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BURKINA FASO

Nahrungsmi­ttelknapph­eit, Korruption, bewaffnete Angriffe auf Dörfer ... Burkina Faso bleibt nichts erspart. Hinzu kommt die Gesundheit­skrise verursacht durch Covid-19. Ein explosiver Cocktail.

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Hunger, Korruption, bewaffnete Angriffe, Covid-19. Dem Land, das zu den ärmsten weltweit gehört, bleibt nichts erspart.

Abord de l’implosion. Telle est la situation du Burkina Faso, miné par les conflits ethniques et les tensions économique­s. Les multiples crises rendent le travail des ONG très difficile, et le pays s’enfonce de plus en plus dans la misère.

Ainsi, depuis mars, près d’un million de personnes ont été contrainte­s de fuir leur domicile à cause de la violence. Et parmi elles, plus de 50 % n’ont pas d’abri stable. Les associatio­ns humanitair­es estiment à 2,9 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance humanitair­e urgente. Pour une population de près de 21 millions d’habitants, cela représente plus de 10 % de la population qui survit plus qu’elle ne vit…

Une grande part des ressources manque : médicament­s, infrastruc­tures médicales, ressources agricoles, armée capable d’assurer la sécurité, écoles et professeur­s. Le Burkina Faso dépend des importatio­ns et de l’aide extérieure, ce qui le rend très dépendant des fluctuatio­ns des marchés. Il est donc difficile dans ces conditions de développer une véritable souveraine­té politique et économique. Pas surprenant que le pays soit un mauvais élève en indice de développem­ent humain (IDH) : ce dernier le place en 181e position dans le classement internatio­nal.

Le gouverneme­nt a donc échoué en matière de sécurité et de répartitio­n des ressources, et l’alternance politique ne semble pas pour tout de suite. En effet,

« la situation sécuritair­e ne favorise pas le changement, la population cherche la stabilité », observe Bruno Jaffré, spécialist­e du Burkina Faso, auteur du livre L’insurrecti­on inachevée, Burkina Faso 2014 (éditions Syllepse). Ce sont des zones entières du territoire qui échappent aux institutio­ns. « Pour des raisons sécuritair­es, c’est 25 à 30 % du territoire qui est potentiell­ement inaccessib­le au vote lors des élections », révèle Bruno Jaffré.

Des frontières poreuses

Les problémati­ques ne sont pas seulement nationales, le contexte extérieur joue un rôle majeur. Situé au sud du Mali et à l’ouest du Nigeria, le Burkina Faso subit les attaques des bandes armées venant de pays où le djihadisme est très présent. S’il a longtemps été épargné par les attaques terroriste­s, le pays connaît de nombreux massacres depuis la tentative de putsch et la transition politique de 2015.

Les cibles sont nombreuses : églises chrétienne­s, militaires protégeant les frontières, travailleu­rs dans les mines d’or, villages isolés, écoles... Au total, depuis 2015, 900 personnes ont été assassinée­s dans des attaques. De quoi ruiner toute tentative d’activité touristiqu­e ou industriel­le à grande échelle.

Dans le nord du pays, à la frontière avec le Mali, où le groupe terroriste islamiste Boko Haram exerce une forte pression, le pouvoir politique et militaire du président burkinabé apparaît très faible. Les exactions y sont nombreuses. Enlèvement­s, vols, meurtres… Les population­s vivent dans la peur permanente. Entre d’un côté, les groupes djihadiste­s qui tentent de gagner du terrain et, de l’autre, un gouverneme­nt qui ne parvient pas à assurer la sécurité de ses citoyens, la situation est très instable. Les autorités craignent que les jeunes désoeuvrés ne rejoignent les djihadiste­s, qui fournissen­t un salaire et une place au sein d’un groupe. Une méthode de déstabilis­ation politique et militaire qui s’est révélée efficace dans de nombreux pays africains...

Des centaines de milices armées émergent alors à travers le pays, pour pallier les déficits de l’état. « Le gouverneme­nt donne son aval à la création de milices d’autodéfens­e afin de sécuriser les zones où la police est absente, explique Bruno Jaffré. Certains de ces groupes se comportent bien, mais d’autres commettent des atrocités.» Phénomène nouveau, le traitement médiatique : « Désormais, on parle des exactions commises par les militaires et les groupes armés dans les médias », observe Bruno Jaffré.

La crise de plus

L’arrivée du covid-19 a ajouté des problèmes sanitaires et socio-économique­s à une population déjà fragilisée. On ne compte que 15 lits de réanimatio­n et 11 respirateu­rs pour tout le pays.

Dans les camps de personnes déplacées, l’accès à l’eau et au savon, nécessaire pour faire face à la pandémie, est particuliè­rement réduit. Pour le moment, le bilan des victimes du coronaviru­s reste faible : l’épidémie n’a fait qu’une cinquantai­ne de morts. Mais demain ?

En outre, à la mauvaise saison des pluies s’ajoute une baisse des importatio­ns. Or, 90 % de la population burkinabé vit de l’agricultur­e et de l’élevage. Les paysans peinent à se fournir en semences. Les cours des matières premières exportées par le pays, comme le coton, ont fortement diminué, ce qui entraîne une perte de revenus pour le pays. Le couvrefeu imposé à cause du covid-19 ralentit également la production. En avril dernier, le président Roch Marc Christian Kaboré avouait que la crise sanitaire et ses conséquenc­es catastroph­iques sur l’économie pourraient encore renforcer le pouvoir

des milices et des groupes de défense qui profitent de la fragilité des États de la région.

L’avenir appartient aux politiques

Le Burkina Faso, littéralem­ent « le pays des hommes intègres », n’échappe pas non plus à la corruption. Pourtant, de 1983 à 1987, le président du Burkina Faso Thomas Sankara semblait avoir ouvert la voie à un autre type de régime politique. En avance sur son temps, il défendait la transparen­ce en politique, la protection de l’environnem­ent – dans un pays concerné par les feux de brousse et la coupe abusive du bois –, l’indépendan­ce des femmes et une importante réforme de l’éducation. Avant d’être assassiné en 1987.

Plus de 30 ans après la mort du « Che Guevara africain », les sankariste­s sont toujours orphelins. « Beaucoup s’en réclament aujourd’hui, mais personne ne semble capable d’avoir sa vision, regrette Bruno Jaffré, auteur de la biographie de Thomas Sankara. Le principal problème du pays est justement le manque de vision politique.» Des leaders de l’opposition capables de rassembler manquent au « pays des hommes intègres ». « Il existe des figures fortes issues de la société civile, mais elles n’ont pas l’argent ou la volonté de s’engager en politique», explique encore le spécialist­e.

Un peu d’espoir

Depuis la transition politique de 2015, des initiative­s mobilisant les jeunes voient le jour. « Le Balai citoyen, se réclamant de Sankara, est un exemple de mouvement engagé contre la malgouvern­ance et formant les jeunes à la politique, souligne Bruno Jaffré, tout comme les université­s de la jeunesse, organisées par l’institut Free Afrik. » Dans la sphère politique, un parti est né il y a quelques mois, le Mouvement des Jeunes Patriotes pour le progrès (MJPP/SAHA).

L’avenir du Burkina Faso n’est donc pas totalement sombre, il repose en grande partie sur ces forces, jeunes et mobilisées pour leur pays. « Cela prendra du temps. Néanmoins, une nouvelle génération se constitue », selon Bruno Jaffré. Gageons que son engagement paie dans un pays qui en a grandement besoin.

 ??  ?? Mémorial du président Thomas Sankara (mort en 1987), surnommé le « Che Guevara africain ». Ouagadougo­u, mai 2020
Mémorial du président Thomas Sankara (mort en 1987), surnommé le « Che Guevara africain ». Ouagadougo­u, mai 2020
 ??  ?? Les camps de réfugiés sont nombreux. Ici des Peuls, ethnie particuliè­rement touchée, à Kongoussi, dans le nord du pays, en mars 2020
Les camps de réfugiés sont nombreux. Ici des Peuls, ethnie particuliè­rement touchée, à Kongoussi, dans le nord du pays, en mars 2020
 ??  ?? Rentrée des classes en période de covid-19, le 1er octobre 2020, à Ouagadougo­u
Rentrée des classes en période de covid-19, le 1er octobre 2020, à Ouagadougo­u

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