DÉTOURNEMENT D’AUMÔNE AU VATICAN : LA PROMESSE D’UN PROCÈS RETENTISSANT
Samedi 3 juillet, la salle de presse du Saint-Siège signalait l’inculpation de dix personnes et quatre sociétés pour des faits graves : «extorsion», «corruption», «escroquerie», «blanchiment d’argent», «détournement de dons», «abus de pouvoir». Fait sans précédent, l’acte d’accusation de près de 500 pages, couronnant deux ans d’enquête, cite des personnalités proches du pape François ou qui furent ses plus proches collaborateurs, dont le cardinal Angelo Becciu, déchu des droits et devoirs liés au cardinalat en septembre 2020. La première audience de ce procès se tiendra le 27 juillet prochain. Tout commence en 2013, quelques semaines après l’élection du pape argentin. La secrétairerie d’État (administration similaire à celle du Premier ministre français) décide l’investissement de 200 millions de dollars (168,9 millions d’euros) dans Athena Capital Global Opportunities, un fonds régi par un intermédiaire italien, Raffaele Mincione. Cet argent provient du denier de Saint-Pierre, organisme qui gère les dons remis au pape pour ses oeuvres en faveur des pauvres. Il est convenu de placer 100 millions dans un immeuble détenu jadis par Harrod’s à Chelsea, quartier chic de Londres, et de répartir les 100 millions restants dans divers placements. La secrétairerie d’État est alors dirigée par le cardinal
Parolin et son substitut aux affaires générales (équivalent du ministre de l’Intérieur), Angelo Becciu, un diplomate de carrière, en poste depuis 2011. Cinq ans plus tard, Athena Capital affichait une perte de 18 millions d’euros de l’investissement du Vatican en raison de montages financiers opaques et d’intermédiaires douteux.