Brahim Boughali élu président
Une première dans les annales du Parlement algérien. Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), qui inaugure la 9e législature, est issu du bloc des «indépendants» et de surcroît de la ville de Ghardaïa. Elu sur la liste des indépendants «Wihda wa tadawl» (Unité et alternance), de la circonscription électorale de Ghardaïa, Brahim Boughali a été élu à la majorité absolue. Deux candidats étaient en lice: Brahim Boughali et Ahmed Sadouk de la wilaya de Chlef, représentant du parti islamiste MSP. L’élection s’est déroulée à bulletin secret et a duré pas moins de quatre heures. Boughali a récolté 295 voix contre 87 pour son concurrent, et ce, au terme de l’opération de dépouillement des 403 bulletins de vote dont 16 procurations et 21 bulletins nuls. Le plébiscite de Boughali était prévisible et même connu d’avance puisque sa candidature a fait le consensus auprès de la «majorité présidentielle» composée du FLN, des indépendants, du RND, d’El Bina et El Mustaqbal. Ce dernier qui avait désigné le député Fateh Boutouig comme candidat à ce poste, s’est rétracté à la dernière minute en décidant de soutenir le candidat choisi par le Pouvoir. Le MSP, par contre, n’a pas fait marche arrière. Il a maintenu son candidat pour le perchoir. Dans les coulisses de l’hémicycle, les députés du parti dirigé par Abderezak Makri étaient confiants. «Nous nous portons candidat à ce poste car nous avons une chance de gagner. Une élection à bulletin secret peut révéler des surprises», confiait un député de ce parti. Point de surprise. L’urne a tranché pour le candidat de l’alliance présidentielle. Un candidat qui aura à accompagner et à appliquer, le proclame-t-il, à la lettre le programme du président de la République. Né le 3 mars 1963 à Beni Isguen, dans la wilaya de Ghardaia, le désormais actuel président de l’APN, est peu connu du grand public.
Il est considéré comme l’un des artisans de la réconciliation lors des violences intercommunautaires qui avaient secoué la wilaya de Ghardaïa, il y a trois ans. Cet ancien cadre du secteur du tourisme a occupé plusieurs postes dont le dernier, le mois de juillet 2020. Il a été élu – c’est son premier mandat en tant que tel – à l’APW de Ghardaia. Lorsque l’ex-président de l’APW de Ghardaia, l’avocat Daddi Addoune Omar a été désigné sénateur dans le cadre du tiers présidentiel, M. Boughali a assuré l’intérim de la présidence de cette Assemblée de wilaya, et ce, avant de se lancer en tant qu’«indépendant», réussissant ainsi à arracher l’un des trois sièges de la wilaya. Titulaire d’un diplôme en sciences politiques, Boughali était également à la tête de la commission agriculture à l’APW de 2017 à 2020. Il était également banquier, notamment chef d’agence à la CNEP et chargé d’études à la banque el Baraka (1996/1997). Ce jeudi, avant l’élection du président de la chambre basse du Parlement, la plénière consacrée à l’installation de cette 9e législature et notamment la validation du mandat des 407 députés, a été présidée par le doyen des députés qui n’est autre que Abdelwaheb Aït Menguellet, élu indépendant de la wilaya de Tizi-Ouzou, épaulé par les deux plus jeunes nouveaux députés. Dans son discours d’ouverture prononcé dans un arabe dialectal et en tamazight, M. Aït Menguellet a appelé à rétablir la «crédibilité» de l’assemblée pour «regagner» la confiance du citoyen. «Le peuple algérien est fatigué des mensonges et de l’hypocrisie, ce qui nous amène à oeuvrer au rétablissement de la crédibilité de l’APN pour regagner la confiance du citoyen qui a tourné le dos à cette institution qualifiée dans un passé récent de ‘‘mangeoire’’», assène-t-il. Il a estimé nécessaire de travailler «dans un climat de confiance et d’entente» au service de l’intérêt du pays et «loin des intérêts personnels». Dans ce sillage, il est à signaler qu’un élu de Djelfa a perdu son mandat, et ce, en raison de ses déboires avec la justice. La commission juridique chargée d’étudier et de contrôler l’ensemble des dossiers des députés rendra aujourd’hui la liste finale des parlementaires retenus et qui auront dorénavant à jouir de l’immunité. Les nouveaux députés, beaucoup de jeunes et peu de femmes, rencontrés dans le hall de l’hémicycle, récusent le qualificatif d’«Assemblée mal élue et illégitime». Tous estiment être élus par le peuple et promettent la «rupture» avec l’ancienne législature.