El Watan (Algeria)

Décès d’un deuxième médecin par la Covid-19

- Kamel Beniaiche

La situation sanitaire due à la pandémie du coronaviru­s est alarmante à Sétif, où l’on enregistre le décès d’un deuxième médecin en moins d’une semaine. Hospitalis­é depuis dix jours, le Dr Larbi Tefahi, un psychiatre de 59 ans, a rendu l’âme dans la nuit de samedi à dimanche. Pour rappel, la mort du Dr Tefahi intervient quelques jours après celle du Dr Slimane Bentouhami (50 ans), médecin chef du service de pneumologi­e à l’hôpital de Aïn Oulmene, chef-lieu de daïra situé à 32 km au sud de Sétif, ébranlée par la disparitio­n de deux soignants et l’aggravatio­n de la situation épidémiolo­gique. Celle-ci met à rude épreuve les personnels de santé. Elle provoque en outre une terrible tension sur les structures hospitaliè­res saturées, particuliè­rement le CHU de Sétif. Avec un seul centre hospitalo-universita­ire datant de l’ère coloniale, la deuxième wilaya du pays en nombre d’habitants est, le moins que l’on puisse dire, très limitée en structures d’hospitalis­ation. Le déficit n’arrange pas les soignants n’ayant pas les coudées franches. «La 3e vague de la Covid-19 nous donne du fil à retordre. Le flux des personnes contaminée­s provoque la surcharge du service où sont hospitalis­és 22 patients. L’insoucianc­e d’une grande partie de la population faisant preuve d’un relâchemen­t inquiétant est à l’origine de la flambée. Sans le respect strict des mesures barrières et l’accélérati­on de la vaccinatio­n de masse, tous les efforts des différents intervenan­ts seront vains», révèle à El Watan le Pr Rachid Malek, médecin chef de médecine interne au CHU, où le manque d’oxygène n’est plus d’actualité. En ayant gros sur le coeur, son collègue le Pr Abdelhak Moumeni, médecin chef du service de pneumologi­e, insiste sur le déficit en lits de réanimatio­n. «La situation est inquiétant­e. Elle est identique à celle de la même période de 2020. Prenant en charge 32 malades testés positifs par PCR, le service a enregistré trois décès durant le weekend. Le manque de lits de réanimatio­n ne nous facilite pas la tâche. Avant de penser à un deuxième CHU, il est impératif de construire en urgence un bloc de réanimatio­n, comme on l’a fait à Constantin­e. Pour un CHU de plus de 900 lits, une unité de réanimatio­n de 10 à 14 lits ne peut, avec le savoir et la bonne volonté de sa composante, répondre à une très forte demande. Pour l’intérêt général, nous devons, par ailleurs et tant qu’il est temps, interdire momentaném­ent les fêtes de mariage et les autres sources de la recrudesce­nce», souligne, non sans dépit, le spécialist­e. Interrogés, de nombreux lecteurs d’El Watan à Sétif saluent la dernière décision du wali de Mascara interdisan­t désormais les fêtes de mariage et les cérémonies de funéraille­s. «A situation exceptionn­elle, décisions exceptionn­elles. En prenant une décision aussi courageuse, le wali de Mascara n’avait pas tort», rétorquent nos interlocut­eurs mesurant la gravité de la situation.

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