La tendance inflationniste se poursuivra en 2021
Le taux d’inflation moyen annuel en Algérie a atteint 3,9% à fin mai dernier, et reste encore loin des estimations de la loi de finances et de certaines institutions financières internationales. Toutefois, durant les cinq premiers mois de 2021, les prix à
Les chiffres communiqués dimanche dernier par l’Office national des statistiques (ONS) évoquent une hausse des prix des biens alimentaires de 6,8%, tirés notamment par les produits agricoles frais (+8,7%) et les produits alimentaires industriels (+5%). La tendance haussière a touché aussi les biens manufacturés et les services, qui ont augmenté de +6,3% et +1,5%. Pour le docteur en économie à l’université de Tizi Ouzou Brahim Guendouzi, «cette tendance haussière n’est juste qu’une confirmation de la situation inflationniste que connaît l’économie nationale». Selon ses explications, cette hausse est soutenue par trois facteurs. Le premier porte sur «le recul de la production», ainsi l’offre ne répond plus à la demande. «La majorité des producteurs ont commercialisé leurs stocks constitués durant le confinement, et la pression des prix a augmenté notamment sur les biens alimentaires importés», a-t-il souligné. Le second facteur est lié à «la contraction du PIB, durant l’année 2020», en contrepartie, «la masse monétaire a connu une augmentation de 7%, ce qui a encouragé la hausse du taux de l’inflation». Le troisième élément qui a soutenu cette hausse des prix est «le recul du taux de change du dinar, ce qui a impacté directement les prix des produits importés». Selon M. Guendouzi, cette tendance «va se poursuivre durant les mois prochains», notamment avec la hausse de la dette publique interne qui «sera soutenue par le plan spécial de refinancement instauré par la Banque d’ Algérie». Toutefois, il a suggéré de suivre de près ce taux d’inflation et de prendre des mesures pour le maîtriser.
UNE INFLATION À DEUX CHIFFRES
Concernant la baisse mensuelle des prix qui était constatée sur les biens alimentaires et qui est estimée de -0,7% – soutenue surtout par la chute des prix des produits agricoles frais (-2,1%), notamment la viande de poulet (-7,3%), les légumes (-14%) et les oeufs (-5,2%) –, Brahim Guendouzi l’explique par la fin de la pression du mois de Ramadhan. Pour sa part, l’économiste Smaïn Lalmas, a considéré que «ces chiffres sont plus importants que ce qui est communiqué par l’ONS». «Les prix de certains produits ont même connu une inflation à deux chiffres», a-t-il assuré. «La hausse des prix est ressentie d’une manière très importante par la population et elle est due notamment à la perte du pouvoir d’achat qui s’est accentué avec les pertes des emplois.» M. Lalmas a toutefois regretté que les autorités n’aient pas pris assez de mesures pour aider la population à faire face à cette crise. Il a indiqué que «les taux d’inflation communiqués n’ont plus de sens dans une économie caractérisée par un taux de chômage important, puisque la demande ne peut pas suivre l’offre pour cause de manque de revenus des ménages». Pour rappel, la loi de finances complémentaire 2021 prévoit un taux d’inflation de 4,90%, en hausse par rapport au taux prévu dans la loi de finances initiale qui était de 4,50%. Mais pour le Fonds monétaire international, l’inflation en Algérie devrait se situer à 6% en 2021, et prendra de l’ampleur pour atteindre 8,7% en 2024. Le ministre des Finances, Aïmene Benabderahmane, avait assuré en mars dernier que l’inflation était «maîtrisée» et que les prix des produits n’ont pas augmenté mais ont été «ajustés». «L’inflation est très maîtrisée en Algérie par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde. Vous n’avez qu’à voir les prix», avait-il souligné.