Ecoute

COIN LIBRAIRIE

-

Auf diesen Seiten stellen wir Ihnen jeden Monat drei Bücher vor.

ROMAN

Quand on demande à Jmiaa ce qu’elle fait dans la vie, elle répond toujours qu’elle s’occupe de sa vieille tante malade. Cette réponse a l’avantage de faire taire les mauvaises langues. En réalité, Jmiaa, mère célibatair­e de 34 ans, est prostituée. Dans son quartier de Casablanca, elle est connue pour son caractère et son franc-parler qui imposent le respect. Au fil des pages, on découvre sa vie actuelle, entre la télévision et l’alcool, mais aussi son parcours avant qu’elle ne se lance dans la prostituti­on : son histoire d’amour avec Hamid, la naissance de leur fille, puis le départ de Hamid… Tous les épisodes d’une vie qui alternent bonheur et coups durs. Jusqu’au jour où arrive « Bouche de cheval ». C’est le surnom que Jmiaa donne à cette étrange réalisatri­ce à la recherche d’une actrice. Cette même réalisatri­ce qui va la catapulter dans le monde du cinéma.

Ce roman est écrit dans un style qui mélange un français parfois cru, l’arabe et l’argot. Un glossaire en fin de livre aide à en comprendre toutes les subtilités. Cette oeuvre incisive sera bientôt adaptée au cinéma.

La vérité sort de la bouche du cheval. Meryem Alaoui. Éditions Gallimard. 272 pages. Niveau moyen.

La première chose que j’ai vue de lui, ce sont ses cheveux. C’était la fin d’une journée d’été, longue comme la mort. Le soleil tapait fort encore. Sous son reflet, les cheveux de Hamid brillaient autant que le pot d’échappemen­t de sa moto. Il en avait des tonnes et ils étaient aussi noirs que la nigelle. Les gens racontent que la nigelle protège du mauvais oeil. Je ne peux pas te dire si c’est vrai ou pas. Par contre, je peux te dire que moi, elle a perforé les miens. Comme ça roulait plutôt bien pour lui, il était toujours bien habillé. Il était grand et mince mais fort. Une beauté arabe, avec des sourcils épais. J’étais folle de lui. Toutes les filles du quartier l’étaient. […]

Petit à petit, il a commencé à me parler et à me sourire. Comme il me plaisait, j’avais le coeur qui sortait de sa place chaque fois qu’il me regardait. Tu sais comment c’est quand tu es jeune. Un regard allume un brasier.

On a commencé à se parler. Et petit à petit, de « parle-moi que je te parle », on est passé à « embrasse-moi que je t’embrasse », puis à « touche-moi que je te touche », et de là on a voulu passer à autre chose.

 ??  ?? EXTRAIT DE TEXTE
EXTRAIT DE TEXTE

Newspapers in French

Newspapers from Austria