6 LA FRANÇAFRIQUE DURE ENCORE
Le mot « Françafrique » a été inventé par le journaliste Francois-xavier Verschave. Il désigne l’ensemble des relations politiques, économiques, militaires et culturelles entre la France et ses anciennes colonies d’afrique noire depuis les années 60 : Cameroun, Togo, Mali, Sénégal, Burkina Faso, Côte d’ivoire, Bénin, Niger, etc. Le terme de « Françafrique » a une connotation négative. Ce n’est pas une diplomatie « officielle », menée par le ministère des Affaires étrangères, mais une diplomatie de l’ombre. Elle est conduite par les « conseillers spéciaux » des présidents. Le premier, et plus célèbre d’entre eux, est Jacques Foccart. Il était surnommé le « Monsieur Afrique » du président Charles de Gaulle et de son successeur, Georges Pompidou. Cette diplomatie « parallèle » vise à défendre uniquement les intérêts – économiques, surtout – de la France. Et ce, par divers moyens tels que la corruption ou la fraude électorale. Pour faire simple, c’est la France qui choisissait les chefs d’état africains, peu importe s’ils étaient des dictateurs. Tant qu’ils restaient fidèles à la France, celle-ci fermait les yeux sur leurs crimes.
Grâce à ce système illégal, la France s’assure l’accès aux matières premières, comme le pétrole au Gabon, ou l’uranium au Niger. Des groupes industriels tricolores (Bolloré au Cameroun ou Total Fina au Gabon) peuvent ainsi renforcer leurs positions. Les partis politiques français sont « remerciés » par certains présidents africains au moyen de mallettes d’argent liquide remises dans le plus grand secret. La Françafrique permet également à la France d’avoir plus de poids à L’ONU : les résolutions qu’elle propose seront systématiquement soutenues par ses pays africains « amis ».
La Françafrique est-elle en train de disparaître ? De plus en plus de gouvernements africains refusent ce système. L’arrivée de la Chine en Afrique noire modifie la situation. La France perd de son influence dans ses anciennes colonies. Depuis les années 2000, chaque président français jure que c’en est fini de la Françafrique. Pourtant, aucun ne semble renoncer à ces méthodes de clientélisme et de réseaux. Il y a encore 10 000 militaires français en Afrique noire, ce qui fait de la France la première force militaire occidentale sur ce continent. Lors de sa visite au Sénégal, le président Emmanuel Macron a défilé en voiture en saluant la foule qui agitait des petits drapeaux bleublanc-rouge. Une scène typique du siècle dernier.
L’afrique est le continent abritant le plus de locuteurs francophones.