Les rivets des AHG
Es ist ein weiter Weg vom Pferdesattel zum Überschallflugzeug. Die südfranzösische Firma AHG ist ihn gegangen.
C’est l’une des plus petites pièces d’un avion, une minuscule tige de titane, d’aluminium ou d’acier, qui pèse en général moins d’un gramme : le rivet. À quoi sert-il ? « Un peu comme le fil qui permet d’assembler un vêtement, le rivet assemble les pièces métalliques pour faire un avion », explique Jean-marc Auriol, patron des AHG – Ateliers de la Haute-garonne. Située près de Toulouse, cette petite entreprise familiale est devenue leader mondial du rivet aéronautique. Elle fournit les principaux constructeurs d’avion de la planète : Airbus, Boeing, Dassault, Bombardier, etc.
Derrière cette réussite, il y a une saga familiale vieille de plus d’un siècle. Elle commence avec un maréchal-ferrant, Marcellin Auriol. En 1915, ce dernier travaille avec quelques forgerons. Il crée les AHG, un modeste atelier qui fabrique des pièces de mitraillettes pour l’armée française.
En 1925, la Première Guerre mondiale est déjà loin. Il faut trouver de nouveaux produits à commercialiser. Un jour, dans une foire-exposition, Auriol découvre une machine suédoise qui transforme le fil d’acier en rivets – ceux-ci étaient jusque-là fabriqués par un forgeron. Fasciné, il achète deux de ces machines et commence à produire des rivets. Il s’en servira d’abord pour relier des lanières de cuir pour la sellerie, avant d’équiper quelques avions à la fin des années 1930.
Tout change dans les années 1950. Séduit par la qualité et le bas coût de ces rivets, Dassault, fabricant d’avions de chasse, fait affaires avec l’entreprise toulousaine qui se spécialise alors seulement dans la production de rivets pour l’aéronautique. Car Auriol en est sûr : l’aviation commerciale a un bel avenir devant elle, et il faut en profiter ! La suite lui donnera raison. En 1953 est créé l’aéroport international de Toulouse, et quelques années plus tard, y décolle la première Caravelle avec… ses rivets AHG.
En 1967, les ateliers relèvent le challenge d’équiper le Concorde. Les 500 000 rivets qui le constituent doivent être adaptés à la chaleur causée par la grande vitesse. Ses ingénieurs inventent alors le rivet conique sous tête, en titane, qui allège l’avion de 300 kg. Grâce à cette réussite, l’entreprise est reconnue dans le monde entier.
En 1971, AHG signe son premier contrat avec Airbus. Devenue numéro 1 du rivet en Europe, l’entreprise toulousaine connaît le succès absolu en 1984 : travailler avec Boeing. Depuis les années 1990, les rivets AHG dominent le marché mondial. Et rien ne semble remettre ce leadership en question. L’entreprise bénéficie aussi d’un trafic aérien en constante augmentation.
À l’usine de Flourens, près de Toulouse, on fabrique chaque jour près de sept millions de rivets. Pour suivre le rythme, AHG emploie près de 300 personnes, dont plusieurs membres de la famille Auriol, comme le confirme Françoise, à la direction commerciale : « Mes parents, mes trois frères, une de mes soeurs, ma fille, et moi. C’est bien une affaire de famille ! » Et l’histoire ne s’arrête pas là. Après avoir ouvert, en 2004, deux usines au Maroc pour se diversifier dans l’activité de la vis, l’entreprise envisage un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros pour 2020.