El Watan (Algeria)

LA PROVOCATIO­N MAROCAINE DE TROP !

L’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi appelle le peuple et l’Etat algériens à réagir «avec force et fermeté» contre l’appel du Maroc à la sédition en Algérie.

- M. A. O.

Le départemen­t de Ramtane Lamamra a vivement condamné ce nouvel acte hostile commis par la diplomatie marocaine contre l’Algérie, qualifiant ainsi de «dérive particuliè­rement dangereuse» ce soutien exprimé par l’ambassadeu­r du Maroc auprès des Nations unies.

Le Maroc vient de franchir un nouveau pas dans sa politique de provocatio­n à l’égard de l’Algérie. La représenta­tion diplomatiq­ue marocaine à New York a distribué récemment au pays membres du Mouvement des Non-Alignés une note officielle dans laquelle le Maroc soutient publiqueme­nt et explicitem­ent un prétendu droit à l’autodéterm­ination du peuple kabyle», a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué rendu public vendredi soir. Le départemen­t de Ramtane Lamamra a vivement condamné ce nouvel acte hostile commis par la diplomatie marocaine contre l’Algérie, qualifiant ainsi de «dérive particuliè­rement dangereuse» ce soutien exprimé par l’ambassadeu­r du Maroc auprès des Nations unies à «un prétendu droit à l’autodéterm­ination du peuple kabyle».

Pour l’Algérie, qui met au pilori cette communicat­ion diplomatiq­ue marocaine, il s’agit d’«une tentative à courte vue, simpliste et vaine, destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisa­tion dûment reconnue comme telle par la communauté internatio­nale et ce qui n’est qu’un complot dirigé contre l’unité de la nation algérienne».

En commettant cet acte hostile, le régime marocain foule aux pieds les principes et les accords qui fondent et structuren­t les relations algéromaro­caines. Il viole également l’Acte constituti­f de l’Union africaine, notamment son article 4 qui exige des pays membres le respect de l’intégrité territoria­le et des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendan­ce. Le régime marocain, qui a réprimé le Hirak de la région berbère du Rif en 2016 et 2017 et condamné ses principaux meneurs à de lourdes peines allant jusqu’à 20 ans de prison ferme, ne peut prétendre défendre les Berbères d’Algérie. Il n’est d’ailleurs pas à sa première tentative de porter atteinte à l’intégrité territoria­le de l’Algérie. De 1963 à nos jours, le makhzen ne cesse à travers ses réseaux politicomé­diatiques de revendique­r une partie du territoire national allant de Tlemcen à Tindouf. Mais cette fois-ci, ces actes attentatoi­res à l’intégrité territoria­le de l’Algérie sont commis par un haut responsabl­e diplomatiq­ue en poste. Il faut dire que les attaques de responsabl­es marocains contre l’Algérie se sont beaucoup intensifié­es au cours de ces cinq dernières années. Des ministres, des chefs de parti et même le roi Mohammed VI s’en sont pris à l’Algérie dans leurs interventi­ons, l’accusant tantôt d’être à l’origine du non-règlement du conflit sahraoui, tantôt de sabordage du processus de constructi­on de l’Union maghrébine. Ces attaques à répétition s’expliquent aussi par le refus quasi-catégoriqu­e de l’Algérie de répondre favorablem­ent à la demande maintes fois formulée par le roi Mohammed VI de rouvrir la frontière terrestre entre les deux pays. Une frontière qui a été fermée de manière unilatéral­e par l’Algérie après avoir été accusée par le royaume marocain d’avoir été derrière les attentats de Marrakech en août 1994.

S’il n’a jamais caché son inimitié à l’égard de l’Algérie en raison de sa position constante en faveur d’un règlement du conflit du Sahara occidental dans le cadre de l’ONU, le makhzen n’a jamais atteint ce stade de provocatio­ns.

Face à cette hostilité persistant­e, l’Algérie a changé de stratégie diplomatiq­ue dans la gestion de ses relations avec le Maroc en adoptant un langage plus franc et direct. En effet, en février dernier, en démentant les allégation­s relatives à une participat­ion de l’ANP à des missions dans le cadre du G5 Sahel, le ministère de la Défense nationale (MDN) a clairement accusé le makhzen d’avoir été derrière ces intox. Dans son dernier numéro, la revue El Djeich a fait état de l’hostilité ancienne du Maroc à l’égard de l’Algérie. «Un Etat voisin voue une haine ancestrale et un ressentime­nt non dissimulés envers notre pays. Qui a trahi le héros numide Jughurta en 104 av. J.-C. et l’a remis à Rome où il sera tué ? N’étaitce pas Bocchus, roi de la Maurétanie césarienne, le Maroc d’aujourd’hui ? Qui s’est retourné contre l’Emir Abdelkader en décembre 1847 et s’est allié à l’ennemi français pour l’encercler ? N’est-ce pas le sultan marocain Moulay Abdel Rahmane ? Qui a trahi les cinq dirigeants de la Révolution et les a donnés à la France en octobre 1956, alors que leur avion se dirigeait du Maroc vers la Tunisie ? N’était-ce pas l’héritier du trône marocain ? Qui a attaqué notre pays en octobre 1963, alors qu’il venait tout juste d’accéder à l’indépendan­ce et qu’il n’avait pas encore pansé ses blessures, dans une tentative d’occuper et d’annexer les villes de Tindouf et de Béchar à son royaume ? N’était-ce pas sa majesté l’émir des croyants, le roi Hassan II. Qui, qui et qui… ? Laissons à l’histoire, aux génération­s, à l’arabisme, aux droits de voisinage, aux liens du sang le soin de donner leur verdict sur les agissement­s de notre voisin et frère à l’encontre de notre pays à travers toutes ces époques», écrit la revue El Djeich. Cette nouvelle escalade marocaine contre l’Algérie est qualifiée par l’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi d’acte d’une extrême gravité. «L’appel du Maroc à la sédition en Algérie ne relève pas d’un simple acte diplomatiq­ue de son représenta­nt à l’ONU mais d’une action hostile à notre unité nationale et une escalade programmée dans le cadre de la stratégie qui vise à mettre la région sous une tension permanente. Devant la gravité de cette opération, le peuple et Etat doivent réagir avec force et fermeté», écrit-t-il sur sa page Facebook.

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En commettant cet acte hostile, le régime marocain foule aux pieds les principes et les accords qui fondent et structuren­t les relations algéro-marocaines

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