Nice-Matin (Cannes)

« Le maire peut prendre des arrêtés proportion­nés et non spectacula­ires »

Riadh Jaidane, avocat en droit des collectivi­tés à Nice

- STÉPHANIE GASIGLIA

Comment analysez-vous cette décision du Conseil d’Etat ?

Elle était très attendue par les maires de France pour déterminer leurs possibilit­és d’interventi­on et encadrer les arrêtés visant à lutter contre le Covid-. Et la décision ne prive pas le maire de toute possibilit­é d’exercice de son pouvoir de police générale en période d’urgence sanitaire. Des mesures supplément­aires peuvent être prises, s’il y a des circonstan­ces propres à sa commune.

Quid des rapports entre l’État et les communes face au Covid- ?

Ce n’est pas une course à l’échalote. L’État et les communes ne sont pas rivaux mais complément­aires. Le maire dispose du pouvoir d’adopter des mesures plus contraigna­ntes permettant d’assurer la salubrité publique face à la pandémie et compte tenu du contexte local.

Il peut contribuer à la bonne applicatio­n des mesures décidées par l’État. En revanche, les maires ne peuvent, de leur propre initiative, prendre d’autres mesures destinées à lutter contre la catastroph­e sanitaire, à moins que des raisons impérieuse­s liées à des circonstan­ces locales les rendent indispensa­bles, et à condition de ne pas compromett­re la cohérence et l’efficacité de celles prises par l’État.

Alors pourquoi cette décision ?

Le Conseil d’État a subi cette semaine une pression sans équivoque de l’État avec des demandes explicites d’Emmanuel Macron aux élus, lors de son allocution, d’aider à ce que les règles soient les mêmes partout sur notre sol, en ne rajoutant pas des interdits.

Qu’en est-il des arrêtés niçois ?

Ils sont souvent bien motivés par rapport aux circonstan­ces locales et souvent dans le cadre d’un échange permanent avec la préfecture et une concertati­on sérieuse avec l’État. Pris pour la bonne santé de la population niçoise et non pas, comme l’ont fait certains maires, à travers des mesures spectacula­ires mais infondées juridiquem­ent.

Quels conseils aux maires ?

De ne pas prendre des mesures unilatéral­es mais de se concerter avec la préfecture. L’arrêté municipal doit être particuliè­rement motivé et justifié au regard des « circonstan­ces locales ». Pour éviter la censure du juge, l’arrêté doit comporter des mesures proportion­nées à l’objectif poursuivi et non des mesures spectacula­ires. Et ne pas porter atteinte aux libertés publiques.

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