Les messages subliminaux de l’armée
● Le fait de baptiser ces nouvelles promotions d’officiers du nom de Mohamed Lamari n’est certainement pas un «détail» ● D’ailleurs, cela n’a pas manqué de soulever force commentaires sur la Toile.
Une cérémonie de sortie de trois promotions d’officiers a eu lieu, ce jeudi 8 juillet, à l’Académie militaire de Cherchell. La cérémonie s’est déroulée en présence du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, du chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Saïd Chengriha, du commandant des forces terrestres, le général-major Amar Athamnia, du commandant de la 1re Région militaire (RM), le général-major Ali Sidane, et du commandant de l’Académie militaire de Cherchell, le général-major Salmi Bacha. «Il s’agit de la sortie de la 14e promotion de formation militaire commune de base, la 52e promotion de formation fondamentale et la 5e promotion des officiers de la session master de l’Académie militaire après une formation de trois ans», rapporte l’APS.
Le général de corps d’armée Saïd Chengriha a prononcé, à cette occasion, une allocution où il a insisté sur le rôle proéminent de l’Académie militaire de Cherchell, véritable «colonne vertébrale du système de formation de l’Armée nationale populaire qui dote nos forces armées d’officiers qualifiés, compétents et imprégnés des principes et valeurs de la glorieuse Révolution de Novembre», a-til souligné.
Après que les promotions sortantes aient prêté serment, il a été procédé à la remise des grades et des diplômes aux majors de promotion et aux autres lauréats. «La cérémonie s’est poursuivie par la passation de l’étendard de l’Académie entre la promotion sortante et celle montante, avant que le major de la 52e promotion de la formation fondamentale ne soumette à l’approbation du président de la République la baptisation de la promotion au nom du défunt moudjahid le général de corps d’armée Mohamed Lamari», indique l’APS.
Pour le reste du programme, la cérémonie a continué avec, au menu, des parades militaires, des exercices de saut en parachute et une «exhibition des forces aériennes, avec des avions de combat». Le compte rendu de l’APS évoque, en outre, un «exercice de combat intitulé ‘‘siège et attaque d’un bâtiment abritant des terroristes’’». Par ailleurs, les hôtes de l’AMC ont pu suivre, par écran géant interposé, «des exercices démonstratifs en mer, exécutés par les forces navales, intitulés ‘‘Intervention pour interpeller un navire suspect et libération d’otages à son bord’’».
La cérémonie a été clôturée par un «hommage spécial en l’honneur de la famille du défunt général de corps d’armée Mohamed Lamari, et la signature, par le président de la République, du registre d’or de l’Académie militaire de Cherchell», nous apprend l’APS. «Le général de corps d’armée, Mohamed Lamari, dont les promotions sortantes portent le nom, est décédé en février 2012 à l’âge de 73 ans», écrit l’agence officielle, avant de rappeler le parcours du défunt. Mohamed Lamari est né le 7 juin 1939 à Alger. «Il rejoint l’Armée de libération nationale en 1960, avant de poursuivre sa carrière au sein de l’ANP après l’indépendance.» Mohamed Lamari occupera de hautes fonctions militaires. Il fut «commandant de l’Ecole technique du matériel (1968/1970), commandant de l’infanterie mécanisée (1979/1980), chef des opérations à l’état-major de l’ANP et chef du département d’exploitation et de préparation durant les années 1986, 1987 et 1988». L’APS rappelle également qu’il fut «commandant de la 5e Région militaire en décembre 1988 avant être promu au poste de commandant des forces terrestres jusqu’en avril 1992, année durant laquelle il a occupé le poste de conseiller auprès du ministre de la Défense nationale, puis général de corps d’armée, chef d’état-major de l’ANP de juillet 1993 jusqu’en août 2004, avant de prendre sa retraite». Le fait de baptiser ces nouvelles promotions d’officiers du nom de Mohamed Lamari n’est certainement pas un «détail». D’ailleurs, cela n’a pas manqué de soulever force commentaires sur la Toile. Le général Lamari était connu pour son intransigeance à l’égard de l’intégrisme, il prévenait : «Si le terrorisme est vaincu, l’intégrisme est intact.» Ce ne sont que supputations, mais il n’est pas interdit de voir dans cette symbolique un signal envoyé aux fondamentalistes religieux, ceci dans un contexte où l’on répète à l’envi que les islamistes ont repris du poil de la bête, notamment à la faveur des dernières élections législatives ou encore en observant les déclarations intempestives d’un Bengrina, l’activisme effréné de Rachad ou la condamnation d’un penseur éclairé comme Saïd Djabelkhir. Force est donc de lire dans ce choix l’expression de la détermination de l’ANP à continuer à se dresser avec force contre l’extrémisme religieux comme elle l’a fait vaillamment face au GIA et consorts dans les années 1990.