Puisaye, la Bourgogne profonde
Es ist das Land der Wälder, Teiche, Töpfer und Schriftsteller ... Im Norden des Burgund gelegen, ist die Puisaye zu einer der Lieblingsregionen der Pariser geworden. Willkommen im Land von Colette, die diese zeitlose, ländliche Region so gut beschrieben hat.
LLa Puisaye tire son nom de deux noms celtes : « poël », l’étang, et « say », la forêt. Tout est dit : des forêts et de l’eau. Tout le charme de cette région naturelle tient dans ce mélange. Les paysages sont doux, harmonieux. De temps en temps, on croise un château médiéval ou un petit village d’autrefois. Rien de pompeux. Rien de moderne. C’est sans doute pour cela qu’elle plaît à tant de Parisiens. Beaucoup d’entre eux y ont une résidence secondaire.
Sur les pas de Colette
Commençons par le village de Saintsauveur-en-puisaye. « C’est un village, pas très joli, et pourtant je l’adore », disait Sidonie-gabrielle Colette. En 1873, elle y voit le jour, dans une « maison grave et revêche ». Elle y passera les dixhuit premières années de sa vie. Dixhuit années d’un bonheur immense. Il suffit de relire la série des Claudine pour tomber amoureux de la Puisaye. L’écrivaine se remémore ses sensations de jeune fille rêveuse dans le jardin de ses parents : l’odeur des confitures, le parfum de la terre après la pluie, les yeux mystérieux d’un chat…
L’écriture et le style de Colette ont séduit des millions de lecteurs. Beaucoup viennent aujourd’hui visiter sa maison natale, au coeur du village. Celle-ci a fait l’objet d’un gros chantier de restitution : la couleur des volets a été retrouvée, tout comme le papier peint à motifs chinois, les carreaux des vitres en verre soufflé… Le piano sur lequel on jouait du Schumann est toujours là. Tout comme la vieille glycine, qui fait un dôme violet dès le mois de mai. Colette ne serait pas dépaysée si elle revenait chez elle !
À Saint-sauveur, 200 lieux décrits par l’écrivain ont été retrouvés. Un sentier Colette a été ouvert par les élèves du collège local. Le collège Colette, évidemment ! Il existe également un musée Colette, plus loin dans le village. On peut même visiter sur rendez-vous la petite salle de classe qu’a connue l’écrivaine lorsqu’elle était écolière.
Quant au village de Saint-sauveur, le temps semble s’être arrêté. Il faut flâner dans ses ruelles, puis s’aventurer autour du village. Tout autour, on regarde la campagne avec les yeux de Colette : les chemins, les champs et les forêts qui « moutonnent et ondulent jusque là-bas, aussi loin qu’on peut voir ».
Une terre de potiers
Lorsqu’il pleut, la terre se met à coller aux chaussures. Eh oui, c’est bien de l’argile ! On n’est donc pas étonné de voir des ateliers de poterie un peu partout.
À Saint-amand-en-puisaye, on vient de toute la France se former à la céramique. Les poteries domestiques, le « grès de Puisaye», étaient très populaires au XIXE siècle. Désormais, la mode est à une céramique plus actuelle, inspirée du design contemporain.
À l’atelier des Garçons, Jean-marc et Éric inventent des porcelaines aux lignes douces, aux couleurs acidulées. La poterie locale redémarre grâce à ce type de passionnés. L’une de leurs créations est un gobelet qui porte des empreintes de pattes de chat. Un hommage à Colette, qui aimait tant les félins…
Au château de Ratilly, c’est une autre histoire de terre, d’eau et de feu. Le château est une merveille. En toute saison, la lumière joue sur sa pierre rousse, brune, ocre. Cette forteresse médiévale est gardée par des tours rondes et un pont-levis. La guerre de Cent Ans et les guerres de Religion ont fait rage ici. Aujourd’hui, Ratilly est un lieu de paix… et de création. La famille Pierlot, qui s’y est installée dans les années 1950, a transformé le château en un centre d’art vivant. On y produit des céramiques très appréciées, faites dans les règles de l’art. Le château accueille aussi des chorégraphes, des musiciens, des comédiens, qui viennent créer, répéter, s’inspirer du lieu. Ici, un violoniste peut croiser un potier aux mains pleines d’argile, ou un artiste qui accroche ses tableaux.
Et l’énergie de Ratilly est contagieuse. La Puisaye fourmille d’artistes venus s’installer au calme, et de nombreuses galeries ouvrent dans les villages alentour. À Dicy, voici un étonnant musée d’art brut, La Fabuloserie. À Fontenoy, un petit château de campagne du XVIIE siècle abrite le Centre régional d’art contemporain. À Toucy, l’ancienne Poste, un hôtel particulier de la même époque, expose des oeuvres de céramique contemporaine. À Saint-sauveur-en-puisaye, une ancienne briqueterie a été transformée en ruche artistique il y a quelques années. La Poèterie accueille un sculpteur sur métal, un photographe de mode, une styliste japonaise, des musiciens… C’est le sculpteur Vincent Magni qui a retapé cette usine désaffectée aux deux cheminées. Ses créatures en acier décorent les lieux. Parmi celles-ci, un escargot géant, clin d’oeil aux célèbres escargots de Bourgogne, la spécialité régionale.
Comme au Moyen Âge
Qui dit Bourgogne, dit gastronomie… Ça tombe bien, la petite cité de Toucy compte l’un des plus beaux marchés de la région. Le samedi, les stands regorgent de produits du terroir, de fruits et légumes, et même de volailles vivantes ! Une tradition toujours là...
En se promenant dans les rues, on croisera souvent le nom de Pierre Larousse. L’inventeur du dictionnaire de la langue française est né ici, en 1817. C’est pourquoi une école, un collège et
un lycée portent son nom, mais aussi un boulevard et un gâteau local… Colette utilisait-elle le dictionnaire Larousse? L’histoire ne le dit pas.
Un nom du pays de Puisaye entrera sans doute dans les encyclopédies de demain, à la lettre G : Guédelon. Ce château médiéval vit une aventure extraordinaire. Il est en effet… en construction ! Oui, vous avez bien lu : un château du Moyen Âge est en train d’être bâti sous nos yeux. En 1997, Michel Guyot tente un pari fou : édifier un véritable château fort du XIIIE siècle comme au Moyen Âge, sans électricité ni engin mécanique, dans la commune de Treigny. Le but de cette expérience est de comprendre l’organisation et les techniques d’un chantier médiéval. Chaque année à la belle saison, des bénévoles construisent le château de Guédelon, pierre après pierre, comme à l’époque. Une quarantaine d’ouvriers, charpentiers, tailleurs de pierre, maçons bâtissent des tours, élèvent des arcs brisés, cuisent des tuiles… Le grand public assiste au chantier, à raison de 300 000 visiteurs par an. En venant à Guédelon, on réalise l’ingéniosité des bâtisseurs du Moyen Âge. Autrefois, un chantier similaire demandait près de 12 ans de travail. À Guédelon, les travaux ont été lancés il y a 23 ans. Et le gros-oeuvre ne sera pas terminé avant une dizaine d’années. Ensuite, il faudra meubler et décorer le château, puis construire un bourg médiéval autour. Un chantier sans fin.
L’art à la campagne
Ceux qui veulent voir un château achevé iront à Saint-fargeau. Des tours en briques roses, une toiture d’ardoises grises… L’actuel propriétaire est Michel Guyot, l’homme à l’origine du château de Guédelon. Depuis 40 ans, un spectacle historique fait revivre Saint-fargeau. Près de 700 figurants costumés participent bénévolement à ce son et lumière.
Terminons notre voyage par la visite d’une ferme pas comme les autres, dans la commune de Parly. La Métairie Bruyère n’abrite plus de tracteur, mais de vieilles presses d’imprimerie. Nous voici dans le Centre d’art graphique créé en 1985 par Robert et Lydie Dutrou, imprimeurs et éditeurs d’art parisiens. Cette imprimerie d’art est dédiée à la gravure et à l’édition de livres d’artistes. Elle a vu passer des oeuvres de Braque, Picasso, Miró… Des artistes de tous bords viennent ici en résidence. Ils y créent une oeuvre unique autour des techniques anciennes de gravure, de lithographie et de typographie. Une équipe les aide à faire fonctionner les vieilles presses lithographiques à vapeur de la fin du XIXE siècle. Ils peuvent même imprimer avec des caractères en plomb, comme au temps de Gutenberg. Une exposition consacrée à un artiste contemporain se tient chaque été. Et toute l’année, la Métairie Bruyère accueille plus de 1 500 enfants venus apprendre l’art de la gravure ou de la typo. Parmi eux, peutêtre la future Colette ?