El Watan (Algeria)

«La politique du toutrépres­sif est un danger pour l’Algérie»

Intervenan­t lors d’une conférence de presse, animée hier au siège du MDS à Alger, des militants, des avocats et des responsabl­es de parti dressent un constat alarmant de la situation des droits de l’homme dans le pays qui «a gravement régressé».

-

Des militants, des avocats et des responsabl­es de partis politiques alertent sur l’attitude du régime en place et les dangers de «sa politique du tout répressif». Intervenan­t lors d’une conférence de presse, animée hier au siège du MDS à Alger, ils dressent un constat alarmant de la situation des droits de l’homme du pays qui «a gravement régressé». «La politique du tout répressif constitue un véritable danger pour l’Algérie», mettent en garde les participan­ts à ce rendez-vous, initié par des partis et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) sous le thème de «la grave escalade de la répression, marquée par l’incarcérat­ion des centaines d’Algériens, y compris des leaders de formations politiques légales». Selon eux, le régime ne fait désormais aucune distinctio­n entre les Algériens. «Il incarcère à tout-va : citoyens engagés dans le hirak, manifestan­ts, avocats, journalist­es et responsabl­es de l’opposition. Il n’est pas près de s’arrêter», dénoncent-ils. Cette politique, estime Mahmoud Rechidi, secrétaire général du PST, a un but : «Le régime ne réprime pas seulement pour réprimer, mais il le fait pour garantir sa continuité et celle de son projet rejeté par le peuple Algérien». Faisant le parallèle entre «l’escalade de la répression qui augmente à mesure que la légitimité du pouvoir chute», le patron du PST appelle à l’arrêt de la répression et à la libération de tous les détenus d’opinion, dont le coordinate­ur du MDS, Fethi Ghares. «Aujourd’hui, la priorité est à l’arrêt de la répression, à la libération des détenus et au respect des libertés», affirme-t-il. Réitérant aussi sa solidarité avec le coordinate­ur du MDS, Zoubida Assoul, présidente de l’UCP, affirme que la «politique du tout répressif nuit d’abord à l’Algérie et ses institutio­ns». «Elle ne sert même pas le régime. La répression ne réglera pas les problèmes du pays, elle ne fera que les aggraver», ajoute-t-elle, appelant à «un dialogue national sérieux».

D’autres intervenan­ts, à l’image de Me Abdellah Heboul, Me Aïssa Rahmoun, Me Mustapha Bouchachi et Ramdane Tazibt, cadre dirigeant du PT ont dénoncé l’adoption de «lois liberticid­es et illégales», en citant notamment l’amendement de l’article 87 du code pénal. «La Constituti­on est claire. Le président de la République peut légiférer par ordonnance en cas d’urgence. Pour le dernier amendement du code pénal, même s’il a été soumis au Conseil constituti­onnel, il n’est fait aucune mention au caractère d’urgence. C’est très grave. Nous nous acheminons vers un régime totalitair­e», affirme Abdellah Heboul. «Nous sommes sous une dictature», enchaîne Aïssa Rahmoune, en rappelant l’exploitati­on des ces lois pour précéder à des arrestatio­ns de militants pacifiques, comme Hamou Boumedine, Bouaziz Aït Chebib et Nouredine Aït Hamouda, en leur collant de graves accusation­s. Pour Me Saïd Zahi, «la détention provisoire qui est une exception dans la loi est devenue avec ce régime un moyen de punition avec un abus des abus du parquet». «Cette régression dangereuse de la situation des droits de l’homme ne s’est pas produite depuis l’indépendan­ce de l’Algérie. Il y a des violations de tous les droits des Algériens, y compris ceux de la communauté à l’étranger. Ce régime constitue un danger pour la continuité de l’Algérie», tonne, pour sa part, Me Mustapha Bouchachi. Devant cette situation, des appels ont été lancé pour «s’organiser et poursuivre la lutte pacifique». «Le pouvoir a joué sur la division de la société depuis l’indépendan­ce. Aujourd’hui, il est temps de faire notre bilan et de réfléchir sur la manière de traduire l’élan populaire du 22 février 2019 en un projet politique», suggère de son côté, Abdelouaha­b Fersaoui, président de l’Associatio­n RAJ.

Madjid Makedhi

Newspapers in French

Newspapers from Algeria