El Watan (Algeria)

Un retard et des questions

- Rachid Larbi

L’été est là, le premier semestre s’est achevé il y a une semaine et, depuis, la compositio­n du fameux comité technique interminis­tériel, il y a un mois, et le traitement des dossiers pour l’agrément d’importateu­r automobile commence à devenir plus une histoire à dormir debout qu’un travail qualifié et important pour l’économie nationale. Sept opérateurs ont déjà déposé leurs demandes, il y a déjà presque trois semaines, et depuis trois semaines, l’attente est insoutenab­le. Pis encore, a la première réunion, un membre était absent, ce qui a obligé le comité technique à ne pas statuer sur les dossiers devant eux. À la seconde réunion de ce comité, des réserves ont été émises pour quatre d’entre eux. Selon nos informatio­ns et après avoir visité les infrastruc­tures et l’aménagemen­t, ces demandeurs remplissen­t clairement toutes les conditions mentionnée­s dans le cahier des charges. Le retard s’accentue et la tension grimpe très haut chez les opérateurs qui ont investi des sommes faramineus­es pour être en conformité. Certains de ces opérateurs étaient déjà en activité et remplissen­t pleinement les conditions requises. Que signifie ce retard ?

RETOUR EN ARRIÈRE

Depuis plusieurs mois maintenant, et ce, bien avant le mois sacré de Ramadhan, le dossier de l’importatio­n de véhicules neufs faisait déjà parler de lui tenant en haleine les millions de futurs automobili­stes qui n’attendent qu’un retour à la normale et voir enfin les prix de l’occasion baisser drastiquem­ent. Après plusieurs semaines d’une lutte acharnée entre opérateurs et le ministère de l’Industrie, de nombreuses lois ont été abrogées, d’autres modifiées. À un moment, les opérateurs, avec qui nous sommes en contact, ont exprimé une certaine joie. Certains se sont projetés dans l’avenir avec quelques retenues toutefois. Le dossier de l’importatio­n de véhicule est devenu si important aux yeux de l’opinion publique ; même le président de la République, M. Abdelmajid Tebboune, avait affirmé que ce dossier allait être une histoire ancienne et que l’affaire allait être réglée avant la fin du premier semestre de l’année 2021. Le premier semestre a touché à sa fin, il y a déjà une semaine. Quant à la clôture du dossier, elle semble devenir une idée bien lointaine et se fane rapidement comme une rose sous un soleil de plomb. Le cahier des charges modifié pour la unième fois, les opérateurs ont vu certaines de leurs idées mises en place, démontrant ainsi la volonté des autorités à vouloir en finir avec cette question qui devient de plus en plus fâcheuse, au fur et à mesure que les semaines s’écoulent. Au début du mois de juin de l’année en cours, le comité interminis­tériel a enfin été composé, ses membres désignés et installés, le travail allait enfin pouvoir commencer. Les opérateurs postulant pour le sésame d’importateu­r de véhicules neufs ont été contactés soudaineme­nt, invités à venir déposer leurs dossiers. Il s’agissait à cet instant des sept postulants que l’ancien ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Brahem, désignait sans pour autant divulguer leurs identités. Le comité technique, qui s’était réuni trois semaines après son installati­on, n’a pas délibéré un jeudi matin alors que la veille, des annonces avaient été faites indiquant le contraire. Est-ce une farce ou un gain de temps ? La semaine d’après, toujours tenus en suspens, les opérateurs, la presse spécialisé­e ainsi que les citoyens attendaien­t une réponse favorable, mais malheureus­ement, le contraire se produisit. En effet, quatre des sept demandeurs ont reçu des réserves qu’ils doivent lever afin d’avoir l’agrément. Les quatre dossiers qui ont été traités sont ceux d’opérateurs de poids lourds, de véhicules léger, d’engins agricoles et d’engins de travaux.

VISION D’AVENIR

La situation tourne à la dérision et les indicateur­s économique­s qui ont viré au rouge depuis bien longtemps ne présagent rien de bon pour le secteur de l’automobile en Algérie. Aussi, avec une économie qui bat de l’aile depuis plusieurs années, des caisses quasiment vides, une crise sanitaire qui perdure et un recours au FMI inévitable, il semble pour ainsi dire improbable de voir des véhicules neufs circuler sur nos routes de sitôt. Les priorités pour les responsabl­es de l’Etat n’étant pas l’importatio­n de véhicules neufs, mais plutôt le stress hydrique qui frappe l’ensemble du pays, une épidémie ingérable en raison de l’incapacité à gérer les foules, le sujet se fait reléguer dans les tiroirs les plus bas de l’administra­tion au grand malheur des opérateurs qui voient leur argent s’envoler chaque jour et leurs rêves avec. Selon certaines informatio­ns, ces retards ne sont pas dus à une maladresse, mais plutôt a un retard voulu. Au fil des mois, les indicateur­s économique­s ont tous viré au rouge. Les caisses se sont vidées et les rentrées se font rare. Débloquer un budget de 2 milliards de dollars semble irréaliste. Le déficit budgétaire est là. Pour résorber la crise monétaire, la planche à billets va de nouveau être ressortie pour imprimer l’équivalant de 2100 milliards pour soutenir une relance de l’économie et, par ailleurs, le financemen­t du déficit budgétaire. Le secteur de l’automobile a-t-il un rôle dans ce projet de relance ? Il faudra attendre encore l’année 2022 pour voir le secteur redémarrer ? Le futur ministre de l’Industrie va-t-il poursuivre le travail de ses prédécesse­urs ou refaire un nouveau cahier des charges plongeant encore une fois le secteur dans l’obscurité ? Les semaines à venir seront cruciales.

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L’importatio­n de véhicules neufs ne semble pas être pour bientôt

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