El Watan (Algeria)

Le torchon brûle

La réunion, qui devait reprendre hier à 14h GMT, n’avait toujours pas démarré à 16h GMT, signe que les tensions étaient très vives et que les deux rivaux campaient fermement sur leurs positions.

- ZHOR HADJAM

L’OPEP+ a annulé, hier, sa réunion sur la stratégie de production pour les mois à venir, suite aux différends tenaces apparus depuis jeudi, dans le cadre de la 18e réunion ministérie­lle OPEP et non-OPEP, entre l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Aucune nouvelle date n’a été convenue. L’échec des pourparler­s pourrait signifier – si aucune date de reprise des discussion­s n’est annoncée dans les prochaines heures – qu’une augmentati­on attendue de la production à partir d’août n’aura pas lieu, indiquent des analystes cités par Reuters, ce qui contribuer­ait à faire grimper les prix du pétrole bien audelà du seuil actuel.

L’alliance OPEP+, qui a réussi le pari de rester soudée, depuis le différend survenu en mars 2020 entre l’Arabie Saoudite et la Russie – les deux pays s’étant livrés à une guerre des prix préjudicia­ble pour l’Alliance –, est à nouveau en proie à de fortes tensions et joue peut-être encore une fois sa cohésion âprement recouvrée. Quelques heures seulement avant la reprise des pourparler­s, dans le cadre de la 18e réunion ministérie­lle OPEP et non-OPEP par visioconfé­rence, l’OPEP+ n’avait toujours pas résolu le différend entre l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, qui bloquait depuis jeudi un accord sur la production de pétrole. Alors que le baril de Brent s’échange au-dessus de 76 dollars, les acteurs du marché étaient dans l’expectativ­e, déconcerté­s par «le duel» que se livraient depuis plusieurs jours les deux pays du Golfe. Dans les coulisses, les tentatives de médiation d’autres membres de l’OPEP+ n’avaient pas réussi à rapprocher les points de vue. La réunion, qui devait reprendre hier à 14h GMT, n’avait toujours pas démarré à 16h GMT, signe que les tensions étaient très vives et que les deux rivaux campaient fermement sur leurs positions. Des analystes estimaient que la rupture était évidente dans des tensions diplomatiq­ues plus larges, au-delà du pétrole. Riyad a décrit son adversaire comme le seul obstacle à une augmentati­on de la production bénéfician­t du soutien de tous les autres membres de l’OPEP+.

Abu Dhabi a continué d’exiger de meilleures conditions à titre d’exception par rapport aux autres membres, arguant que l’accord proposé pour prolonger les limites des quotas jusqu’à la fin de 2022 était injuste. Le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdelaziz Ben Salmane, a signalé que les Emirats arabes unis étaient isolés au sein de l’alliance OPEP+. «C’est tout le groupe contre un pays, ce qui est triste pour moi mais c’est la réalité», a-t-il déclaré dimanche dans une interview à Bloomberg TV. Il a réitéré que la propositio­n soutenue par le reste du groupe devait être adoptée, permettant des augmentati­ons progressiv­es de la production dans les mois à venir ainsi que la prolongati­on de l’accord OPEP+ d’avril à décembre 2022. Quelques heures plus tôt, son homologue émirati, Suhail Al Mazrouei, avait déclaré que «les Emirats arabes unis sont pour une augmentati­on inconditio­nnelle de la production», estimant que la décision de prolonger l’accord jusqu’à la fin de 2022 est «inutile à prendre maintenant». Suhail Al Mazrouei a ajouté que les Emirats arabes unis rejetaient le plan d’autres membres de l’OPEP+ visant à prolonger l’accord du groupe, à moins qu’ils ne soient autorisés à avoir une base de référence plus élevée pour leurs propres réductions, selon Bloomberg. Les Emirats arabes unis sont mécontents de la base de référence à partir de laquelle leurs réductions de production sont calculées et souhaitent qu’elle soit augmentée. Abu Dhabi a investi des milliards de dollars pour augmenter sa capacité de production et affirme que sa base de référence était trop basse lorsque l’OPEP+ a initialeme­nt forgé son pacte. Le pays a également déclaré qu’il n’était pas le seul à demander une base de référence plus élevée, car d’autres, dont l’Azerbaïdja­n, le Kazakhstan, le Koweït et le Nigeria, en avaient demandé et reçu de nouvelles depuis que l’accord a été conclu pour la première fois l’année dernière. En l’absence de consensus, le prince saoudien Abdelaziz a déclaré qu’un accord de repli était en place – en vertu duquel la production de pétrole n’augmentera­it pas en août et le reste de l’année, risquant potentiell­ement une flambée inflationn­iste des prix du pétrole. Il est à rappeler que l’OPEP+ a convenu de réductions de production record de près de 10 millions de barils par jour (b/j) l’année dernière alors que la pandémie frappait. Elles se sont progressiv­ement assouplies et s’établissen­t à environ 5,8 millions de b/j.

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Le ministre saoudien de l’Energie aux côtés de son homologue des EAU
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Des tensions persistent au sein des membres de l’OPEP

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