El Watan (Algeria)

LE PROGRAMME LPA EST-IL COMPROMIS À SIDI BEL ABBÈS ?

- M. Abdelkrim

La rencontre, organisée conjointem­ent hier à l’hôtel Beni Tala par les responsabl­es des Confédérat­ions du patronat (CGP) et des entreprise­s algériens (CGEA), a relancé le débat sur les politiques publiques du logement, en particulie­r le logement public aidé (LPA). Plusieurs promoteurs en charge de la réalisatio­n d’un programme de quelque 750 logements LPA 2, en cours de lancement, ont exprimé leurs réticences quant à la mise en oeuvre dudit programme au vu du renchériss­ement des prix des matériaux de constructi­on, notamment le rond à béton. «C’est l’occasion de débattre des problèmes d’augmentati­on des prix ainsi que de la possibilit­é de faire des propositio­ns de solutions au blocage que vit le secteur du bâtiment dans notre pays», a indiqué M. Harmel, président du bureau local de la CGP. «Nous devons faire lecture commune de la loi sur la gestion du LPA, de la nécessité de revoir le montant de l’état à travers la CNL et de renouer avec l’action syndicale en cette conjonctur­e extrêmemen­t difficile que traverse le secteur du BTPH», a-t-il ajouté.

Selon lui, l’ensemble des promoteurs et des entreprise­s du BTPH sont aujourd’hui dans l’expectativ­e face à l’augmentati­on du prix du rond à bâton qui, en l’espace de quatre mois, est passé du simple au double atteignant les 13 000 DA le quintal. «Aucune entreprise du BTPH ne peut s’aventurer dans la réalisatio­n de programmes publics avec un prix du quintal qui est passé de 7000 à 13 000 DA», soutient un jeune promoteur ayant retiré le permis de construire et payer les charges foncières pour la réalisatio­n d’un projet de 30 logements LPA 2. Un autre promoteur, cumulant presque 40 ans d’expérience dans le domaine, a révélé que le renchériss­ement des prix ne concerne pas seulement le rond à béton, mais tous les intrants entrant dans le processus de production des matériaux de constructi­on. «Il faut s’attendre à des surcoûts pour les gros oeuvres (rond à béton, bois de coffrage…), mais également dans les travaux de corps d’État secondaire­s (CES). Cela tout en sachant que les prix des logements LPA sont plafonnés et non révisables»,prévient-il, estimant que deux solutions s’offrent aux promoteurs et aux pouvoirs publics pour faire face à cette situation, tout en permettant la relance du secteur du bâtiment. La première consiste, dira-t-il, à réviser à la hausse le montant de l’aide frontale d’accès à la propriété consentie par la Caisse nationale du logement (CNL) et qui n’a pas connu de révision depuis 15 ans. Alors que la seconde solution consistera­it à infléchir le marché du rond à béton orienté vers l’exportatio­n au détriment du marché local. «L’interventi­on de l’État est, dans ce cas, nécessaire pour assurer l’approvisio­nnement du marché national et maintenir en vie les quelques entreprise­s du BTPH épargnées par la crise économique et la pandémie Covid-19», affirme le même intervenan­t. Qualifiant la situation du secteur du BTPH de catastroph­ique, les participan­ts à cette rencontre ont alerté sur les retombées sociales d’une récession qui a déjà mis en faillite 80% du nombre d’entreprise­s dans la wilaya. Selon eux, ces faillites ont occasionné la perte de milliers d’emplois et une paralysie totale de l’activité économique à Sidi Bel Abbès. Après avoir discuté des amorces nécessaire­s à une reprise de l’activité du bâtiment, l’assistance a convenu de tenir une autre rencontre élargie aux entreprise­s de l’ouest du pays qui connaissen­t les mêmes difficulté­s. «Promoteurs, entreprise­s du BTPH et pouvoirs publics doivent réagir maintenant, sinon dans quelques mois, il n’y aura plus d’outils de réalisatio­n nationaux fiables en mesure de mettre en oeuvre les programmes de développem­ent», a conclu M. Harmel.

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