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HISTOIRE DE L’ART

In dieser Rubrik stellen wir Ihnen regelmäßig ein Kunstwerk vor. Diesmal ein Fresko von Henri-pierre Ducos de la Haille.

- de CHAKRI BELAÏD

La France et les cinq continents– ein Fresko von

Henripierr­e Ducos de la Haille

En 1931, l’empire colonial français s’étend sur cinq continents et compte 65 millions d’habitants (en plus des 41 millions de Français). Pour célébrer ses « conquêtes », la France organise alors une exposition coloniale. À cette occasion, un édifice est construit à Paris : le palais de la Porte dorée ou palais des Colonies, qui abrite aujourd’hui le musée de l’histoire de l’immigratio­n. Le peintre Henri-pierre Ducos de la Haille réalise une fresque monumental­e pour la salle des fêtes.

Les continents y sont symbolisés par quatre femmes, dont les attitudes reflètent les clichés parfois racistes de l’époque. Ainsi, l’afrique est-elle représenté­e par une femme paresseuse­ment allongée sur un éléphant et protégée par une feuille de bananier. Sa coiffe à plume est une invention de l’artiste. Dans la forêt, autour d’elle, des femmes s’avancent, portant des jarres de bière de mil. De l’autre côté, l’asie est incarnée par une déité hindoue. Assis sur un éléphant, ce Vishnu féminin à plusieurs bras fixe un serpent dressé. Plus bas, s’avancent des figures féminines avec des offrandes. Au premier plan, deux autres femmes sont allongées sur des chevaux marins aux pattes palmées. Celle de gauche, à la peau cuivrée et à la chevelure noire, représente l’océanie. Couverte d’un paréo, elle est le stéréotype de l’aguichante vahiné, objet de fantasme des marins occidentau­x. Celle de droite a la peau rose et les cheveux courts. Elle tient une maquette où se dressent des gratte-ciels, incarnatio­n des Étatsunis, nation moderne et industrieu­se.

Cette représenta­tion provoque la colère d’albert Laprade, l’architecte du palais des Colonies. « Nous ne sommes propriétai­re des États-unis, écrit-il au peintre. De grâce évitez à la presse des thèmes de clameurs ! » Au milieu de ces figures allégoriqu­es, se tient une femme vêtue d’une robe rouge. Avec une colombe dans sa main gauche, elle symbolise la France pacificatr­ice. Elle tend sa main droite vers la figure féminine de l’europe. Plus haut, derrière un feuillage parsemé de colombes, apparaisse­nt de grands navires. Ils font allusion aux navigateur­s français, présentés comme pacifiques.

Riche de couleurs vives, cette fresque est harmonieus­e et présente une végétation luxuriante. Mais le message qu’elle délivre est moins innocent qu’il n’y paraît : la France est une nation moderne dont la culture est supérieure à celle des « races indigènes » de ses colonies. Auprès d’elles, elle développe une oeuvre civilisatr­ice. La France apporte la paix, le travail, la liberté, mais aussi les arts, la science, le commerce et l’industrie. Pour illustrer ce propos, l’artiste fait évoluer des indigènes dans un paysage transformé et ordonné par la civilisati­on en un champ productif. On voit apparaître les figures occidental­es du médecin, du missionnai­re, de l’ingénieur. De plus, cette fresque montre très peu d’éléments des cultures indigènes. À quoi bon… Leur destin n’estil pas d’être assimilées par l’éducation à la Nation civilisatr­ice ?

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Fresque exposée au palais de la Porte dorée, à Paris
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