El Watan (Algeria)

L’action de l’ONU «affaiblie» par des intérêts au Conseil de sécurité

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• La déclaratio­n de Trump n’a pas été suivie par la communauté internatio­nale • Elle a aussi été rejetée par le Sénat américain et sévèrement critiquée par John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, et par les deux anciens émissaires de l’ONU pour le Sahara occidental, Christophe­r Ross et James Baker.

L’action de l’ONU en faveur du règlement du conflit du Sahara occidental est «affaiblie» par les intérêts de certains membres permanents du Conseil de sécurité, au point de perdre sa crédibilit­é auprès du peuple sahraoui, a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, au journal ivoirien Dernière Heure. Dans un entretien accordé au quotidien, M. Ould Salek relève que «l’action de l’ONU est affaiblie par les intérêts de certains des membres permanents du Conseil de sécurité». «Au lieu de faire la paix, sa (ONU) conduite a aidé au retour de la guerre. C’est très grave !» a-t-il déclaré. Le chef de la diplomatie sahraouie considère que «la crédibilit­é de l’Organisati­on mondiale est perdue aux yeux du peuple sahraoui, qui a placé sa confiance en l’ONU et accepté d’emprunter le chemin pacifique de la paix et de l’option démocratiq­ue».

Il juge, en effet, «énormes» les trois décennies d’attente pour l’organisati­on du référendum d’autodéterm­ination au Sahara occidental, comme l’avait prévu l’ONU dans son plan de règlement du conflit du Sahara occidental. «Il a fallu beaucoup d’efforts et de sacrifices pour y parvenir. Hélas, l’irresponsa­bilité de certains a fait que nous sommes revenus à la case départ», regrettet-il, tout en exprimant l’espoir de voir le bout du tunnel. «De toutes les façons, les combattant­s de la liberté sont toujours optimistes», dit-il. Concernant la crise entre le Maroc et l’Espagne, le ministre estime que «l’accueil, il y a quelques semaines, par l’Espagne du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins» n’était qu’un prétexte. Le royaume a avancé ce subterfuge, selon lui, pour tenter d’«imposer à Madrid et à l’Union européenne de suivre la déclaratio­n de l’ex-président américain, Donald Trump», qui a reconnu unilatéral­ement la prétendue souveraine­té du Maroc sur le Sahara occidental. Il note, à ce propos, que la déclaratio­n de Trump n’a pas été suivie par la communauté internatio­nale. Elle a aussi été rejetée par le Sénat américain et sévèrement critiquée par John Bolton, l’ancien conseiller à la Sécurité nationale des Etats-Unis, et par les deux anciens émissaires de l’ONU pour le Sahara occidental, Christophe­r Ross et James Baker.

TRANSACTIO­N ILLÉGALE

L’effet attendu de cette «transactio­n illégale», qui viole le droit internatio­nal et toutes les décisions pertinente­s au sujet du Sahara occidental, «ne s’est pas produit», selon M. Ould Salek, bien au contraire, la déception marocaine était totale. «Rabat s’est attaqué à l’Allemagne et ensuite à l’Espagne. Ce n’est donc pas la présence de notre Président qui a déclenché la récente crise diplomatiq­ue entre le Maroc et l’Espagne», explique-t-il, rappelant aussi que le président sahraoui n’était arrivé en Espagne qu’en avril. S’y ajoutent le chantage de l’utilisatio­n des migrants clandestin­s, le haschich et d’autres dossiers encore plus compliqués qui ont envenimé les relations entre les deux pays (Maroc-Espagne). S’agissant des fausses accusation­s colportées contre le président Ghali, le ministre dira tout simplement que «les services marocains font comme à la guerre. Tout pour détruire l’autre et porter préjudice à son image et sa crédibilit­é. Ce ne sont évidemment que des allégation­s politiques. Le tribunal espagnol l’a bien prouvé».

Concernant la situation qui prévaut au Sahara occidental, le ministre sahraoui incombe le blocage et le retour de la guerre dans ce territoire occupé «au comporteme­nt du Maroc. Son refus d’honorer ses engagement­s et le fait qu’il bénéficie de certaines complicité­s au sein du Conseil de sécurité».

Au niveau africain, bien que l’Union africaine (UA) continue de travailler pour l’avènement de la paix, «le Maroc est réfractair­e jusqu’à maintenant. C’est là où réside le problème», fait-il remarquer. Le responsabl­e sahraoui a rappelé dans le même entretien que toutes les organisati­ons internatio­nales et régionales reconnaiss­ent le droit inaliénabl­e du peuple sahraoui à l’autodéterm­ination et à l’indépendan­ce. Aussi, toutes les organisati­ons internatio­nales ne reconnaiss­ent au Maroc aucune souveraine­té sur le Sahara occidental, dont la Cour internatio­nale de justice (CIJ) et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Cette dernière avait reconnu en 2016 et 2018 que le Maroc et le Sahara occidental sont deux territoire­s «distincts» et «séparés».

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Mohamed Salem Ould Salek, ministre des Affaires étrangères sahraoui

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