Hydro compte verser 400 M$ à sa concurrente
Elle compenserait ainsi des pertes de revenus pour Énenrgdir, mais c’est votre facture d’électricité qui écoperait
Québec veut encourager les utilisateurs de chauffage au gaz à se tourner davantage vers la biénergie et l’électricité. Mais cette mesure qui vise à réduire les gaz à effet de serre fera toutefois en sorte de hausser la facture des clients d’Hydro-Québec.
La Régie de l’énergie doit se pencher cette semaine sur un projet entre la société d’État et sa concurrente Énergir, fournisseur de gaz naturel, qui aura comme résultat la diminution du gaz en faveur de l’électricité, comme le souhaite le gouvernement.
Mais en contrepartie, Hydro-Québec propose de payer une compensation à Énergir de 400 millions $ entre 2022 et 2030 pour ses pertes de revenus.
PLUS DE 250 M$ DANS VOS POCHES
De ce montant, 255 millions $ seraient puisés directement dans les poches des clients d’Hydro dont les tarifs seraient augmentés. Cette compensation pourrait être prolongée jusqu’en 2041, ce qui est dénoncé par plusieurs groupes.
« En 2025, il y aura une première hausse pour tous les clients d’Hydro. Mais en 2030, cette augmentation serait
plus importante, on parle d’un montant de 85 millions $ », explique Viviane de Tilly, analyste externe chez l’Union des consommateurs, lors d’une entrevue avec Le Journal.
« C’est particulièrement inquiétant, car il y aura d’autres actions à poser par Québec pour décarboner le secteur. Est-ce le premier jalon et les clients d’Hydro devront payer à nouveau ? », se demande-t-elle.
INSENSÉ, SELON GREENPEACE
Pour Greenpeace, le fait de compenser une entreprise qui distribue de l’énergie fossile n’a aucun sens.
« Ce qui est proposé amène seulement
une réduction de 6 % des émissions dans le secteur résidentiel pour 2030. C’est loin de la cible de 50 % qu’on veut atteindre. Donc, ce projet est cher, ça met en place des systèmes de gaz à long terme et ça amène un dangereux précédent de payer une gazière », croit Patrick Bonin de Greenpeace Canada.
MOINS CHER AU FINAL
De son côté, Hydro-Québec affirme que le partenariat « est essentiel pour décarboner le chauffage » et pour passer à travers les pointes hivernales quand l’électricité vient à manquer.
Selon la société d’État, l’électrification complète du secteur coûterait 1,7 milliard de dollars notamment en infrastructures.
« Ça permet donc de minimiser les impacts tarifaires pour la clientèle », a assuré le porte-parole Maxence Huard-Lefebvre.
Selon Greenpeace, la dirigeante actuelle d’Hydro-Québec Sophie Brochu, qui a longtemps été à la tête de Gaz Métro, pourrait avoir joué un rôle important dans le projet commun.
« De toute évidence, elle a un biais favorable au gaz, il faut se rappeler qu’elle a été la lobbyiste numéro un du gaz au Québec pendant des années »,
croit M. Bonin.