Les frondeurs veulent la tête d’El Baadji
Les contestataires de l’actuel secrétaire général du FLN, Abou El Fadhl El Baadji, réclament un congrès extraordinaire.
Nous ne voulons pas d’un serviteur de la îssaba à la tête du FLN. Abou El Fadhl El Baadji est contesté par les militants du parti et surtout par la quasi majorité du bureau politique et du comité central. Nous exigeons son départ dans l’immédiat», affirment plusieurs cadres et responsables de l’ex-parti unique. Les adversaires du secrétaire général du FLN ne veulent pas lâcher l’affaire. Bien au contraire. Ils comptent mener la fronde jusqu’à la tenue d’un autre congrès pour élire une nouvelle direction. Pour atteindre cet objectif, plusieurs actions sont menées sur le terrain, notamment des rassemblements, regroupements, réunions et sit-in. Ce samedi, des représentants du FLN de plusieurs wilaya, à leur tête des mouhafedhs, des chefs de Kasma, des membres du bureau politique et du comité central ont tenu à rendre visible leur colère en observant un premier sit-in devant le siège du parti. Ils ont scandé des slogans hostiles à Abou El Fadhl El Badji et ont clamé haut et fort son départ afin de récupérer le FLN, qui, de leur avis, a été dévié de sa trajectoire initiale. Les contestataires ont affirmé avoir lancé une opération de collecte de signatures contre le secrétaire général. Cette opération, selon Mohamed Yassad, membre du comité central et coordinateur du bureau provisoire, prendra fin dans les prochains jours. Installé récemment, cette instance provisoire de coordination est chargée de chapeauter ce mouvement de redressement. Si l’on en croit Tahar Kais, un autre «meneur», la contestation du secrétaire général gagne chaque jour en intensité et les résultats des législatives du 12 juin n’arrangent pas la situation pour M. El Baadji. Des figures connues du FLN vont se joindre, ditil, à leur mouvement de contestation, une réunion est prévue incessamment pour mettre au propre leur feuille de route. «Le FLN a perdu du terrain, il n’a eu que 98 sièges à l’Assemblée populaire nationale : une honte pour une formation comme le FLN. Ce personnage, proche de Amar Saadani, n’est pas légitime et de ce fait il doit impérativement partir», note M. Kais, qui convoque l’histoire et rappelle la lettre adressée au président Tebboune lui demandant de mettre un terme aux «dépassements» d’El Baadji.
Prochainement, les adversaires d’El Baadji vont introduire une demande d’autorisation auprès du ministère de l’Intérieur pour la tenue d’une réunion du comité central, un prélude pour l’organisation du congrès du parti. Mais, si le département de l’Intérieur ne répond pas favorablement à leur demande, les adversaires d’El Baadji envisagent, dans un ultime recours, d’occuper de force le siège du parti pour l’organisation de la réunion du comité central afin de destituer El Baadji de son poste. «El Baadji est indésirable au FLN et il est de notre devoir de libérer le parti de ceux qui en font mauvais usage», épilogue M. Yassad.
Faut-il rappeler que le départ du SG du FLN a été revendiqué bien avant par les caciques du vieux parti. En juin 2020, Abdelkrim Abada, coordinateur du mouvement d’authenticité et de redressement du FLN, s’était vivement attaqué au nouveau chef du FLN, plébiscité lors d’un congrès taillé, a-t-il accusé, sur mesure. «Celui qui a été désigné à la tête du FLN ne répond pas aux conditions d’éligibilité pour le poste de secrétaire général et n’a pas le strict minimum de conditions pour pouvoir militer au sein du parti», avait asséné Abada, qui avait parlé de son passé «douteux» en rappelant comment El Baadji avait été «écarté» d’un poste de chargé de mission il y a quelques années au ministère de la Justice, après une enquête d’habilitation négative et, par la suite, du poste de conseiller de Amar Saadani à l’APN, en raison, avait souligné Abada, «de soupçons de lien avec des cercles constituant une menace pour la stabilité et la sécurité du pays». «Comme M. Abada, les contestataires d’aujourd’hui ont appelé à un congrès afin d’élire un vrai secrétaire général attaché à l’Algérie et fidèle au serment des martyrs», a conclu M. Kais.
Nabila Amir