Le processus de rédaction de la nouvelle Constitution entamé
● La Constitution actuelle a été rédigée en 1980 sous le régime militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) ● Après la victoire du «non» au référendum de 1988 sur le maintien au pouvoir du général, ce même texte a subi des modifications.
Le processus de rédaction de la nouvelle Constitution au Chili a débuté hier avec l’installation officielle de l’assemblée chargée de l’élaborer. Elle est constituée de 155 citoyens élus à l’issue d’un processus démocratique, après des mois d’une vive contestation sociale. Cette assemblée, qui va plancher sur la nouvelle Loi fondamentale pendant neuf mois minimum, 12 au maximum, est entièrement paritaire et 17 de ses sièges ont été réservés à des représentants des peuples indigènes.
A l’issue du vote des 15 et 16 mai dernier, les nouveaux Constituants sont apparus comme très hétérogènes. Les candidats indépendants représentent 40% des élus, au détriment des listes montées par les partis traditionnels. Les représentants des partis politiques traditionnels sont minoritaires et les délibérations doivent être approuvées aux deux tiers. Parmi les membres de la Constituante, une vingtaine faisaient partie des Chiliens qui sont descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol lors de la fronde sociale qui a éclaté le 18 octobre 2019.
LA TORNADE
Ce mouvement de contestation a été déclenché suite à la hausse des tickets de métro à Santiago, le 18 octobre 2019. Malgré la suspension de cette décision et les mesures sociales proposées par le président conservateur, Sebastian Pinera, (augmentation de 50% du minimum vieillesse, cotisations des employeurs au régime de retraites, gel des tarifs de l’électricité, entre autres), la contestation a pris une autre dimension pour soulever les questions socioéconomiques et les inégalités. Elle s’est étendue à d’autres régions et a réclamé une nouvelle Constitution. Face à l’ampleur des manifestations, les partis politiques ont conclu un accord pour un référendum sur un changement de Constitution. En octobre 2020, plus de 78% des Chiliens se sont prononcés par référendum en faveur du remplacement de la Constitution en vigueur jusque-là. Celle-ci a été rédigée en 1980 sous le régime militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990). Après la victoire du «non» au référendum de 1988 sur le maintien au pouvoir d’Augusto Pinochet, ce même texte a subi des modifications. Les mesures les plus antidémocratiques ont été retirées après la fin de la dictature. Mais le modèle néolibéral imposé sous
Pinochet est aujourd’hui encore protégé par la Constitution. En effet, en 1989, est consacrée la fin de la dictature militaire, en inscrivant dans la Constitution le principe de pluralisme politique, les sièges de sénateurs à vie sont abolis et le mandat présidentiel est réduit de six à quatre ans. Entre-temps est affirmée l’activité privée dans tous les secteurs, notamment l’éducation, la santé et les retraites. Comme le rôle de l’Etat est limité.