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RENCONTRE AVEC MARIO LURASCHI

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Né en Italie et arrivé en France à l’âge de 10 ans, Mario Luraschi a plus de 400 films à son actif. Il a traversé des fenêtres à cheval, envoyé ses cavaliers prendre un bain dans le Danube, est monté à cheval sur une échelle dans Banditas, avec Penélope Cruz. En 2006, pour le spectacle Ben-hur, Luraschi est allé jusqu’à reconstitu­er la course de chars – élément central du récit – au stade de France !

Quelle est la place de la peur dans une cascade ?

La peur est votre assurance-vie. Si vous n’avez pas peur, vous êtes inconscien­t et vous devenez dangereux pour vous et pour les autres. Moi, je n’ai jamais fait de cascade sans avoir un peu peur.

Avez-vous toujours travaillé avec des chevaux ?

J’ai aussi fait des cascades en moto et en auto. Mais la cascade auto ou moto est beaucoup plus facile que la cascade cheval. À cheval, il y a dix fois plus de risques.

Vous avez travaillé sur des films américains. Les Américains travaillen­t-ils différemme­nt de nous ?

Non, à l’exception du fait qu’ils n’ont pas de système D. Dans Les Frères Grimm, de Terry Gilliam, pour simuler le vol d’un corbeau, les technicien­s américains ne trouvaient pas de solution technique. Moi j’ai bricolé avec des tuyaux fixés sur les décors et avec un jouet d’enfant téléguidé, et ça a marché. Nous, on trouve toujours une solution. Cela vient du fait qu’en France, on a moins de moyens, donc il faut bien réfléchir.

Vous préférez le spectacle vivant ou le cinéma ?

J’aime beaucoup le spectacle vivant, parce que c’est le théâtre du cascadeur. Le spectacle vivant nous permet de faire ce qu’on veut. Quand un cheval s’exprime de façon particuliè­re dans le dressage, on peut l’utiliser dans le spectacle, chose que je ne peux pas faire dans un film, où il faut suivre le scénario.

Combien de temps faut-il pour dresser un cheval de cascade ?

Cela représente deux ans de travail, si c’est le dresseur qui le monte. Un an de dressage classique et un an pour l’habituer aux différente­s situations. Je commence avec des chevaux âgés de 3 ans. À 5 ou 6 ans, un cheval est prêt.

Vous recevez près de 1 000 candidatur­es par an qui souhaitent intégrer votre équipe. Qui prenez-vous ?

Ceux qui se déplacent. Ceux qui prennent la fourche et commencent à s’occuper des chevaux. Car moi aussi, j’ai commencé comme ça.

Y a-t-il une excellence française dans le spectacle équestre ?

Absolument. Le seul pays au monde où l’art équestre de spectacle a pris un tel essor, c’est la France. J’ai fait le tour du monde cinq fois et je n’ai pas trouvé d’équivalent.

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