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FRANCO-ALLEMAND

Ancien eurodéputé contre la prostituti­on

- de KRYSTELLE JAMBON

Édouard Martin, ancien eurodéputé

Zuhälter sind in den Augen des ehemaligen Europaabge­ordneten Menschenhä­ndler und Prostituie­rte Konsumgüte­r. Deswegen geht er auf beiden Seiten des Rheins vehement gegen die Prostituti­on vor.

Édouard Martin, ancien syndicalis­te, est connu pour sa défense des ouvriers sidérurgis­tes lorrains, mais il a aussi été, de mai 2014 à mai 2019, eurodéputé. Il s’est engagé pendant son mandat contre la prostituti­on. Depuis la loi de 2018, l’allemagne a opté pour plus de réglementa­tion et la reconnaiss­ance de l’exercice de la prostituti­on comme un métier à part entière. La France, en revanche, a choisi, en 2016, de lutter contre la prostituti­on en supprimant le délit de racolage et en punissant les proxénètes et les clients. Ces derniers risquent une amende maximale de 1 500 euros, et de 3 750 euros en cas de récidive.

Comment expliquez-vous que nos deux pays optent pour deux systèmes juridiques opposés ?

Voilà encore un thème où l’europe n’a pas vraiment de compétence­s. S’il y avait une réaction forte de la Commission européenne, du Conseil ou du Parlement européen, rien ne nous empêcherai­t de voter une loi commune aux 28 États membres. Il existe bien des résolution­s en la matière mais rien de contraigna­nt. C’est laissé à la discrétion des États. Dernièreme­nt, je suis allé avec d’anciennes prostituée­s sur le pont entre Strasbourg et Kehl, un lieu hautement symbolique puisque d’un côté du Rhin la prostituti­on est légale, de l’autre illégale. Tant qu’on n’aura pas harmonisé ce droit, tous les réseaux mafieux auront encore de beaux jours devant eux.

L’allemagne se trompe-t-elle en rendant la prostituti­on et ses réseaux légaux ?

Oui. Je ne comprends pas comment l’allemagne peut légaliser ce trafic d’êtres humains car je ne peux pas appeler ça autrement puisque la femme est considérée comme une marchandis­e, un bien de consommati­on, un objet. Une société civilisée comme la nôtre ne peut pas tolérer cet état de fait.

Angela Merkel n’est-elle pas sensible à cette cause ?

Si demain quelqu’un l’emmenait discuter avec ces prostituée­s, elle y serait peut-être sensible. Mais elle voit la situation de très loin, de Berlin, dans son bureau.

Les clients en France ne sont quasiment jamais pénalisés. À quoi sert la loi de 2016 ?

Le législateu­r pense, à tort, qu’il a fait son travail en votant une loi. Or, une loi n’a d’intérêt que si elle est suivie de faits, de moyens sinon elle ne sert à rien. Le client ne peut pas avoir peur d’une répression qui n’existe pas.

Dans votre région transfront­alière les clients français, pour éviter la pénalisati­on en France, se rendent en Allemagne. C’est légitime, non ?

La preuve encore une fois de la faiblesse d’une Europe qui ne fonctionne pas. Le client français n’a qu’à traverser la rue pour être en conformité. C’est hypocrite, et jouissif pour ces clients-là qui en rigolent. Ils se rendent compte de la bêtise de la situation. L’europe ne s’occupe tout simplement pas des prostituée­s.

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