HISTOIRE DE L’ART
In dieser Rubrik stellen wir Ihnen jeden Monat ein Kunstwerk vor. Diesen Monat ein sehr großes Schmuckstück von René Lalique.
La femme libellule – ein Schmuckstück von René Lalique
Présentée à l’exposition universelle de 1900, à Paris, cette broche imaginée par l’orfèvre René Lalique (1860-1945) en 1897 fait sensation. Portée sur un corsage, elle paraît presque vivante. « La demoiselle […] déploie ses ailes transparentes, ses ailes bleu et vert, qui envelopperont les seins de leur palpitation continue », s’enthousiasme alors l’écrivain Pol Neveux. Comme d’autres visiteurs, il est fasciné par cette scène de métamorphose d’une femme en créature hybride, mi-libellule mi-monstre.
Si son buste reste d’apparence humaine, ses bras eux, se sont transformés en ailes, et ses jambes en un abdomen doré. Long et articulé, celui-ci permet à la broche d’épouser la forme des poitrines les plus généreuses. Le casque posé sur la tête de cette femme-libellule est décoré de scarabées et représente les yeux de l’insecte. Son buste semble émerger des mâchoires d’un monstre à tête d’or et aux griffes acérées. Comment ne pas être troublé par cette créature fantastique sortant d’une chrysalide monstrueuse ?
Avec René Lalique, les bijoux ne sont plus un étalage de pierres précieuses, mais deviennent plus sobres. D’ailleurs, la femme-libellule éblouit par ses couleurs parsemées en simples petites touches. Les ailes de l’insecte sont délicatement incrustées de pierres translucides et d’émaux irisés de bleu et de vert, eux-mêmes cerclés de diamants.le tout évoquant la beauté fragile des vitraux des cathédrales. Chez Lalique, artiste de l’art nouveau, les femmes se muent souvent en insecte, en poisson, en fleur, ne conservant d’humain que le visage ou le torse. Souvent, elles apparaissent mystérieuses et inquiétantes, dotées d’une troublante sensualité, à la fois séduisantes et meurtrières. Ce monde de contrastes et d’oppo sitions est typique du goût de l’époque, où le beau côtoie l’horrible.
La métamorphose de cette femmelibellule reste un spectacle fragile, émouvant. Énigmatique, son visage semble aussi inoffensif que ses ailes fines et frémissantes, qu’un rien pourrait briser. Pourtant, à mesure qu’elle se transforme, apparaît la dangerosité d’un monstre féroce dont la queue s’achève par deux aiguillons que l’on devine fatals.
Qui portait ce genre de bijoux «excentriques»? René Lalique travaillait beaucoup pour les comédiennes de théâtre. Ce qui explique leurs aspects spectaculaires et leurs tailles impressionnantes. Le bijou devait être vu de loin. Une légende voudrait que la tragédienne Sarah Bernhardt ait porté la femme-libellule. Une actrice planétaire qui avait gagné le surnom de « divine » auprès du public, et pour laquelle Jean Cocteau avait inventé l’expression de « monstre sacré ». À femme d’exception, bijou d’exception.