Réunion cette semaine du Conseil de sécurité des Nations unies
Fin mars dernier, le président égyptien, Abdelfattah Al Sissi, a averti que la région entourant l’Egypte connaîtrait une «instabilité inimaginable» si le barrage construit par l’Ethiopie sur le Nil menaçait «une goutte d’eau» de son pays.
Le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra, jeudi, une réunion sur,le barrage de la Grande Renaissance éthiopienne (GERD) construit par l’Ethiopie en amont du Nil, a rapporté hier l’AFP citant des diplomates. Objet d’un conflit avec l’Egypte et le Soudan qui craignent pour leurs ressources en eau. Cette session publique a été demandée par la Tunisie, membre non permanent au Conseil et représentant du monde arabe, au nom de l’Egypte et du Soudan. L’Ethiopie est opposée à cette réunion mais devrait aussi y participer.
Ces dernières semaines, le Soudan et l’Egypte ont fait parvenir à l’Organisation des Nations unies (ONU) des lettres réclamant une saisie en urgence du Conseil de sécurité. Dans sa missive, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Choukri, a relevé que les négociations sont dans l’impasse depuis avril et accusé Addis-Abeba d’avoir «adopté une ligne intransigeante par laquelle elle a torpillé l’action menée collectivement pour parvenir à un accord sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance». Le GERD, où Addis-Abeba compte édifier la plus grande installation hydroélectrique d’Afrique, est depuis son lancement en 2011 source de tensions entre le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie. Ce dernier a affirmé que l’énergie hydroélectrique produite par le barrage sera vitale pour répondre aux besoins énergétiques de ses 110 millions d’habitants. Mais l’Egypte, qui dépend du Nil pour environ 97% de son irrigation et son eau potable, le considère comme une menace pour son approvisionnement en eau. De son côté, le Soudan craint que ses propres barrages ne soient endommagés, si l’Ethiopie procède au remplissage du GERD avant qu’un accord ne soit conclu.
Le Caire et Khartoum ont exhorté leur voisin à ne pas effectuer le remplissage avant la signature d’un accord. Le sujet a fait l’objet d’environ une décennie de discussions sans qu’aucun accord ne soit trouvé. L’Ethiopie, qui a affirmé avoir opéré la première phase de remplissage à l’été 2020, a annoncé récemment qu’elle procéderait à la seconde phase avec ou sans accord.
Fin mars dernier, le président égyptien, Abdelfattah Al Sissi, a averti que la région entourant l’Egypte connaîtrait une «instabilité inimaginable» si le barrage construit par l’Ethiopie sur le Nil menaçait «une goutte d’eau» de son pays. «Personne ne peut se permettre de prendre une goutte d’eau de l’Egypte, sinon la région connaîtra une instabilité inimaginable», a déclaré le Président lors d’une conférence de presse à Ismaïlia. «Personne ne doit s’imaginer qu’il est loin de la portée de l’Egypte», a ajouté Al Sissi, en relevant que la part des eaux du Nil revenant à l’Egypte constitue «une ligne rouge». Il a toutefois affirmé qu’il «ne menaçait pas» et que son pays n’a «jamais menacé». «Mais notre réaction au cas où l’on porterait atteinte» à la part des eaux du Nil qui revient jusque-là à l’Egypte «affectera la stabilité de l’ensemble de la région», a-t-il indiqué.