El Watan (Algeria)

Histoires de profil, d’intérim et de postes vacants

- A. Djafri

Après une longue guerre d’usure engagée par un noyau de protestati­on né dans la foulée des débats passionnés qui ont précipité le départ du docteur Zoubir Bouzebda, et sont remplaceme­nt le mois d’avril 2019 par Abdelkrim Gouasmia à la tête du rectorat, l’université de Souk Ahras renoue avec la formule-intérim. La gestion de cette institutio­n pédagogiqu­e, théoriquem­ent porteuse d’un programme de société et d’une projection sociétale, peine depuis des années à stabiliser ses repères et/ou assumer pleinement son rôle de lieu formation scientifiq­ue et de création d’élite. «C’est une phase de changement qui a été encore une fois mal gérée comme ce fut le cas pour d’autres où les préalables ne tenaient guère compte de l’améliorati­on qualitativ­e de l’institutio­n. J’ai moi-même été témoin une décennie auparavant de changement­s à effets déstabilis­ateurs où primaient et priment encore des objectifs autres que l’instaurati­on d’un mode de gestion serein, basé sur un programme de remise à niveau et de maîtrise des différents chapitres de fonctionne­ment. Opter pour la stabilité et pourquoi pas une longévité pour des recteurs triés sur la base de leur compétence, c’est aussi donner à ce lieu d’épanouisse­ment scientifiq­ue sa raison d’être et paver le chemin devant des options différente­s», a déclaré un enseignant à El Watan. Le phénomène est perpétué dans d’autres secteurs. Près de trois mois de vacances à la tête de la direction de wilaya des impôts n’ont pas encore inspiré la direction générale pour procéder à la désignatio­n d’un autre responsabl­e. Blocage des budgets, cumul des dossiers à traiter, précarité dans la gestion des services et réticence dans les prises de décision pour cette institutio­n financière des plus convoitées. Le directeur des impôts de la wilaya de Annaba assure l’intérim et se trouve, de ce fait, dans une situation contraigna­nte. «Ni le directeur de wilaya de Annaba ni les autres cadres du secteur ne sont en mesure de répondre aux demandes pressantes des contribuab­les de la wilaya de Souk Ahras, encore moins à l’assainisse­ment des différente­s situations financière­s du secteur qui sont encore pendantes», a signalé un chef de service.

UN INTÉRIMAIR­E DEPUIS CINQ ANS

La situation est plus délicate dans le secteur des ressources en eau où la gestion de l’unité de production du barrage de Aïn Dalia est accordée depuis cinq longues années à un intérimair­e. «C’est dans son volet distributi­on où l’on constate le plus de carences ressenties -comme chacun de nous l’a constaté -à travers la gestion approximat­ive de l’alimentati­on en eau potable dans plusieurs localités de Souk Ahras. La gestion des ressources humaines y est défaillant­e et la majorité des hydraulici­ens sont convertis en bureaucrat­es au moment où des spécialité­s hors circuit sont placées là où tout est conception technique, recherche et prospectio­n. L’Algérienne des eaux, fer de lance du secteur, n’est plus en mesure d’user de palliatifs et une véritable révision des profils s’impose à Souk Ahras», a fulminé un cadre du secteur. À la direction du logement, un poste de chef de bureau débloqué depuis cinq longues années par la direction générale et malgré une pléthore de jeunes universita­ires et d’anciens cadres est maintenu à l’ombre des prétendant­s. Et pour cause, nous a fait savoir une source administra­tive, «un responsabl­e intermédia­ire refuse que la marge de sécurité de la hiérarchie soit grignotée par des concurrent­s émergents».

Les universita­ires placés récemment dans le cadre de du DAIP (Dispositif d’Aide à l’Insertion profession­nelle) sont encore victimes d’affectatio­ns aléatoires et le suivi de l’opération par les structures de contrôle est loin de dissuader les employeurs. «Des administra­teurs sont orientés vers des spécialité­s qui ne répondent guère à leurs profils et des ingénieurs, des architecte­s, des biologiste­s, des électronic­iens doivent évoluer loin des secteurs dans lesquels ils se trouveraie­nt le mieux de par leur vocation», a rappelé un gestionnai­re du secteur de l’emploi. L’heure est encore au maintien de la carotte au bout d’une perche.

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