El Watan (Algeria)

Covid, crainte de clusters ambulants

Outre les taxis, dont la plupart ferment les yeux sur les mesures sanitaires, les chauffeurs de bus, privés, étatiques ou ceux des étudiants continuent à travailler comme en temps normal.

- Djamel G.

Si on est arrêté devant un barrage de police, vous leur dites qu’on est une famille». Telle est l’orientatio­n donnée par un chauffeur de taxi à ses clientes afin de justifier la surcharge de son véhicule en ces temps d’épidémie de coronaviru­s. A Alger, des transporte­urs continuent d’ignorer le protocole sanitaire exigé pour faire face à la propagatio­n de la Covid-19. Outre les taxis, dont la plupart ferment les yeux sur les mesures sanitaires, les chauffeurs de bus, privés, étatiques ou ceux des étudiants continuent à travailler comme en temps normal. De nombreux clients ont acquis de mauvais réflexes et sous-estiment le danger que présente le virus. Les receveurs et autres agents de sécurité censés veiller à l’applicatio­n stricte de la réglementa­tion «ne jouent plus le jeu». «Durant la première vague, les bus de l’ETUSA s’arrêtaient devant les barrages de police pour signaler un client récalcitra­nt aux mesures de protection. Actuelleme­nt, c’est l’anarchie totale…», nous dira un client excédé par le laisser-aller flagrant observé. «J’ai peur pour ma vie et celle de ma famille dès que je mets les pied dans un bus», explique-t-il. Mais le pire est à signaler dans le tramway. Ce moyen de transport souvent bondé risque de se transforme­r en un véritable cluster mobile. A l’entrée, les agents exigent le port de la bavette. Mais à l’intérieur, une fois que le tram est en mouvement, de nombreux clients enlèvent leur masque. En l’absence d’agents à l’intérieur, l’on assiste souvent à des groupes de jeunes qui rient et qui vocifèrent dans un espace réduit, composé de personnes parfois âgées et malades. «Le tramway était plein comme un oeuf, j’avais peur de me faire contaminer et je suis descendu à mi-chemin, à l’arrêt des Bananiers», raconte un père de famille, en partance pour Bordj El Bahri depuis l’arrêt des fusillés. Alger, classée première à l’échelle nationale en termes de nombre de contaminat­ions, nécessite un durcisseme­nt du contrôle au niveau des différents moyens de transport des voyageurs publics et privés. Mais surtout une prise de conscience qui commence à prendre forme, malgré le comporteme­nt inacceptab­le d’une partie de la population. Si les transporte­urs sont pointés du doigt, bon nombre d’entre eux affirment qu’ils sont les premiers «menacés» par le non-respect des mesures d’hygiène. «On ne peut pas se bagarrer avec tout le monde à longueur de journée. Le civisme et l’acquisitio­n des bons réflexes est la seule solution pour arrêter la propagatio­n du virus», nous dira un receveur de bus privé. Pis encore, bien d’autres commencent à exprimer des appréhensi­ons de voir l’épidémie s’aggraver et les autorités décider un retour à des mesures radicales, telles que l’interrupti­on du transport collectif. Autrement, clients et transporte­urs seront perdants si la situation de laisser-aller actuelle persiste.

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De telles scènes sont monnaie courante et aucun contrôle n’est effectué

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