HARMONIA MUNDI
UN LABEL D’EXCELLENCE
60 Jahre und kein bisschen müde. Das renommierte Klassiklabel ist seiner Linie treu geblieben.
Es ist eines der renommiertesten Klassiklabels. Sein Gründer hat immer dafür Sorge getragen, dass sich das Label dank einer originellen Strategie, bestehend aus Kühnheit und Flair, von anderen unterscheidet. Mehr als 60 Jahre nach seiner Entstehung geht das Abenteuer weiter.
Des pochettes raffinées, un catalogue baroque de premier choix, des stars à foison: William Christie, René Jacobs, Philippe Herreweghe, Andreas Scholl, Alexandre Tharaud… Tout amateur de musique classique a forcément un disque Harmonia Mundi dans sa discothèque. Pourtant, peu connaissent l’histoire de ce label de musique indépendant, qui rivalise avec les majors que sont Warner, Deutsche Grammophon et Sony.
Tout commence grâce à Bernard Coutaz. Né en 1922, à Saint-aubansur-l’ouvèze, dans la Drôme, le futur fondateur du label ne se prédestinait pourtant pas à la musique classique: ni son milieu, ni son éducation, ni ses lectures marxistes. Il se destine un temps à la vie religieuse, avant de se lancer dans le journalisme (il entre à Témoignage chrétien). Il signe même des romans sociaux très engagés. L’un d’eux a pour titre Civilisations, je vous hais !.
Un dénicheur de talents
En 1958, le microsillon apparaît. Bernard Coutaz a alors l’idée d’enregistrer des orgues historiques dans toute l’europe et de créer sa propre maison de disque. Harmonia Mundi est née. Mais les revenus sont maigres. « Pendant deux ans, je ne me suis pas versé de salaire », dira l’éditeur musical. Ses collaborateurs sont payés en vinyles! Les premiers succès arrivent lorsque le contre-ténor Alfred Deller rejoint le label. Bernard Coutaz fait ensuite des choix audacieux. La tendance est à la musique romantique ? Harmonia Mundi se lance dans la musique baroque et la création contemporaine. William Christie, Philippe Herreweghe, René Jacobs, les trois stars du baroque, signent chez le petit éditeur musical, qui a quitté Paris pour s’installer à Arles. Bonne pioche: la version de René Jacobs du Stabat Mater de Pergolèse se vendra à 284 000 exemplaires et reste à ce jour le best-seller du label. Côté contemporain, Harmonia Mundi accueille Pierre Boulez, Luciano Berio, John Cage… La maison de disque a aussi du nez pour repérer les jeunes talents : les pianistes Alexandre
Tharaud et Cédric Tiberghien, la violoncelliste Emmanuelle Bertrand. Les artistes apprécient l’atmosphère artisanale, presque familiale du label. Celui-ci se bat pour rester indépendant tout au long des années 1980-1990. Anticonformiste, Bernard Coutaz bâtit son propre réseau pour vendre ses disques. Il crée des filiales à l’étranger et dans les années 1990, il ose un pari fou : ouvrir ses propres boutiques. Du jamais vu ! Le contexte d’alors n’est pourtant pas favorable. Les disquaires indépendants disparaissent les uns après les autres et le rayon « musique classique » se réduit comme peau de chagrin dans les grandes surfaces culturelles comme la Fnac. Qu’importe ! Une cinquantaine de boutiques Harmonia Mundi ouvrent en France et à l’étranger. Et contre toute attente, ça marche, notamment dans les villes moyennes, pas assez grandes pour posséder une Fnac. Autre idée audacieuse : vendre des disques en librairie grâce à des bornes d’écoute. Là encore, l’initiative rencontre un beau succès. Harmonia Mundi innove dans le monde du classique… Hélas en 2010, le fondateur décède. La crise du disque finit par rattraper le label français.
En 2013, une quinzaine de boutiques mettent la clé sous la porte. La filiale espagnole ferme. « Le concept des boutiques n’a pour ainsi dire pas survécu à la mort de leur créateur, Bernard Coutaz. « Il reste encore une boutique généraliste à la Philharmonie de Paris. Et nous sommes encore présents dans les librairies françaises les plus importantes », explique Christian Girardin, l’actuel directeur du label.
Se diversifier pour survivre
Aujourd’hui, Harmonia Mundi doit affronter le recul du CD au profit du tout numérique (téléchargements, achats en ligne). « Les revenus sont en moyenne situés dans un rapport de 20 en digital pour 80 en physique. Dans ces conditions, difficile de financer une Passion selon Saint
Matthieu ou un opéra de Mozart ! Pourtant, notre chiffre d’affaires s’est remarquablement maintenu ces dernières années. En 2020, nous pouvons remercier Beethoven, dont on a fêté les 250 ans de sa naissance ». Beethoven ne sera pas toujours là… Heureusement le label, qui a intégré le groupe [PIAS] en 2015, peut compter sur une « fan-base » très fidèle. « Nous allons jouer la carte de la diversification en termes de supports, de médias et de répertoire, confie le directeur. Ce sont des défis plutôt excitants en réalité ! ».