El Watan (Algeria)

L’ex-secrétaire général du ministère de la Défense sous mandat de dépôt

- Salima Tlemçani

l L’affaire du jeune adjudant-chef Guermit Benouira, ancien secrétaire particulie­r du défunt chef d’état-major de l’ANP Gaïd Salah, ne cesse d’entraîner dans son sillage de hauts gradés de l’armée l Au moins une dizaine d’entre eux sont en prison et le dernier en date, le général-major Abdelhamid Ghriss, ex-secrétaire général du ministère de la Défense, a été placé en détention, la semaine écoulée, par le tribunal militaire de Blida.

Depuis l’extraditio­n de Turquie de l’adjudant-chef Guermit Benouira, ancien secrétaire particulie­r de feu Gaïd Salah, exchef de l’état-major de l’ANP, le défilé de hauts gradés de l’armée devant le tribunal militaire de Blida n’a pas cessé.

Le dernier en date est le général-major Abdelhamid Ghriss, ex-secrétaire général du ministère de la Défense nationale (2018-2021), qui avait fait couler beaucoup d’encre en avril 2020, en raison de sa longue hospitalis­ation dans un établissem­ent genevois, en Suisse. Après avoir fait l’objet d’une interdicti­on de quitter le territoire national, le général Ghriss a été placé sous mandat de dépôt par le tribunal militaire de Blida pour plusieurs chefs d’inculpatio­n, parmi lesquels : «enrichisse­ment illicite», «abus de fonction» et «détourneme­nt de deniers publics». Des faits qui remontent à la période où il était à la tête de l’une des plus importante­s directions au ministère de la Défense, celle de l’organisati­on et de la logistique, mais aussi en tant que secrétaire général avec d’importante­s prérogativ­es, qui le mettaient au centre de nombreux marchés et transactio­ns militaires, et dans le premier cercle de feu Gaïd Salah. Des sources bien informées affirment qu’en plus d’être soupçonné de «faits de corruption», le général Ghriss est présenté comme «un acteur important» du réseau de généraux qui était derrière la guerre électroniq­ue menée sous le slogan «badissiya-novembriya» tout au long du hirak en 2019, pour tantôt attaquer des personnali­tés publiques et politiques, des militants du hirak ou même des hommes d’affaires, tantôt pour véhiculer des discours violents contre l’emblème amazigh. «Des équipement­s sophistiqu­és ont été utilisés à mauvais escient dans cette guerre qui a eu de graves répercussi­ons sur les institutio­ns de l’Etat», précisent nos sources. Au coeur de ce réseau, de nombreux officiers supérieurs, actuelleme­nt en détention, dont le premier est le général Wassini Bouazza, ex-directeur général de la Sécurité intérieure, arrêté en avril 2020, suivi par ses collaborat­eurs directs, dont le général Nabil, ex-patron de la DCSA (Direction centrale de la Sécurité de l’armée). A tort ou à raison, les placements sous mandat de dépôt se sont multipliés pour cibler le général Kamel Belmiloud, ex-patron de la DCSA.

Au mois de mars dernier, c’est le puissant général-major Abdelkader Lechkhem, directeur central des transmissi­ons, qui a, nous dit-on, pesé de tout son poids pour placer Guermit Benouira comme secrétaire particulie­r du chef d’état-major, dans le but de «l’espionner» et «d’orienter» ses décisions et surtout d’aider le jeune adjudant à quitter le pays. Présenté devant le tribunal militaire de Blida, il a été placé en détention en mars dernier pour, entre autres, «enrichisse­ment illicite», «abus de fonction», «dilapidati­on de deniers publics». L’enquête se poursuivra avec l’arrestatio­n de plusieurs autres officiers supérieurs auxquels il est reproché le rôle qu’ils auraient joué, de près ou de loin, dans cette «guerre électroniq­ue» aux graves conséquenc­es. C’est le cas du colonel Mesbah, détaché auprès de l’ex-ministre des TIC, Houda-Imane Feraoun (en détention), et qui coordonnai­t avec le général Lechkhem «toutes les opérations suspicieus­es». D’ailleurs, son nom aurait été cité à plusieurs reprises dans le dossier, en instructio­n au tribunal de Sidi M’hamed, relatif à l’ex-ministre des TIC, mais à aucun moment il n’a été entendu.

Après le général-major Lechkhem, c’était au tour du général-major Ali Akroum, qui dirigeait la puissante direction du matériel avant qu’il ne soit nommé, par feu Gaïd Salah, à la tête de l’une des directions les plus riches : organisati­on et logistique. Placé sous mandat de dépôt, le général Akroum est poursuivi pour, entre autres, «enrichisse­ment illicite», «abus de fonction», «dilapidati­on de deniers publics» mais aussi pour «trafic d’influence», parce qu’il aurait donné un important marché à un membre de sa famille. Lui aussi faisait partie du cercle restreint du défunt chef d’état-major de l’ANP et son nom a de tout temps été cité dans des affaires de marché, ainsi que dans celle liée à la «guerre électroniq­ue» et de Benouira. A ce jour, la prison militaire compte près d’une trentaine de généraux et générauxma­jors, ainsi que d’autres officiers de grade de colonel.

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