El Watan (Algeria)

La réponse du CFDA et SOS Disparus

- Nouri N.

Un mois après la diffusion de l’entretien accordé à Al Jazeera par le chef de l’Etat, deux organisati­ons, le Collectif des familles des disparus (CFDA) et SOS Disparus, réagissent en apportant la contradict­ion et donnent leur version concernant le respect par l’Etat algérien de ses engagement­s internatio­naux liés à la question des droits de l’homme. A ce sujet, Abdelmadji­d Tebboune a été catégoriqu­e en affirmant au journalist­e de la chaîne qatarie que «l’Algérie est un pays qui respecte les lois et, surtout, les lois internatio­nales» et que «l’Algérie n’a jamais fait un écart d’un millimètre sur les lois internatio­nales», et «nous écoutons et obéissons à l’Organisati­on des Nations unies.» Il n’en est rien, affirment les deux organisati­ons qui rappellent, dans un communiqué daté du 7 juillet, que «le Comité des droits de l’homme de l’ONU a, à ce jour, condamné l’Algérie à plusieurs reprises pour des affaires de disparitio­n forcée où il a été prouvé que l’Algérie a violé de nombreuses dispositio­ns du Pacte internatio­nal relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), ayant notamment trait au respect de l’ensemble des droits garantis par le PIDCP (article 2), au droit à la vie (article 6), à l’interdicti­on de la torture et aux traitement­s cruels, inhumains et dégradants, au droit à la liberté et la sécurité de sa personne (article 9) et au droit à la reconnaiss­ance de sa personnali­té juridique (article 16).»

SOS Disparus et le CFDA, dont la présidente Nacera Dutour est mère d’un jeune disparu dans les violences des années 1990, ne perçoivent aucun changement de politique depuis le départ de Bouteflika et l’avènement de «l’Algérie nouvelle», et considèren­t que «l’Algérie, au grand dam de son peuple, est un pays où l’Etat de droit n’a jamais existé. La corruption endémique, la culture de l’impunité et l’autoritari­sme minent l’Algérie depuis son indépendan­ce, sans oublier la folie meurtrière qui s’est emparée de l’Algérie dans les années 1990, qui a fait des milliers de disparus et dont les proches sont confrontés au deuil impossible et le déni de leur droit fondamenta­l à la justice et à la vérité».

Dans le même document, dont El Watan détient une copie, les deux organisati­ons s’appuient sur les rapports critiques établis par les instances internatio­nales sur la situation en Algérie pour consolider leur point de vue. «Ces derniers mois, l’Algérie a été épinglée à de nombreuses reprises par les Nations unies, notamment par le Haut-Commissari­at aux droits de l’homme en mars 2021, s’agissant des violations des droits humains dans le cadre du hirak, avec la multiplica­tion des détentions et des condamnati­ons arbitraire­s à l’encontre de militants pacifiques.» A ce titre, il est rappelé, entre autres engagement­s, que l’Algérie a ratifié le PIDCP qui consacre la liberté d’expression (article 19) ainsi que le droit d’associatio­n (article 22) pour toute personne, droits reconnus dans la Constituti­on algérienne. Constatant ce qui est qualifié de «fuite en avant du régime algérien», le CFDA et SOS Disparus demandent à Abdelmadid Tebboune de «réellement obéir à l’Organisati­on des Nations unies en faisant appliquer les recommanda­tions du Comité des droits de l’homme et de l’examen périodique universel afin que la lumière sur le sort de tous les disparus soit faite», conclut le communiqué.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria