Les noms de rue, toute une histoire
Wenn Sie das nächste Mal in einer französischen Stadt sind, achten Sie doch auf die Straßennamen. Da lässt sich viel lernen!
SSavez-vous ce qu’est un « odonyme » ? Il s’agit d’un nom désignant une rue, une route, une place, un chemin… En France, certains odonymes reviennent souvent : avenue du Général-de-gaulle, rue Pasteur ou Jean-jaurès, square Jean-moulin, boulevard Victor-hugo ou Gambetta… Le nom de rue le plus fréquent est « rue de l’église », que l’on retrouve près de chaque clocher. Voilà qui nous ramène au temps des cathédrales, c’est-à-dire au Moyen Âge.
À cette époque, on nomme les voies de communication en fonction de leurs usages ou de leurs particularités. Ainsi, la rue de l’hôpital mène à un hospice, la rue des Tanneurs traverse le quartier des tanneries, et sur la place du Marché on trouve... le marché. Tout est très logique et très parlant ! Le passant savait qu’il risquait de passer un sale quart d’heure lorsqu’il s’engageait dans la rue de la Grande-truanderie. Celle-ci existe toujours dans le centre de Paris, mais rassurez-vous, on y croise désormais bien plus de bobos que de truands! Au Moyen Âge, le piéton savait aussi quel genre de rencontres il pouvait faire dans la rue Trace-putain. Ou dans la rue du Petit-musc, qui est toujours derrière l’hôtel Saint-pol, dans le 4e arrondissement. Son nom vient d’une déformation de l’expression « Pute y musse », c’est-àdire « pute s’y cache » (« musser » signifiant « se cacher » en ancien français). Car c’est ici que les prostituées attendaient autrefois leurs clients. Quant à la rue du Pélican, non loin du Louvre, elle ne fait pas référence à l’oiseau au grand bec (pas vraiment courant en France !), mais de nouveau aux femmes de petite vertu qu’on trouvait là. Pélican vient du surnom « poil au con » donné au XIVE siècle…
Une histoire de propagande
À la fin du XVIE siècle, pour la première fois, les rues prennent des noms sans rapport avec le lieu où elles se trouvent. Sully, ministre et conseiller du roi Henri IV, veut renforcer le pouvoir royal en baptisant de nombreuses rues « rue Royale », « rue de la Royauté », « rue du Trône »… Une propagande bien compréhensible, car nous sommes alors en pleines guerres