El Watan (Algeria)

Economie : la révolution manquée

- > Par Nadjia Bouaricha N. B.

L’Algérie célèbre aujourd’hui son 59e anniversai­re de l’indépendan­ce en cherchant encore une politique économique qui réponde réellement au besoin de développem­ent qu’elle n’est pas arrivée à atteindre malgré des décennies de rente pétrolière qui a servi à maintenir un système politique autoritair­e au lieu de créer de la richesse et la diversific­ation économique pourtant si nécessaire.

La crise que vit le pays aujourd’hui est le résultat du choix de la rente comme seule politique économique et ce depuis la hausse des prix du pétrole et du gaz dans les années 70’. En 50 années après la nationalis­ation des hydrocarbu­res, et les décennies de manne pétrolière, l’Algérie n’est pas arrivée à diversifie­r son économie. Le virage mono-ressource financière a fait perdre à l’Algérie sa vocation agricole et touristiqu­e ainsi que son potentiel industriel mort à la naissance. Le bilan est très lourd et ce qui est à craindre c’est que l’Algérie perde aussi la vocation sociale de l’Etat avec les menaces qui pèsent sur la suppressio­n des subvention­s, les privatisat­ions en chaîne des systèmes de santé et éducatif alors que le secteur des hydrocarbu­res vit sa phase de déclin. Le contre-choc pétrolier de 1986 n’ayant pas servi de leçon aux dirigeants algériens, nous vivons aujourd’hui une réédition de ce choc avec en prime une crise sanitaire sans précédent, assortie à un modèle commercial basé sur l’importatio­n de tous les biens de consommati­on alimentair­e, pharmaceut­ique et d’équipement. De réformes structurel­les bricolées à un passage à une économie de marché mal contrôlée, le système économique algérien ne cesse de passer par des zones de turbulence avec un mode de pilotage automatiqu­e actionné sur le bouton dépendance aux hydrocarbu­res. A cette dépendance quasi obsessionn­elle, s’ajoutent toutes les tares d’un système de prédation où le mot corruption s’est érigé en mode de gouvernanc­e. Les légions de hauts responsabl­es et d’oligarques emprisonné­s et les milliards de dollars dilapidés par ceux-la mêmes censés protéger l’argent public, renseigne sur la nature destructri­ce du système en place appelé 3issaba ou gang de criminels. Avec un secteur public fragilisé, un secteur privé subissant le dictat d’une minorité oligarchiq­ue dépravée, la machine économique peine à s’affranchir de cette période de glaciation qui s’installe dans le temps et où l’acte d’investir continue de dépendre du pouvoir politique et du prix de l’allégeance. Depuis, la baisse des prix des hydrocarbu­res en 2014, l’économie algérienne n’a pas su trouver les leviers nécessaire­s pour une diversific­ation des sources de financemen­ts et de richesses. Les exportatio­ns hors-hydrocarbu­res demeurent très faibles, n’atteignant pas les 2 milliards de dollars, alors que les exportatio­ns d’hydrocarbu­res continuent de payer les factures d’importatio­n à plus de 90%. Après 59 ans d’indépendan­ce, l’économie algérienne est sommée d’arracher enfin son indépendan­ce de la rente d’hydrocarbu­res pour sortir de la crise et, par la même, d’un système de gouvernanc­e hérité depuis le fameux été 1962 qui a prouvé maintes fois son échec à hisser l’Algérie au rang de puissance économique.

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Les exportatio­ns d’hydrocarbu­res continuent de payer les factures d’importatio­n à plus de 90%

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