El Watan (Algeria)

LA COLÈRE DES CITOYENS S’INTENSIFIE

L Plusieurs nuits durant, incendies et émeutes ont gagné des villes du Sud dans lesquelles la protestati­on, ayant débuté à Ouargla, menace de se propager dans tout le Sud-Est algérien.

- Amel B.

Un vent de colère souffle sur l’Algérie. Cela fait maintenant quelques jours que des villes algérienne­s vivent au rythme des protestati­ons liées notamment au problème du chômage ainsi qu’aux coupures d’eau, ou encore au logement.

Plusieurs nuits durant, incendies et émeutes ont gagné des villes du Sud dans lesquelles la protestati­on, ayant débuté à Ouargla, menace de se propager dans tout le Sud-Est algérien. Dans la commune de Berriane, les sièges de la daïra et de l’APC ainsi qu’un bus scolaire ont été incendiés par des jeunes en colère face à la persistanc­e du problème du chômage, selon nos sources sur place. Pour toute réponse, le wali a tenu une réunion avec des représenta­nts de la société civile que les émeutiers refusent de reconnaîtr­e.

La ville de Ouargla, bastion du mouvement de protestati­on des chômeurs, a vu – presque – toutes ses communes s’embraser : Souk Lahdjar, Béni Thour, Aïn Beïda, Mekhadma et Rouisset. Plusieurs routes ont récemment été coupées à la circulatio­n, à l’exemple de la Route nationale n° 3 où le trafic a été totalement interrompu en partance vers Touggourt, Hassi Messaoud, Ouargla et Illizi. Les chômeurs des villes limitrophe­s se sont joints au mouvement, selon les correspond­ants locaux, à l’instar d’El Oued, El Meghier, Touggourt, El Borma, Frane, N’Goussa…

La gronde trouve son origine dans l’affichage d’offres d’emploi pour des filiales de Sonatrach, sans que les personnes intéressée­s par les postes proposés puissent déposer leurs dossiers de postulatio­n. Ils soupçonnen­t la société pétrolière de privilégie­r les candidats du Nord dans les opérations de recrutemen­t. Les premiers rassemblem­ents ont d’abord viré aux coupures de route, avant de se transforme­r en émeutes en réponse à l’interventi­on violente des forces de l’ordre.

Il est à noter, par ailleurs, qu’à en croire des sources médiatique­s, une manifestat­ion pacifique s’est également tenue dans la commune de Guemmar (El Oued) réclamant l’affichage de la liste définitive des bénéficiai­res de logements sociaux. La situation n’est guère plus reluisante dans la capitale qui voit émerger les «émeutes de la soif» suite à un plan de rationneme­nt de l’eau potable. Jeudi, trois routes ont été coupées dans deux quartiers de l’Algérois, dont l’autoroute de l’est près de Dar El Beïda, paralysant la circulatio­n automobile. Vendredi, la route entre Rouiba et Bordj El Bahri au niveau du carrefour Kahwat Chergui à l’est de la capitale a été bloquée par des citoyens excédés par le rationneme­nt de l’eau et ce qu’ils considèren­t comme un «non-respect» du programme de coupure établi par la SEAAL. Ces manifestat­ions sont devenues récurrente­s depuis le début du mois de juin, sans que les pouvoirs publics apportent une solution à la crise. Le silence des pouvoirs publics est d’autant plus étonnant que la colère des citoyens pourrait, si rien n’est fait pour répondre à leurs doléances, s’intensifie­r donnant à voir la triste image d’un pays en crise versant dans la violence et le chaos.

 ??  ?? Les citoyens en colère après les coupures d’eau
Les citoyens en colère après les coupures d’eau

Newspapers in French

Newspapers from Algeria