Le désarroi de l’association El Amel
C’est un cri de détresse que l’association El Amel Sport et équestre lance aujourd’hui au président de la République. Elle dénonce dans une lettre ouverte qu’elle remettra à la Présidence dont El Watan a eu une copie, «le harcèlement» qu’elle subit et «l’intention de les expulser des locaux, sans motif réel et sérieux suite à la réception de multiple mises en demeure non fondées». L’association était en effet autorisée, il y a 10 ans, à installer son siège thérapeutique dédié essentiellement aux enfants et adolescents autistes et trisomiques à l’intérieur du parc zoologique de Ben Aknoun, à l’époque géré par la Direction générale des forêts. Depuis 2007, à l’arrivée de la Société d’investissement hôtelière (SIH), l’association est appelée à quitter les lieux, selon les responsables d’El Amel. L’affaire traîne encore. Après quelques mois de suspension des actes thérapeutiques à cause de la pandémie Covid-19, les membres de l’association ayant repris le travail évoquent des «pressions», affirment Mona Djabali et Kahina Akkou, membres et bénévoles à l’association que nous avons rencontrées. L’association sollicite dans la lettre ouverte le président de la République pour intervenir et «venir en aide en mettant fin à ces abus afin de pérenniser l’association et ses actions humanitaires et psycho-éducatives et de la reconnaître par là-même d’intérêt public». L’expulsion constitue, selon le document, un «drame», un «ravage» et un «bouleversement». Les responsables de l’association souhaitent avoir une audience avec le président Tebboune. Une occasion pour eux de détailler les missions et le rôle primordial que l’association accomplit auprès des enfants et adolescents autistes et trisomiques. Il s’agit, en effet, de l’unique centre thérapeutique à travers le pays. Nombreux sont les parents accompagnant leurs enfants plusieurs fois par semaine, venant de plusieurs wilayas du pays. Aucun hébergement n’est évidemment assuré, mais les bénévoles dénoncent, toutefois, les frais d’accès au parc zoologique imposés depuis le 1er juin aux parents. Ils doivent payer 100 DA par personne et 100 autres pour le véhicule. Une «aberration», surtout que les parents ont déjà payé leurs frais d’adhésion à l’association. En plus, toujours selon les même bénévoles, les multiples accès du parc étaient fermés laissant un seul chemin pour accéder au siège, à savoir l’entrée du Mouflon d’or, beaucoup plus éloignés que les deux autres. Une souffrance pour les parents et les autistes qui, à maintes reprises, rechutent dans leurs crises à cause d’une simple perturbation et de pertes de repères. Les thérapeutes déconseillent d’ailleurs qu’un mode de fonctionnement soit subitement changé pour ces enfants. «Nombreux d’entre eux rechutent à cause de ce simple changement d’accès», témoigne Mona Djabali qui est aussi une étudiante orthophoniste. «Inadmissible, selon les responsables de l’association, qu’aujourd’hui ces enfants suivis, de l’ordre de 2000, ne trouvent plus de soutien et de suivi thérapeutique». Sachant qu’aucune solution alternative ne leur a été proposée. Le centre en question, rappelons-le, possède une trentaine de chevaux, bénéfiques en thérapie d’autisme et des lieux adéquats et très commodes pour une meilleure prise en charge de ces troubles. Un parc animalier sauvé en cette pandémie de Covid-19 par des donateurs qui ont aussi répondu présents aux appels de l’association pour plusieurs campagnes de solidarité avec les parents.