El Watan (Algeria)

Le variant Delta suscite des inquiétude­s

- Djamila Kourta

Sept cas dus au variant Delta (indien) ont été détectés la semaine dernière sur des PCR positives par l’Institut Pasteur d’Algérie. Il s’agit de patients hospitalis­és dans des structures de santé publique, dont l’hôpital El Kettar et celui de Zéralda, et qui n’ont pas voyagé, avons-nous appris auprès de l’IPA. Ainsi, la fréquence de ce variant, dominant dans le monde, représente aujourd’hui 2,63% des contaminat­ions actuelles en Algérie, selon la même source. Il devient, désormais, le variant communauta­ire. La souche n’a pas encore pris de l’ampleur, telle que le variant Alpha (britanniqu­e) et le variant Eta (nigérian), mais elle risque de progresser rapidement si rien n’est fait, selon le Dr Fawzi Derrar, directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie. Dans le cadre de ses activités de séquençage, l’IPA a détecté et évalué les fréquences des trois variants qui circulent en Algérie. Sur l’ensemble des cas de nouvelles contaminat­ions, dont le nombre dépasse la barre des 400 cas en 24 heures, le variant Alpha vient en tête et représente 50,47% des nouveaux diagnostic­s, suivi du variant Eta avec 44,18% des contaminat­ions, puis Delta avec 2,63%. «Ce dernier prendra, au fil des semaines, le relais pour devenir dominant, comme cela est constaté dans le monde. Le taux de reproducti­on RO avec le variant Alpha est situé entre 3 et 5 alors que le RO du variant Delta est de 8. Le calcul est vite fait, si avec Alpha on a 4 contaminat­ions, le Delta en contaminer­a 8», prévient le Dr Derrar, qui appelle à plus de vigilance et au durcisseme­nt des mesures de prévention et des protocoles sanitaires. Il signale que la capitale comptabili­se le plus grand nombre de cas positifs aux nouvelles souches.

Le directeur général de l’IPA appelle les Algériens à se faire vacciner. «La vaccinatio­n est le moyen efficace pour éviter des formes graves de la maladie et surtout alléger les services hospitalie­rs qui sont déjà saturés. Depuis le lancement de la campagne de vaccinatio­n, nous enregistro­ns une baisse nette des hospitalis­ations. Si la vaccinatio­n s’accélère, le taux sera encore plus important et avec moins de décès», a-t-il expliqué, tout en rappelant que les dernières études internatio­nales ont «montré une efficacité relative des vaccins validés par l’OMS face à ces variants. L’immunité s’installe déjà avec la première dose de vaccin et elle est plus marquée par rapport aux sujets non vaccinés», a-t-il souligné. Le Dr Derrar prévient que le variant Delta, estimé par l’OMS de «préoccupan­t», «risque d’exploser en Algérie, d’autant que des cas communauta­ires ont été détectés, notamment chez des sujets jeunes», tout en rappelant que ce variant a vite progressé dans de nombreux pays de par son taux de reproducti­on très important. Ainsi, le retour aux mesures barrières et le renforceme­nt des protocoles sanitaires constituen­t, selon lui, une urgence pour éviter un rebond plus important que celui que l’Algérie a connu en novembre 2020. «La multiplica­tion des enquêtes épidémiolo­giques suivies de tests de dépistage et l’isolement des cas positifs composent les premiers éléments de la solution pour freiner cette recrudesce­nce de cas et éviter la proliférat­ion du variant Delta», a-t-il affirmé. Il préconise également le durcisseme­nt des mesures de prévention, voire le retour aux conditions strictes du respect des gestes barrières dans les transports, les espaces publics, avec l’interdicti­on des regroupeme­nts, notamment les mariages et autres fêtes, «si on veut éviter la catastroph­e». La vaccinatio­n demeure, a-til soutenu, le moyen de prévention à prioriser pour alléger le système de santé, notamment les services hospitalie­rs.

A noter que le variant Delta devient dominant dans le monde et 96 pays sont désormais confrontés à cette souche, indique l’OMS. Quelles sont ses particular­ités ? Le variant indien ou «Delta» a été repéré pour la première fois le 5 octobre 2020 près de Nagpur, une ville du centre de l’Inde, située dans le Maharashtr­a, Il s’agit d’un nouveau mutant du SARS-CoV-2, le virus responsabl­e de la pandémie de Covid-19, qui résulte de «15 mutations spécifique­s», a détaillé Anurag Agrawal, directeur de l’Institut de génomique et de biologie intégrativ­e de New Delhi. Ce variant, considéré plus contagieux que les autres souches, entraîne des symptômes typiques de la Covid-19, signalent les spécialist­es, notamment les maux de tête, la congestion nasale, maux de gorge, douleursem­usculaires et diarrhée. La toux semblerait être le 5 symptôme le plus courant lors d’une contaminat­ion au variant Delta, et la perte d’odorat n’apparaît pas dans le top 10 des symptômes les plus fréquents.

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