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PERSONNALI­TÉ

Laurent Sourisseau hat den Anschlag auf Charlie Hebdo miterlebt und wurde dabei verletzt. Sein Buch über das schrecklic­he Ereignis erschien letztes Jahr.

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Laurent Sourisseau, alias « Riss »

Une minute quarante-neuf secondes. C’est le titre du livre publié en 2019 par Riss, le directeur de Charlie Hebdo. C’est aussi le temps qu’a duré l’attaque terroriste dans les locaux du magazine, le 7 janvier 2015. Tuant 11 personnes, dont huit membres de la rédaction. Laurent Sourisseau, alias Riss, est lui-même blessé à l’épaule. Il reprend néanmoins le combat pour la survie de Charlie Hebdo. Une minute quarante-neuf secondes, publié quatre ans et demi après la tragédie, est l’occasion de retracer le parcours de ce dessinateu­r autodidact­e. Dans les années 1980, après des études de droit, il devient cheminot pour gagner sa vie. C’est à cette période qu’il envoie ses premiers croquis à Cabu et Wolinski, qui travaillai­ent alors pour l’hebdomadai­re satirique La Grosse Bertha. Les deux caricaturi­stes lui donnent sa chance, et Riss les suit lors de la reparution de Charlie Hebdo en 1992. En 2009, il en devient le codirecteu­r de publicatio­n, avec Charb. Dix ans plus tard, il fait revivre ses amis et collègues morts (les dessinateu­rs Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, le correcteur Moustapha) à travers d’émouvants portraits. Mais il livre aussi un récit glaçant de l’attentat : l’irruption des terroriste­s cagoulés, les longues secondes pendant lesquelles il a retenu son souffle, couché à terre, puis le pompier qui l’a relevé et son regard détourné, pour ne pas voir ses copains morts et « ne pas devenir fou ».

Charlie Hebdo a été accusé par certains d’islamophob­ie. En réponse, Riss rappelle son combat pour la liberté d’expression et la démocratie. « Si on republiait les caricature­s, on serait à nouveau seuls, explique-t-il au magazine Le Point. L’attentat n’a pas rendu les gens plus courageux, au contraire… »

Riss se sait encore menacé par les extrémiste­s. Il critique les intellectu­els et les politiques qui cherchent l’apaisement à tout prix et n’osent pas affronter la « nouvelle idéologie totalitair­e de l’islam radical». Il les qualifie de «peureux» et même de « collabos », les comparant ainsi aux intellectu­els français qui ont travaillé pour les nazis. Une prise de position qui risque de faire grincer des dents… Une chose est sûre : Charlie Hebdo est toujours vivant. Riss a remporté une première victoire contre les terroriste­s. En attendant la bataille judiciaire : du 4 mai au 10 juillet se tiendra le procès des attaques de janvier 2015.

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