LACTALIS
Produkte der Firma Lactalis finden sich in beinahe allen Kühlschränken. An diesem Lebensmittelkonzern, weltweit die Nummer 1 für Molkereiprodukte, kommt man kaum vorbei. Aber in Frankreich macht Lactalis wegen zahlreicher Verstöße und wiederholter Skandal
Lactalis, der weltweit größte Konzern für Molkereiprodukte, kommt nicht aus den Schlagzeilen.
L’histoire commence bien. Au début des années 1930, à Laval (région Pays de la Loire), André Besnier collecte quelques dizaines de litres de lait dans les fermes de la campagne pour fabriquer des camemberts. Il baptise ses fromages Le Petit Lavallois. L’homme a le sens des affaires. Dix ans plus tard, la modeste fromagerie est devenue la Société laitière de Laval A. Besnier & Cie. Celle-ci emploie 25 personnes et collecte jusqu’à 10 000 litres de lait. À partir des années 1950, l’entreprise vend aussi du beurre, de la crème fraîche et du lait en bouteille.
À la mort d’andré Besnier, son fils Michel prend la succession. Durant les années 1960, il lance la marque de camembert Président ainsi que le lait vendu au format brique. Les deux produits vont connaître un énorme succès. À partir des années 1970, la société Besnier rachète un à un tous ses concurrents jusqu’à devenir le numéro un du lait en France. L’entreprise se renomme Groupe Lactalis et poursuit son expansion au cours des années 2000. Désormais leader mondial des produits laitiers, Lactalis, ce sont aujourd’hui 75 000 employés dans 43 pays, et des produits vendus dans 160 pays, pour un chiffre d’affaires de 17,3 milliards d’euros – dont 60 % en Europe. Mais derrière cette réussite économique se cache une réalité moins glorieuse.
Un groupe hors-la-loi
Impossible de raconter tous les scandales liés à Lactalis tant la liste est longue. On peut quand même en évoquer quelquesuns. À la fin des années 1990, l’entreprise est condamnée pour avoir fait vieillir de l’emmental sous film plastique et pour avoir fabriqué du comté avec du lait qui ne provenait pas de l’est de la France – deux pratiques interdites. À cette époque, Lactalis est accusé de « mouiller » son lait, c’est-à-dire d’y ajouter de l’eau afin de faire des économies.
Durant les années 2000, du lait stérilisé UHT est vendu en le faisant passer pour du lait frais pasteurisé, permettant ainsi de le vendre plus cher. Au cours des années 2010, le groupe reçoit plusieurs amendes pour avoir signé avec ses concurrents des accords secrets sur les prix des produits laitiers. Les éleveurs laitiers français reprochent régulièrement au géant de l’agroalimentaire de leur acheter le lait à des prix trop bas. On ne sait rien des chiffres exacts de Lactalis. Le groupe ne publie pas ses comptes annuels alors que c’est obligatoire par la
loi, préférant payer simplement une amende de 1 500 euros. À cette longue liste, on peut ajouter l’évasion fiscale pour payer moins d’impôts en France.
Le scandale de trop ?
En 2017, 38 bébés tombent malades à cause de la poudre de lait fabriquée par une usine Lactalis. Le groupe assure que cette contamination n’est qu’un accident lié à des travaux de rénovation. Mais l’enquête montre que l’usine était en « mauvais état ». Le nettoyage n’était pas réalisé dans des conditions d’hygiène suffisantes, ce qui a entraîné la contamination de la poudre de lait. Emmanuel Besnier, fils de Michel Besnier et actuel dirigeant de Lactalis, est convoqué par une commission d’enquête parlementaire pour s’expliquer. « Il ne s’agit pas d’une fraude. À aucun moment nous n’étions au courant de la présence de salmonelle – bactérie responsable de l’intoxication – dans nos produits », jure-t-il. Toutefois, dans une enquête réalisée en 2020 par le média Disclose, un ancien responsable de cette usine déclare, sous couvert d’anonymat, qu’il avait pour consigne de « mélanger des produits propres avec des produits pas très clean » afin de ne pas perdre un centime d’euro. L’affaire est aujourd’hui entre les mains de la justice. Un procès doit avoir lieu en 2022 ou 2023. Celui-ci s’annonce compliqué, car des preuves contre le groupe Lactalis ont mystérieusement disparu…
Une relative impunité
Comment une entreprise si grosse peut-elle enchaîner autant de scandales ? Quentin Guillemain est père d’une petite fille qui a consommé du lait en poudre Lactalis. Il a créé l’association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles, et écrit un livre, L’omerta alimentaire (éditions Kiwi), dont les bénéfices sont reversés à l’association. Son explication : « Quand vous pesez des milliards de chiffres d’affaires et des milliers d’emplois, vous bénéficiez d’une relative impunité de la part des pouvoirs publics.» Ensuite, le géant laitier pratique un important lobbying pour défendre ses intérêts. « Nous savons à quel point Lactalis est bien introduit dans le système national, européen et international d’influence des entreprises de l’agroalimentaire. La preuve : nous entendons aujourd’hui un député, pourtant président de la commission d’enquête
sur Lactalis après le scandale, nous dire que Lactalis a bien changé en s’appuyant sur les visites que lui rend désormais Emmanuel Besnier, le propriétaire de l’entreprise. »
Un système à revoir
« En France, le système de sécurité sanitaire est l’un des plus performants au monde. Il s’appuie sur deux piliers : les contrôles par les agents de l’état et les autocontrôles menés par les entreprises agroalimentaires », affirme le ministère de l’agriculture et de l’alimentation. Or, ce système est défaillant. L’autocontrôle ne fonctionne pas, puisque Lactalis est aussi accusé de polluer l’environnement en rejetant ses déchets dans les rivières. Selon le média Disclose, 38 usines Lactalis « ont été ou sont toujours en violation du code de l’environnement. Soit plus de la moitié des 60 établissements recensés et analysés dans le cadre de cette enquête. » De plus, la commission d’enquête parlementaire pointe du doigt l’indépendance des contrôleurs payés par Lactalis : « Quand un laboratoire a 90 % de son chiffre d’affaires qui est lié à une seule entreprise », comme c’était le cas dans l’affaire du lait en poudre contaminé, « ça peut poser un problème. » Enfin, cette fameuse sécurité sanitaire relève en France de trois ministères : la Santé, l’économie et l’agriculture. Les membres de la commission d’enquête dénoncent un manque d’efficacité et même une « guerre des polices » entre ministères.
Nous, petits consommateurs, pouvons agir. Comment ? En boycottant les produits Lactalis, conseille Quentin Guillemain : « Nous avons le pouvoir de choisir les marques, les produits qui nous semblent plus respectueux des règles sanitaires ou environnementales. Consommons les produits moins industrialisés, plus artisanaux. Devenons « consommacteurs » !