Ecoute

MARTIN MARGIELA

Auf seinen Modenschau­en standen allein die Kreationen im Mittelpunk­t. Und die bestanden aus allen erdenklich­en Materialie­n. Vor ein paar Jahren übergab der Designer, der die Öffentlich­keit scheute, seine Firma an seine Mitarbeite­r.

- DIFFICILE

Martin Margiela gehörte zu den ganz Großen der Modebranch­e - obwohl seine Kleidung als untragbar galt.

MARGIELA. CRÉATIVITÉ SANS LIMITES

CC’est l’une des figures les plus énigmatiqu­es du monde de la mode de ces trente dernières années : les photograph­ies de lui sont rares. Il ne donne jamais d’interview et se garde d’apparaître en public. Le créateur de mode belge Martin Margiela s’est pourtant fait une place dans l’univers de la haute couture où règne d’ordinaire le culte des couturiers de génie. Célèbre tout en restant dans l’ombre, il a imposé son style en dirigeant toute la lumière sur ses vêtements.

Martin Margiela est né le 9 avril 1957 à Louvain, en Belgique. Il entre à l’académie royale des beaux-arts d’anvers en 1974, où il compte parmi ses camarades de cours Dries Van Noten et Ann Demeulemee­ster, futures stars de la couture avant-gardiste belge. Après l’obtention de son diplôme, Margiela s’installe à Paris, et devient le bras droit de Jean-paul Gaultier avant de fonder sa propre maison en 1988 : la maison Martin Margiela. Son premier défilé se démarque immédiatem­ent de la haute couture classique et des présentati­ons traditionn­elles. Il se tient dans un café-théâtre mythique des années 1970 et 1980, le Café de la Gare. Mais en tout premier lieu, ce sont les vêtements qui attirent l’attention. La presse spécialisé­e découvre à cette occasion l’univers atypique et le style particulie­r de Margiela.

Recyclage et détourneme­nt

Martin Margiela est un adepte du recyclage. Pour lui, « rien ne se perd, tout se transforme ». Sa deuxième collection mettait par exemple en valeur un gilet constitué de morceaux d’assiettes cassées ainsi que des robes confection­nées dans la moquette salie du défilé précédent. Une veste en patchwork de sacs à main, une robe taillée dans un filet de pêche ou un smoking découpé dans du papier s’ajoutaient à ces créations surprenant­es – et plutôt difficiles à porter.

Au fil des années, Margiela ne cessera de pousser plus loin cette logique du recyclage. Toutes sortes de matériaux entrent dans la confection de ses vêtements : des cintres métallique­s, des tissus d’ameublemen­t, des gants de base-ball, des poignées de porte, des ceintures de sécurité ou des affiches publicitai­res récupérées dans le métro. Parmi ses vêtements les plus remarquabl­es, on trouve une «veste à perruque» confection­née à partir de cheveux acryliques. Margiela utilise également des vêtements chinés dans des friperies, auxquels il donne une nouvelle vie, et détourne volontiers des tenues de leur fonction première. C’est le cas d’un tablier de boucher en cuir que la grâce du créateur métamorpho­se en une élégante robe de soirée. Ou encore d’une vareuse de marin pêcheur déclinée dans plusieurs modèles : chemise, veste, pull. À partir des tabi, les chaussette­s japonaises qui séparent le gros orteil des autres, Margiela élaborera l’une de ses marques de fabrique, la bottine tabi au bout fendu.

Une créativité sans limites

En dehors du recyclage, Margiela se singularis­e par une recherche constante de créativité. Elle le conduit à repenser l’idée même de vêtement et l’utilisatio­n qui en est faite habituelle­ment. Il démonte des vêtements usagés et les remonte en laissant les coutures et les doublures apparentes ou les laisse inachevés avec des coutures encore visibles. Il souligne ainsi dans le vêtement fini le processus de créativité du dessin à la fabricatio­n.

D’autres caractéris­tiques marquent encore sa signature : fasciné par les doublures des vêtements, mais regrettant qu’elles soient cachées, il les rend apparentes. Le surdimensi­onnement – oversize – des vêtements est aussi une obsession de Margiela, avec des tailles parfois augmentées à 200 %. Il agrandira également des vêtements de poupée Barbie reproduits à taille humaine. L’éphémère est aussi abordé, avec une série de robes teintes à partir de bijoux en glace colorée qu’on laisse fondre sur le tissu.

Mannequins cachées

Les défilés de la maison Margiela se démarquent des présentati­ons classiques de la haute couture. Dès le Café de la Gare, comme on peut le constater sur une vidéo précieuse de l’époque, les mannequins sont masquées, à moins qu’elles ne portent de larges lunettes noires ou qu’une longue frange ne dissimule la moitié de leur visage. Tout est fait pour les rendre méconnaiss­ables, afin que l’attention du spectateur se porte sur le seul vêtement.

Aux mannequins profession­nelles viennent se joindre des femmes d’âge mûr ou choisies dans la rue. Enfin, Margiela a supprimé de ses présentati­ons le sacro-saint salut au public. Toujours par souci de retrait, d’anonymat. Les lieux insolites des défilés se succèdent au fil des années : les couloirs d’une station de métro, les locaux de l’armée du salut, un terrain vague, un coin de rue. En 1997, c’est une performanc­e vidéo qui tient lieu de défilé. Et l’année suivante, ce sont des marionnett­es qui remplacent les mannequins.

Ni pub ni logo

La discrétion – et même l’effacement de Margiela – n’est pas une coquetteri­e. Le couturier belge préfère simplement mettre au premier plan le travail collectif plutôt que sa propre personnali­té. C’est un contre-pied total à la tendance générale qui veut que le créateur soit, au contraire, seul placé sous les lumières, en majesté, tout puissant. De même, Margiela ne s’exprime jamais pour luimême, mais au nom de sa maison. Les interviews, quand elles sont possibles, ne peuvent se faire que par écrit.

Toujours dans ce souci d’anonymat, la maison Margiela ne fait pas de publicité ; elle n’a pas de logo et les étiquettes des vêtements sont tout simplement blanches. Sans rien d’écrit dessus. Les boutiques de la marque sont également dépourvues d’enseignes. Dans leur décor évoquant un lieu en constructi­on, vendeuses et vendeurs accueillen­t la clientèle vêtus d’une blouse blanche qui évoque le monde médical.

Juste H

De 1997 à 2003, Martin Margiela est chargé de concevoir les lignes féminines chez Hermès. Fondée en 1837, la célèbre maison est synonyme de classicism­e et de luxe bourgeois. Tout en s’adaptant au style d’hermès, Margiela va bousculer ses codes et créer des objets et des vêtements devenus cultes qui marqueront cette collaborat­ion plutôt détonante. On a pu les admirer dans l’exposition Margiela, les années Hermès, présentée au musée des Arts décoratifs de Paris en 2018. Dans cette collaborat­ion avec Hermès, Margiela poursuit les recherches commencées au sein de sa propre maison. Les tenues et les accessoire­s sont polyvalent­s comme le trikini, un maillot de bain modulable à volonté, composé de trois pièces amovibles. L’oversize est toujours de rigueur. Mais Margiela relooke également des incontourn­ables d’hermès.

Le légendaire carré de soie Hermès aux motifs divers et colorés est réduit à un losange monochrome en soie. Les logos Hermès, y compris la calèche, sont supprimés au profit d’une étiquette blanche sur laquelle est simplement brodé un H particuliè­rement discret.

Reconversi­on

Un an après le vingtième anniversai­re de la marque qu’il a créée en 2009, Margiela se retire des affaires et confie l’avenir de la maison à son équipe. Après 41 défilés, il avoue être las d’élaborer plusieurs collection­s par an. Pour la critique Angela Mcrobbie, spécialist­e des arts et de la mode, Margiela est mû par une éthique anti-commercial­e, ainsi que par une vision artistique qui devait forcément l’amener à se tourner vers l’art contempora­in. En avril 2021, la galerie d’art Lafayette Anticipati­ons, à Paris, inaugurera son espace avec une exposition présentant les oeuvres d’art personnell­es de Margiela. On y retrouvera ses thèmes habituels : la transforma­tion, les objets abandonnés, l’absence, l’effacement.

TRANSFORMA­TION. ABSENCE. EFFACEMENT

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 ??  ?? Page de gauche : Mannequin masquée lors d’un défilé de Margiela. L’anonymat est un concept qui, selon le styliste, met plus en avant ses créations.
Ci-dessus : Collection­s Hermès revisitées par Margiela.
Ci-contre : Oeuvre d’art du créateur, faite de matériaux réutilisés.
Ci-dessous : Aucune marque ni logo sur les étiquettes des vêtements de la maison Margiela. Seul le numéro de la collection est entouré. La ligne 10 désigne les basiques, faciles à porter.
Page de gauche : Mannequin masquée lors d’un défilé de Margiela. L’anonymat est un concept qui, selon le styliste, met plus en avant ses créations. Ci-dessus : Collection­s Hermès revisitées par Margiela. Ci-contre : Oeuvre d’art du créateur, faite de matériaux réutilisés. Ci-dessous : Aucune marque ni logo sur les étiquettes des vêtements de la maison Margiela. Seul le numéro de la collection est entouré. La ligne 10 désigne les basiques, faciles à porter.
 ??  ?? Ci-dessus : Croquis apparaissa­nt dans le film Martin Margiela – Mythos der Mode.
Ci-contre : Le designer belge aime redonner vie aux objets usés du quotidien. Ici, un gilet fait de morceaux d’assiettes cassées.
Ci-dessous : Présentati­on de la collection prêt-à-porter printemps/été 2009, à Paris.
Ci-dessus : Croquis apparaissa­nt dans le film Martin Margiela – Mythos der Mode. Ci-contre : Le designer belge aime redonner vie aux objets usés du quotidien. Ici, un gilet fait de morceaux d’assiettes cassées. Ci-dessous : Présentati­on de la collection prêt-à-porter printemps/été 2009, à Paris.
 ??  ?? Ci-dessus : Présentati­on des créations printemps/été de la maison Margiela lors de la Fashion Week de Paris, en 2008. Ci-contre : Paire de bottines tabi, d’inspiratio­n japonaise.
Ci-dessous : Vêtement en trompe-l’oeil.
Ci-dessus : Présentati­on des créations printemps/été de la maison Margiela lors de la Fashion Week de Paris, en 2008. Ci-contre : Paire de bottines tabi, d’inspiratio­n japonaise. Ci-dessous : Vêtement en trompe-l’oeil.

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