Une jeune femme incroyable…
Elle est au coeur d’une affaire médiatique et judiciaire qui accapare toute la France (p. 34). Une affaire embarrassante, qui révèle bien des failles de la société française et renvoie tout le monde face à ses contradictions. Et à ses hypocrisies. Depuis, sa vie est un enfer. Mais Mila, c’est Mila. Une jeune femme incroyable. Elle assume. Et ne se plaint pas.
Le 18 janvier 2020, la jeune fille – elle a alors 16 ans – publie sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle elle critique l’islam. Les réactions sont immédiates : pluie d’insultes et de menaces, appels au viol et au meurtre. L’adresse de l’établissement où elle est scolarisée est divulguée sur les réseaux sociaux. Mila doit quitter son lycée, alors que certains de ses agresseurs y sont toujours. Lâchage de l’éducation nationale.
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, intervient aussitôt pour déclarer que l’insulte à la religion est une atteinte à la liberté de conscience… alors que le droit de blasphème existe en France depuis 1881. Lâchage de la ministre qui, après un tollé, reviendra sur ses propos. Depuis, Mila vit dans un lieu tenu secret, sous protection policière. Les mouvements féministes et les associations lesbiennes ne l’ont pas soutenue. Ou du bout des lèvres seulement. Encore lâchage.
Mais Mila, c’est Mila. Bien que lâchée par beaucoup, elle a réitéré avec une nouvelle vidéo en novembre 2020. Car elle assume, mais nuance. Mila ne veut pas blesser les musulmans, mais elle n’aime pas l’islam. Mila est féministe, mais refuse la haine des hommes. Féministe donc, mais pas anti-hommes. Lesbienne mais pas anticisgenres. Révoltée mais pas anti-flics. Harcelée mais sans haine. Reclue mais pas abattue : « Je dois dire que ma génération est quand même une bande de pleurnichards et de petites chochottes.» Et pleine d’humour: «Le Covid a presque été une source de réconfort, car tout le monde est dans le même bateau que moi.»
Mila, c’est Mila.