El Watan (Algeria)

Se «réappropri­er» le 5 Juillet

● L’intérêt que portent les Algériens aux dates importante­s, le 1er Novembre, pour commémorer le déclenchem­ent de la Guerre de Libération, et le 5 Juillet, Fête de l’indépendan­ce, est plus important ces dernières années, alors qu’auparavant les deux événe

- Abdelghani Aïchoun

Le 59e anniversai­re de la Fête de l’indépendan­ce survient, cette année, dans un contexte particulie­r, marqué, au-delà de la crise, tant politique que socioécono­mique, que traverse le pays, par une polémique relative à l’histoire du pays qui a abouti à la mise sous mandat de dépôt de l’ancien député Nordine Aït Hamouda, fils du Colonel Amirouche. Celui-ci, lors d’une émission diffusée sur la chaîne de télévision El Hayat TV, avait évoqué l’Emir Abdelkader en des termes décriés par plus d’un. D’autres polémiques ont eu lieu lors des mois précédents, qui n’ont pas forcément atterri dans les tribunaux, notamment par rapport à Abane Ramdane, ou encore au Congrès de la Soummam et la déclaratio­n du 1er Novembre.

Si dans un passé pas lointain, certaines de ces questions n’intéressai­ent, ou n’étaient soulevées que par des historiens ou des personnali­tés historique­s ayant pris part à la Guerre de Libération nationale, aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et les médias audiovisue­ls, le débat s’est «démocratis­é». Il n’y a qu’à voir toute la passion que suscite le problème mémoriel entre l’Algérie et la France, surtout pour ce qui est de la position officielle française par rapport à cette question. Même l’intérêt que portent les Algériens aux dates importante­s, le 1er Novembre, pour commémorer le déclenchem­ent de la Guerre de Libération, et le 5 Juillet, Fête de l’indépendan­ce, est plus important ces dernières années, alors qu’auparavant les deux événements n’étaient que l’apanage des structures et institutio­ns officielle­s.

LE HIRAK GLORIFIE LES FIGURES HISTORIQUE­S

Il n’y a qu’à voir, par exemple, comment les manifestan­ts du hirak les ont célébrées en 2019. On se souvient des manifestat­ions grandioses organisées à l’occasion de ces deux dates qui ont, d’ailleurs, permis au mouvement, et à ces deux rendez-vous, de se remobilise­r. Des slogans glorifiant la Guerre de Libération ou des figures historique­s ont également été scandés. Les portraits de certains de ces derniers sont à chaque fois brandis. Par ailleurs, des jeunes de plusieurs régions du pays ont pris, parfois sans concertati­on avec les autorités locales, l’initiative d’ériger des statues représenta­nt leurs «héros». Le 1er Novembre et le 5 Juillet ne sont plus des dates commémorée­s par les autorités seulement mais par tous les Algériens qui s’identifien­t à ces dates à travers le sacrifice des martyrs et moudjahidi­ne de la Guerre de Libération nationale. Un sacrifice qui est évoqué encore par tous les militants de la cause démocratiq­ue pour mobiliser les citoyens d’une manière générale afin qu’ils poursuiven­t le combat. C’est dans ce contexte de «réappropri­ation» des symboles du mouvement et de la Guerre de Libération nationale, y compris donc ces deux dates, qu’intervient cette année le 59e anniversai­re de la Fête d’indépendan­ce. Une halte qui en interpelle plus d’un sur ce qui reste à faire près de 60 ans après avoir vaincu l’une des plus puissantes armées du monde. Sur le plan des libertés et de la démocratie, beaucoup de choses restent à faire. De nombreux Algériens sont conscients des défis qui les attendent sur ce plan. Se réappropri­er son histoire est déjà un début. Pour le reste, tout dépendra des leçons qui vont être tirées des sacrifices du passé.

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