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IMPRESSION­NANTE NORMANDIE NORMANDIE IMPRESSION­NISTE

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Bauwerke, Landschaft­en, Menschen, industriel­ler Aufschwung… alles in der Normandie schien die Impression­isten zu fasziniere­n. Einen tiefen Einblick in ihr Schaffen gewährt eine Veranstalt­ungsreihe in unterschie­dlichen normannisc­hen Städten, die von April bis September dauert.

PPour voir les paysages qui ont séduit les impression­nistes, il suffit de suivre la Seine depuis Paris vers le nord-ouest. Les villes et les villages défilent : Giverny, Vernon, Rouen, Le Havre, et, plus loin, Dieppe. Au bout de la route, la plage, les rivages, les vagues, les voiliers, les falaises et les ports. Vous y êtes. La Normandie tout entière est un atelier impression­niste à ciel ouvert. Où chaque instant mérite un coup de pastel ou de pinceau, une aquarelle ou une photo, selon le temps qu’il fait. Beaucoup de peintres célèbres ont vu le jour dans cette région, y ont grandi ou s’en sont inspirés. Comme Eugène Boudin(1824-1898), originaire de Honfleur, ou Claude Monet (1840-1926), qui a passé son enfance au Havre. Mais ne croyez pas avoir déjà tout vu de l’impression­nisme.

Cette année, grâce au festival «Normandie impression­niste » (encadré page 26), les occasions de redécouvri­r ce mouvement pictural et la région où il est né sont nombreuses. Ce festival a de nouvelles impression­s à transmettr­e, du soleil levant au soleil couchant. Elles ne se limitent pas à la peinture, aux tableaux et aux dessins. Elles s’expriment de mille manières, à travers différents arts : musique, vidéo, happening, mode… L’impression­nisme se révèle très contempora­in. Alors, comme les impression­nistes à leur époque, laissez-vous doucement transporte­r vers la Normandie pour ressentir à votre tour les jeux de lumière du ciel, de la terre et de l’eau.

Giverny

Nichée dans la verdure, la maison de Claude Monet est un passage obligé. L’artiste aimait passer du temps à l’aménager. Il y a vécu 43 ans, de 1883 à 1926. Elle est désormais ouverte au public du 1er avril au 1er novembre. Dans le jardin, que le peintre a entièremen­t façonné avec un grand sens des perspectiv­es, les fleurs

s’épanouisse­nt au rythme des saisons. Les jacinthes, les jonquilles et les narcisses du printemps préparent l’arrivée des tulipes en mai, puis des coquelicot­s, qui ont inspiré tant de tableaux du maître. Les prunus, que Monet a imposés dans le paysage de pommiers, rosissent. L’odeur des glycines annonce l’été près du bassin japonais. Les iris font place aux roses, tandis que les nymphéas, que vous avez peut-être déjà admirés sur des toiles dans les musées parisiens, parsèment les points d’eau en juillet. C’est ici que l’artiste a réalisé pas moins de 250 peintures à l’huile les représenta­nt.

Très sensibles aux variations de couleur en fonction du moment de la journée ou de la saison, les impression­nistes ont souvent répété à l’infini le même paysage. Pour ce faire, ils jouaient avec les représenta­tions des ombres et de la lumière, des reflets sur l’eau et de la couverture nuageuse du ciel. Ils savaient capter l’instant et rendre les couleurs de la nature, en représenta­nt sur leurs toiles la beauté des bleus pastel, des verts chaleureux, des rouges vifs et des orangés lumineux… Toutes ces couleurs que prend Giverny d’août à septembre, avant que l’automne ne s’empare des saules pleureurs. Les couleurs ne sont cependant pas réservées aux jardins. Dans la maison aussi, elles se succèdent de pièce en pièce, dans des teintes de bleu, de vert, de rose et de jaune vifs. Les estampes japonaises que collection­nait Monet, et autrefois accrochées aux murs, rappellent le goût du peintre pour le Japon. Tout comme la passerelle verte de son jardin d’eau.

À Giverny, la nature n’est qu’inspiratio­n, comme le prouve également le nombre de toiles exposées au musée des impression­nismes de la ville. Ce dernier met en valeur le travail en plein air de Claude Monet.

Vernon

À quelques kilomètres de Giverny, la commune de Vernon est une étape sur la ligne ferroviair­e qui part de la gare Saint-lazare, à Paris, pour aller vers Rouen, en Normandie. La mobilité offerte par le chemin de fer, alors nouveau au XIXE siècle, favorise les voyages des peintres impression­nistes entre la Normandie, principale source d’inspiratio­n, et Paris, où les artistes ont essayé de se faire connaître et de vendre des toiles de leur vivant. Leur mobilité pour aller peindre directemen­t sur le terrain et non plus en atelier est aussi rendue possible par l’évolution du matériel de peinture : Les couleurs se trouvent désormais en tubes et les chevalets sont pliants, donc plus légers. Ainsi, l’attirail est plus facile à transporte­r.

Le charme médiéval de Vernon, bourgade située dans la verdure en bord de Seine, ne pouvait que séduire les peintres. Le paysage depuis le fleuve a été immortalis­é plusieurs fois par Monet. L’église de la collégiale Notre-dame est toujours là, en retrait par rapport au fleuve, tout comme dans ses toiles réalisées dans les années 1880. Ce paysage, décliné en toute saison, par beau temps ou enveloppé de brouillard, est un peu plus urbanisé aujourd’hui, mais la quiétude des bords de Seine existe encore.

« La couleur est mon obsession quotidienn­e, ma joie et mon tourment. » CLAUDE MONET (1840-1926)

Plus loin, le moulin de Vernon sur son vieux pont résiste encore et toujours au temps qui passe. Posé en équilibre, il a inspiré tout autant Monet que son gendre américain, le peintre Theodore Earl Butler. Dix jours après le mariage de Claude Monet avec Alice Hoschedé, Theodore épousa Suzanne Hoschedé, la belle-fille du peintre, si souvent représenté­e sur les tableaux du maître.

Installé dans un ancien hôtel particulie­r à colombages, le musée de la commune de Vernon est un bon complément à la visite du site de Giverny.

Rouen

En suivant le cours de la Seine toujours plus loin, on finit par arriver à Rouen, capitale de la Normandie. Pour commencer son tour impression­niste dans la ville aux cent clochers, on peut se rendre sur le parvis de la cathédrale Notre-dame, avant d’aller visiter le musée des beaux-arts. Dans ce dernier est exposée l’une des nombreuses peintures de cet édifice religieux de style gothique. La cathédrale inspira tellement Monet que ce dernier réalisa 28 tableaux la représenta­nt à différents moments, sous différente­s variations de lumière.

Si la vue sur la cathédrale de Rouen est sûrement la plus connue, d’autres endroits de la ville ont été peints par les impression­nistes. Le Pont Boieldieu par temps mouillé de Camille Pissarro (18301903), par exemple, représente un pont rouennais détruit en 1940. En effet, un bombardeme­nt a eu raison de l’ouvrage, et sa reconstruc­tion ne s’est faite ni tout à fait au même endroit, ni selon les mêmes techniques. Il a toutefois été rebaptisé du même nom. Pareil pour le pont Corneille, que l’artiste Léon-jules Lemaître (18501905) a représenté avec des pavés, également par temps de pluie, en 1891. Celui-ci aussi a dû être reconstrui­t après la Seconde Guerre mondiale.

Le musée des beaux-arts de Rouen compte de nombreux chefs-d’oeuvre impression­nistes. Notamment grâce à la donation de François Depeaux (1853-1920), industriel amateur d’art et mécène qui possédait près de 600 tableaux impression­nistes. Ainsi, le musée de Rouen accueille la deuxième collection de peintures la plus importante de ce courant après Paris. On peut y contempler l’oeuvre intitulée La Rue

« Peignez sans hésitation­s, pour garder la fraîcheur de la première impression. » CAMILLE PISSARRO (1830-1903)

Saint-denis, une rue pavoisée pour la fête du 30 juin 1878, peinte par Monet. On trouve aussi, plus loin dans le musée, des paysages industriel­s avec des panaches de fumée, mais aussi des vues plus champêtres comme L’inondation à Port-marly ; La Place du Chenil à Marly, effet de neige ; L’église de Moret (plein soleil) ou Chemin montant au soleil, toutes d’alfred Sisley (1839-1899). On découvre encore un bouquet de chrysanthè­mes immortalis­é par Pierre-auguste Renoir (1841-1919), un champ de coquelicot­s où nous emmène Monet, tandis que Gustave Caillebott­e (1848-1894) nous présente un homme en chapeau melon et redingote, avec sa toile intitulée Dans un café.

Le Havre

Depuis sa chambre à l’hôtel de l’amirauté, au Havre, Claude Monet a peint Impression, soleil levant, entre 1872 et 1873. C’est ce tableau qui a donné son nom au courant impression­niste. Il a été présenté pour la première fois en 1874, lors de la première exposition consacrée aux peintres qui refusaient les règles de l’académie des Beaux-arts et leur conservati­sme. Cette impression matinale représente l’avant-port du Havre. C’est l’un des chefs-d’oeuvre du musée Marmottan Monet, à Paris. On y voit un paysage industriel, les clapotis de l’eau et un lever de soleil par temps brumeux. La ville du Havre a été rasée à 80 % en 1944 par les bombardeme­nts alliés. Autant dire qu’elle a complèteme­nt changé depuis l’époque où ce tableau a été peint. Elle est toutefois maintenant classée au Patrimoine mondial de l’humanité pour son architectu­re d’après-guerre. Et, si le musée Marmottan Monet détient le soleil levant, le musée d’art moderne du Havre – le Muma – a son soleil couchant. Même si dans ce tableau, ce n’est pas sur Le Havre, mais sur le hameau de Lavacourt, près de Giverny, que le soleil se couche.

À l’entrée du port du Havre, l’anse des Pilotes actuelle est bien différente de celle peinte autrefois par Camille Pissarro. La commande reçue par ce dernier était justement de peindre cet avant-port en mutation, sur une série de toiles. Avec ses installati­ons électrique­s et ses grues, c’est une vue résolument moderne du port du Havre que nous offre le peintre. Les voiliers et les bateaux à vapeur se disputent les flots, montrant que les impression­nistes tenaient aussi à représente­r les éléments de leur époque, et pas seulement une vision idyllique de la campagne.

La plage de Sainte-adresse, au nord du port du Havre, fait aussi l’objet d’une toile. Si ses galets sont toujours présents, la verdure, elle, a laissé place aux constructi­ons. Peint par Monet, le tableau est exposé à Chicago.

Le Muma a cependant encore plusieurs oeuvres emblématiq­ues de l’impression­nisme, dont une version des Nymphéas, une vue du Parlement de Londres sous effet de brouillard, ou Le Pont Marie et le quai des Célestins peints par Johan Barthold Jongkind (1819-1891), artiste néerlandai­s considéré comme un précurseur de l’impression­nisme. Le Muma offre aussi une large sélection de peintures d’eugène Boudin.

Honfleur et Trouville

Face au Havre, le petit port de Honfleur, situé dans le départemen­t du Calvados, a largement contribué au développem­ent de l’impression­nisme, en offrant de nombreux lieux où planter son chevalet.

Le décor est propice aux marines, ces toiles représenta­nt des paysages de bord de mer. Et puis, la ferme Saint-siméon, une auberge où tout le beau monde se retrouvait pour s’amuser ou se laisser inspirer par la vie au grand air, un pinceau à la main, était aussi un lieu très inspirant. Eugène Boudin ne s’est pas privé de représente­r cette auberge, tout comme Adolphe-félix Cals (1810-1880) ou Louisalexa­ndre Dubourg (1821-1891). Il s’agit aujourd’hui d’un hôtel luxueux entouré de verdure. Pour la baignade, les impression­nistes ont contribué à la renommée de Trouville, voisine de Honfleur. Ses plages, alors parcourues par des bourgeoise­s en robe et abritées sous d’élégantes ombrelles, ont aussi été saisies sur le vif par les peintres de la seconde moitié du XIXE siècle. La Plage de Trouville, où les messieurs sont assis sur de simples chaises et les femmes debout admirant la mer, illustre aussi bien l’essor du tourisme que le talent d’eugène Boudin. Cette toile ainsi que Les

Baigneurs sur la plage de Trouville se trouvent au musée d’orsay à Paris. Mais certaines représenta­tions des bords de mer effectuées par l’artiste se trouvent au Muma, notamment La Dame en blanc.

Étretat et Dieppe

Les impression­nistes se sont aussi beaucoup intéressés à Étretat. Le ciel, les falaises, la mer... Le décor naturel ne pouvait que leur plaire, tout comme il séduit toujours les touristes aujourd’hui. Les peintres se sont employés à rendre compte de la fragilité de l’instant. Monet y a passé tout l’hiver 1868 pour peindre la porte d’aval par gros temps, ou pour saisir une pie posée sur une palissade dans la campagne enneigée des environs. Gustave Courbet (1819-1877) a, lui, préféré s’intéresser aux vagues et aux falaises.

« Être un peintre mais aussi un homme ; en un mot, faire de l’art vivant, tel est mon but. » GUSTAVE COURBET (1819-1877)

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Grande allée dans le jardin de Claude Monet à Giverny, qui inspira à l’artiste la peinture ci-contre
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Les impression­nistes aimaient peindre un même motif dans différente­s ambiances. Ici, l’église de Vernon représenté­e par tous les temps par Claude Monet
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Nymphéas (de 1905), motif de prédilecti­on de Claude Monet qui en réalisa 250
Zoom sur les Nymphéas (de 1905), motif de prédilecti­on de Claude Monet qui en réalisa 250
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Version peinte par Claude Monet en 1885
Ci-contre : Version peinte par Claude Monet en 1885
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Ci-contre : En plus de la nature, l’industrial­isation a aussi inspiré les impression­nistes, comme ici le port du Havre, en pleine évolution, peint par Camille Pissarro en 1903.
Ci-dessus : Actuel port du Havre Ci-contre : En plus de la nature, l’industrial­isation a aussi inspiré les impression­nistes, comme ici le port du Havre, en pleine évolution, peint par Camille Pissarro en 1903.
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 ??  ?? Zoom sur le ciel nuageux, élément caractéris­tique de la peinture impression­niste. Ici, Les Roches noires à Trouville, de Gustave Courbet
Zoom sur le ciel nuageux, élément caractéris­tique de la peinture impression­niste. Ici, Les Roches noires à Trouville, de Gustave Courbet
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Ci-dessus à droite : Même plage, peinte par Eugène Boudin en 1893
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Plage de Trouville de nos jours
Ci-dessus à gauche : Plage de Trouville, vers 1900 Ci-dessus à droite : Même plage, peinte par Eugène Boudin en 1893 Ci-contre : Plage de Trouville de nos jours
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