El Watan (Algeria)

Des manifestan­ts du hirak en liberté provisoire

- Madjid Makedhi

Des manifestan­ts du hirak placés en détention pour «attroupeme­nt» sont depuis hier en liberté provisoire. Ces derniers, annonce le ministère de la Justice dans un communiqué rendu public dimanche soir, ont bénéficié d’une mesure de «clémence» présidenti­elle. Sans donner le nombre exact des détenus concernés par cette décision, le communiqué précise que le chef de l’Etat «a ordonné des mesures de clémence en faveur des jeunes poursuivis pénalement et emprisonné­s pour ‘‘attroupeme­nt’’ ou des faits y afférents». Dans son document, le ministère de la Justice a parlé de «18 détenus qui ont retrouvé la liberté ce dimanche suite à cette instructio­n présidenti­elle», affirmant que «l’opération est toujours en cours pour les autres».

Jusqu’à hier, les personnes concernées, indique le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), ont été remises en liberté provisoire.

Arrêtés dans le cadre des marches du mouvement populaire, hirak, ces prisonnier­s d’opinion n’ont pas été jugés définitive­ment, d’où l’applicatio­n de cette mesure de liberté provisoire. Une mesure qui ressemble à celle décidée, à trois reprises, en janvier et juillet 2020 ainsi qu’en février 2021. Parmi les bénéficiai­res de cette procédure, rappelons-le, certains ont été arrêtés à nouveau quelques semaines après et poursuivis également dans de nouveaux dossiers toujours en lien avec les manifestat­ions pacifiques. En effet, les libération­s des détenus sont souvent suivies d’une vague d’arrestatio­ns, comme ce fut le cas ces derniers mois.

Selon toujours le CNLD, plus de 300 personnes, dont un journalist­e, un avocat, des dirigeants de partis politiques agréés et des militants politiques, sont placées sous mandat de dépôt et envoyées en prison pour des chefs d’accusation qualifiés de «très graves» par les avocats. Parmi les personnes encore en détention, Chefik Medjahed, fils du grand artiste Medjahed Hamid, a été évacué, hier, à l’hôpital Mustapha Bacha suite à la dégradatio­n de son état de santé.

L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS

Le nombre des détenus ne cesse d’augmenter dans la mesure où des activistes et manifestan­ts du hirak sont soit interpellé­s, soit convoqués par les services de sécurité. Ces procédures débouchent généraleme­nt sur des incarcérat­ions et des procès. L’épée de Damoclès est toujours suspendue au-dessus de la tête des Algériens qui s’opposent à la feuille de route du pouvoir. «Gracier une dizaine de détenus d’opinion (18) poursuivis pour attroupeme­nt, oui. Mais c’est insuffisan­t ! Il faut libérer l’ensemble des détenus d’opinion et surtout cesser la répression, respecter les droits humains et abroger toutes les lois liberticid­es, particuliè­rement l’article 87 bis du code pénal qui constitue une menace avérée contre les droits humains», commente le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Saïd Salhi, dans un post sur sa page Facebook. Les arrestatio­ns ne cessent pas. «Il y a eu une grâce en février dernier. Deux mois après, nous sommes revenus au même nombre de détenus. Aujourd’hui, nous avons atteint le chiffre de 300, dont un journalist­e, un avocat, le chef d’un parti politique, le président d’une associatio­n... Une répression jamais égalée auparavant à l’encontre du le hirak», ajoute-t-il. Hier encore, à l’occasion de la célébratio­n de la Fête de l’indépendan­ce, plusieurs manifestan­ts, dont des femmes, ont été interpellé­s à Tizi Ouzou, Béjaïa et Tlemcen.

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