manifestation, liberté de réunion, liberté de circulation, liberté d’opinion, de presse…, ainsi que les multiples arrestations et emprisonnements arbitraires». La passionaria du PT dénonce à cet effet «l’acharnement des autorités contre les partis et l’emprisonnement du coordinateur du MDS, Fethi Ghares, avec des chefs d’inculpation liés ouvertement et exclusivement à son activité et expression politiques». Elle rappelle dans ce sillage «le cas Ouahid Benhalla, un autre cadre dirigeant du MDS, emprisonné pour des raisons politiques aussi vagues, dit-elle, qu’irréelles». «Fethi Ghares est le premier responsable d’un parti politique agréé qui milite pour la démocratie. Par conséquent, son arrestation et son emprisonnement constituent une dérive d’une extrême gravité, car elle matérialise une offensive sans précédent depuis mai 2019 contre le multipartisme sur le terrain de la criminalisation/ judiciarisation/diabolisation de l’action politique indépendante et de l’exercice des libertés démocratiques.» Mme Hanoune évoque également le cas du journaliste Rabah Karèche emprisonné pour ses écrits depuis plus de 2 mois. La première responsable du PT réclame la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques et d’opinion et le respect des libertés fondamentales. Elle insiste, par ailleurs, sur le fait que la révolution du 22 Février n’a pas atteint ses objectifs. «En dépit de l’interdiction de manifestation et de marches, l’état d’esprit des Algériens est toujours révolutionnaire», conclutelle. Elle en veut pour preuve les élections législatives du 12 juin dont les résultats confirment, selon elle, «la rupture avec le système». «Dans une attitude collective porteuse d’un verdict sans appel, le peuple a plaidé, ce 12 juin, pour la continuité de la révolution du 22 Février et sa vitalité. Le peuple réclame toujours le départ du système», affirme Mme Hanoune, déplorant que la question de la représentation politique nationale du peuple a toujours été posée depuis 1962. Pourquoi ? Parce que, selon elle, la résolution de cette question passe par la consécration de la démocratie du mandat dans le cadre du multipartisme politique. Lors de cette rencontre, Mme Hanoune a évoqué le danger de la remise en cause des subventions et la généralisation de la pauvreté.