Tous au Vanuatu

Non, l’ambiance n’est pas vraiment au top, les prisons sont pleines, même de chanteurs de raï, et dehors il fait chaud, il n’y a pas d’eau et dans la mer, il y a la physalie, ou vessie de mer, fortement toxique, même morte. Dans les villes, il y a du Covid et à la montagne des feux de forêt, des groupes se baladant avec des jerricans d’essence comme des randonneurs bucoliques. Reste l’étranger, fermé, à part le Niger, dont la frontière avec l’Algérie vient d’être ouverte. Heureusement, il y a une piste à suivre pour tous ceux qui sont au bord du suicide, celle du général Belkecir, ex-patron de la gendarmerie craint et longtemps respecté, déchu ensuite en juillet 2019 après avoir été nommé par Gaïd Salah. On estime qu’il aurait détourné ou gagné illégalement environ 300 milliards de centimes avec son épouse, qui était présidente de la cour de Tipasa, elle aussi crainte et respectée en son temps. Considéré comme le général le plus corrompu de l’institution, qui jusqu’à aujourd’hui a déjà donné 20 généraux actuellement sous mandat de dépôt, le général Belkecir est pourtant parti après son éviction, le plus normalement du monde, à Paris par un vol Air Algérie, puis à Malaga, Dubaï, pour finalement le Vanuatu, petit archipel d’îles tropicales de Mélanésie de 200 000 habitants, aux mers bleues, cocotiers et aux cocktails colorés. Pour y arriver, le général a payé 130 000 dollars la nationalité du Vanuatu, ce paradis fiscal offrant cette opportunité sans demander l’origine des fonds. Mais comme il est parti là-bas avec notre argent, il serait logique qu’on y aille tous et qu’on habite chez lui au moins 1 an pour se reposer de la difficile vie d’Algérien(ne). En Bichelamar, la langue locale, Vanuatu signifie «le pays debout», l’équivalent en somme du «ridjal waqifoun», même si ceux qui sont fatigués y ont le droit à un repos bien mérité. Et d’en profiter pour demander au général ce que contiennent les documents secrets en sa possession qui lui ont valu un mandat d’arrêt international.