Le Journal de Montreal

Hydro compte verser 400 M$ à sa concurrent­e

Elle compensera­it ainsi des pertes de revenus pour Énenrgdir, mais c’est votre facture d’électricit­é qui écoperait

- OLIVIER BOURQUE

Québec veut encourager les utilisateu­rs de chauffage au gaz à se tourner davantage vers la biénergie et l’électricit­é. Mais cette mesure qui vise à réduire les gaz à effet de serre fera toutefois en sorte de hausser la facture des clients d’Hydro-Québec.

La Régie de l’énergie doit se pencher cette semaine sur un projet entre la société d’État et sa concurrent­e Énergir, fournisseu­r de gaz naturel, qui aura comme résultat la diminution du gaz en faveur de l’électricit­é, comme le souhaite le gouverneme­nt.

Mais en contrepart­ie, Hydro-Québec propose de payer une compensati­on à Énergir de 400 millions $ entre 2022 et 2030 pour ses pertes de revenus.

PLUS DE 250 M$ DANS VOS POCHES

De ce montant, 255 millions $ seraient puisés directemen­t dans les poches des clients d’Hydro dont les tarifs seraient augmentés. Cette compensati­on pourrait être prolongée jusqu’en 2041, ce qui est dénoncé par plusieurs groupes.

« En 2025, il y aura une première hausse pour tous les clients d’Hydro. Mais en 2030, cette augmentati­on serait

plus importante, on parle d’un montant de 85 millions $ », explique Viviane de Tilly, analyste externe chez l’Union des consommate­urs, lors d’une entrevue avec Le Journal.

« C’est particuliè­rement inquiétant, car il y aura d’autres actions à poser par Québec pour décarboner le secteur. Est-ce le premier jalon et les clients d’Hydro devront payer à nouveau ? », se demande-t-elle.

INSENSÉ, SELON GREENPEACE

Pour Greenpeace, le fait de compenser une entreprise qui distribue de l’énergie fossile n’a aucun sens.

« Ce qui est proposé amène seulement

une réduction de 6 % des émissions dans le secteur résidentie­l pour 2030. C’est loin de la cible de 50 % qu’on veut atteindre. Donc, ce projet est cher, ça met en place des systèmes de gaz à long terme et ça amène un dangereux précédent de payer une gazière », croit Patrick Bonin de Greenpeace Canada.

MOINS CHER AU FINAL

De son côté, Hydro-Québec affirme que le partenaria­t « est essentiel pour décarboner le chauffage » et pour passer à travers les pointes hivernales quand l’électricit­é vient à manquer.

Selon la société d’État, l’électrific­ation complète du secteur coûterait 1,7 milliard de dollars notamment en infrastruc­tures.

« Ça permet donc de minimiser les impacts tarifaires pour la clientèle », a assuré le porte-parole Maxence Huard-Lefebvre.

Selon Greenpeace, la dirigeante actuelle d’Hydro-Québec Sophie Brochu, qui a longtemps été à la tête de Gaz Métro, pourrait avoir joué un rôle important dans le projet commun.

« De toute évidence, elle a un biais favorable au gaz, il faut se rappeler qu’elle a été la lobbyiste numéro un du gaz au Québec pendant des années »,

croit M. Bonin.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Le siège social du distribute­ur
de gaz naturel Énergir, qui se nommait Gaz Métro avant d’être rebaptisé en 2017,
à Montréal.
PHOTO COURTOISIE Le siège social du distribute­ur de gaz naturel Énergir, qui se nommait Gaz Métro avant d’être rebaptisé en 2017, à Montréal.
 ?? ?? VIVIANE DE TILLY Union des consommate­urs
VIVIANE DE TILLY Union des consommate­urs

Newspapers in French

Newspapers from Canada