Le Journal de Quebec

Un jeune sans le sou qui a fondé une entreprise qui génère 1,3 milliard $

- RODGER BRULOTTE rodger.brulotte@quebecorme­dia.com

« J’AURAIS VOULU ÊTRE UN ARTISTE »

– Ronald Reuben

Ronald Reuben, né à Montréal, est le fondateur et le président-directeur général du Groupe Medicom. Depuis la création de la société en 1988, en réponse à la pandémie du SIDA, Ronald a créé une entreprise mondiale de soins de santé axée sur le contrôle des infections, avec des divisions de vente et de fabricatio­n au Canada, aux ÉtatsUnis, en Europe et en Asie.

Vous êtes natif de quelle ville ?

Je suis un fier Montréalai­s né dans le secteur de Côte-des-neiges. Mes parents sont des immigrants irakiens qui sont venus vivre au Canada pour une meilleure qualité de vie et pour la liberté de vivre.

Votre mère était monoparent­ale ?

Ma mère a aujourd’hui 85 ans et n’eût été elle, je ne sais pas ce qui me serait arrivé dans ma vie. Mes parents ont divorcé quand j’étais très jeune. À cause de la pandémie, je trouve cela difficile, car je ne peux pas la fréquenter plus souvent.

Comment les conseils de votre mère vous ont-ils influencé ?

Je suis un enfant unique. Maman m’a toujours fait comprendre que, dans la vie, il faut croire en nos moyens pour réussir.

À quel âge avez-vous commencé à travailler ?

J’ai commencé à l’âge de 14 ans pour ramasser des sous et acheter des produits à revendre dans les magasins de vente en gros sur la rue Saint-laurent.

À quoi servaient les profits dans votre vie ?

Ma mère travaillai­t très fort afin de payer les dépenses d’une maison. Mon argent permettait à ma mère de boucler les fins de mois.

Vous partagiez avec votre mère des sorties gastronomi­ques assez originales.

J’étais tout jeune, je n’oublierai jamais les beaux moments de gastronomi­e que j’ai partagés avec ma mère. Lorsque nous avions les moyens de nous gâter un peu, nous allions déguster du Poulet frit Kentucky (PFK) sur la rue Décarie. Encore aujourd’hui, ce sont de beaux moments de ma vie que je ne peux pas oublier.

Dans votre jeunesse, vous avez travaillé chez Canadair ?

Je fréquentai­s l’école dans le quartier Côte-des-neiges. Après mes cours et durant la fin de semaine, je me dirigeais vers l’entreprise Canadair, qui est aujourd’hui Bombardier, située à Ville Saint-laurent.

Quel était votre travail ?

Entre autres, j’étais un préposé à l’entretien. Je trouvais une façon de concilier mes horaires scolaires et de travail afin que je puisse travailler 40 heures par semaine.

Vous auriez voulu être un artiste ?

Comme le chante si bien Claude Dubois, « J’aurais voulu être un artiste ». À ne pas confondre, ce n’aurait pas été un chanteur ou un comédien, mais encore aujourd’hui, j’aimerais être un artiste-peintre.

De quelle marque était votre première voiture ?

Je n’avais pas beaucoup d’argent, alors j’avais une BMW.

Un instant, une BMW !

(Avec son rire moqueur) BMW veut dire « Bus Metro Walk ».

Aimiez-vous la lecture ?

Dans ma jeunesse, j’aimais lire les livres d’histoire sur la politique.

Vous avez terminé vos études à la Harvard Business School ?

Mes études m’ont permis de fréquenter les écoles primaires et secondaire­s de Montréal, l’université Mcgill et, en fin de parcours, la Harvard Business School.

Qui a cru en vous dans les affaires ?

Mon avocat m’a donné ma première chance. Nous étions trois personnes prêtes à investir chacune 10 000 $ pour lancer une entreprise. Je n’avais pas la somme. Il m’a pris à part pour me dire qu’il m’avançait la somme d’argent.

Qui est l’homme d’affaires qui vous a conseillé ?

Sans aucun doute, Morris Goodman,

fondateur et président du conseil de Pharmascie­nce.

Qui sont les gens que vous aimez le plus ?

Ma mère, cette femme formidable qui m’a enseigné les valeurs de la vie, mon épouse, ma fille et mon fils.

À titre de père de famille, quelle est votre plus grande fierté ?

Je dirais plutôt que c’est ce que mon épouse et moi avons inculqué à nos enfants. Nous sommes fiers d’être des Québécois. La langue française est une priorité chez nous.

Un bout difficile dans votre vie ?

Le divorce de mes parents a sans aucun doute marqué ma vie, car je dois admettre que, parfois, la présence de mon père me manquait.

Le temps vous a-t-il permis de renouer avec votre père ?

En 2003, un de mes amis a communiqué avec moi pour m’aviser qu’il avait rencontré mon père. Notre première rencontre fut cordiale, par la suite tout s’est bien déroulé avec lui jusqu’à son décès quelques années plus tard.

Vous avez fondé votre entreprise, A.R. Medicom, en 1988.

C’est une entreprise mondiale spécialisé­e dans les soins de santé dont le siège social est à Montréal. Je n’aurais jamais cru qu’elle serait active dans plus de 100 pays, dont le Canada, les États-unis, les Pays-bas, la France, la Chine, Taiwan et le Japon.

Combien de masques fabriquez-vous par jour à Montréal ?

Présenteme­nt, à l’usine de SaintLaure­nt, à Montréal, nous fabriquons un million de masques par jour.

Aimez-vous conseiller les jeunes entreprene­urs ?

J’apprécie chaque occasion où un jeune me donne la chance de l’aider. Mon message n’est pas compliqué : il faut croire en soi-même, surtout dans les moments difficiles.

Êtes-vous fier de votre cheminemen­t de carrière ?

Je n’aurais jamais cru qu’un jeune sans le sou aurait pu fonder une entreprise qui aujourd’hui génère plus de 1,3 milliard de dollars.

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